RMC Sport

Rachat de l'OM: Qui est Mohamed Ayachi Ajroudi, le Franco-Tunisien qui serait à la tête du projet avec Boudjellal?

Le nom de Mohamed Ayachi Ajroudi est associé ces dernières heures à Mourad Boudjellal et donc à l’OM dans la possible aventure du rachat. Focus sur ce puissant homme d’affaire franco-tunisien.

"Un homme d'affaire franco-tunisien". Voilà comment Mourad Boudjellal a qualifié celui avec qui il a projet de rebâtir l’Olympique de Marseille, sans cité son nom. Selon les informations de l’AFP, ce mystérieux investisseur serait Mohamed Ayachi Ajroudi, un ancien ingénieur aujourd’hui homme d’affaire engagé et influent.

Inventeur, entrepreneur puis homme d’affaire

En 1977, Mohamed Ayachi Ajroudi rejoint le Pas-de-Calais et l’entreprise ISEE (spécialisée dans les travaux pétroliers et maritimes) qu’il rachète seulement trois ans plus tard. Le début d’une longue carrière d’entrepreneur. Car il reste dans le domaine en créant ensuite sa première entreprise AMIS (Artois Maintenance Industries Services) qu’il fait vivre jusqu’en 1989. Dans les années 1980, Ajroudi fait aussi parler sa créativité par ses inventions. Il créé, entre autres, Sportvert, une machine réalisant un terrain de football en une semaine, Portube II, un système d’irrigation souterraine, ou bien un tunnelier pour la société Perforex.

Ajroudi va ensuite fonder plusieurs entreprises basées en France, Tunisie, ou en Arabie Saoudite. Pour étendre son empire, il signe plusieurs partenariats (Suez par exemple), le plus fameux étant celui avec le groupe CNIM (Constructions navales et industrielles de la Méditerranée) qui intervient au service de collectivités dans plusieurs secteurs (environnemental, énergie, défense, hautes technologies). En 2010, il créé une société-mixte, ONAS International (Office National de l’Assainissement), fournissant des expertises et études à des entreprises des pays du Golfe dans le domaine de l’environnement. Un empire qui deviendra ensuite autant politique qu’économique.

Une influence devenue politique

Sur son site officiel, il est indiqué que le puissant homme d’affaire ‘conseille et rencontre les grands de ce monde’, en citant John Kerry (ancien secrétaire d'Etat des Etats-Unis) et Emmanuel Macron. Ce n’est d’ailleurs pas la seule fois qu’il s’affiche aux côtés d’un chef d’Etat français. Deux ans plus tôt, il posait aux côtés de François Hollande (3 novembre 2016). Un cliché parmi tant d’autres publiés sur sa page Facebook, où l’on perçoit une amitié avec l’ancien ministre de la culture Jack Lang. Leur dernière rencontre remonte à quelques jours seulement lors de la venue du franco-tunisien à Paris. Les deux hommes étaient visiblement en visite à l’Institut du monde arabe en début de semaine, accompagnés par l’ambassadeur de France en Tunisie. Un passage dans la capitale où il aurait profité pour discuter avec Mourad Boudjellal sur le projet marseillais?

Politiquement, l’homme d’affaire s’engage pour son pays natal, la Tunisie. En 2013, Ajroudi fonde un parti politique, ‘Le Mouvement du Tunisien pour la liberté et la dignité’ qu’il quittera moins d’un an plus tard, abandonnant sa candidature pour les législatives et justifiant que ses motivations ‘ne sont pas du tout mercantilistes’. Il œuvre également pour la paix en Libye aux travers plusieurs actions humanitaires et diplomatiques. Il s’engage également dans des combats écologiques. Par exemple, il a participé à la COP 21 en 2015 en tant que ‘grand décideur’. Il a également investi à la fin des années 1980 dans l’association R20 fondée par Arnold Schwarzenegger.

Deux fois accusé, toujours acquitté

Mais la longue carrière d’Ajroudi n’est évidemment pas faite que de succès. En 2004, il tente de créer un rapprochement avec la multinationale Veolia mais les discussions sont houleuses. Plusieurs désaccords naissent notamment sur la part des actions à partager ou sur de fausses accusations qu’il aurait proférées. Après avoir été agressé sa suite de l’hôtel George-V, Ajroudi est accusé d’escroquerie et abus de confiance, une plainte finalement classée sans suite venue conclure un partenariat mort dans l’œuf. Plus récemment, il a également été condamné en 2018 à un an de prison pour détention d’une arme (un pistolet) et falsification de contrat au sein de la chaîne Al Janoubia (dont il est le propriétaire) dans un litige qui l’opposait au fondateur de la chaîne Farhat Jouini, avant d’être acquitté en 2019.

Et le sport dans tout cela ? Au-delà de son invention Sportvert, Ajroudi est président du club de football tunisien, le Stade nabeulien, depuis 2017 et a également dirigé un club de handball, l’AS Hammamet, entre 2016 et 2017. Dans une de ses rares interventions médiatiques, Ajroudi se qualifie comme ‘un industriel’ et fait une confidence qui semble plus que jamais d’actualité. ‘Je suis un bâtisseur. Mon plus grand plaisir, c’est quand je démarre un chantier’. Celui de l’OM s’annonce gigantesque.

Jules Aublanc