
La L1 doit-elle devenir une ligue fermée ?

Romain Hamouma - AFP
Initialement mis en place pour la saison 2015-16 mais gelé par la FFF jusqu’à la saison suivante, le principe de « deux descentes et deux montées » cachent selon ses détracteurs la mise en place à terme d’une ligue fermée. Autrement dit, une L1 type NBA, qui ferait la part belle aux « gros » au détriment des « petits » et de l’équité sportive. Le débat est ouvert :
Attractivité, investisseurs : Caïazzo et les clubs veut une Ligue fermée
Pour les clubs de Ligue 1, il n’y a plus l’ombre d’un doute : « le football professionnel doit être géré par des clubs professionnels ». Invité de l’émission « Carrément Brunet » sur RMC, Bernard Caïazzo a été très claire. La concurrence internationale et européenne à laquelle la Ligue 1 est soumise, oblige les clubs professionnels à militer pour une ligue fermée.
Le président de l’AS Saint-Etienne s’explique : « l’Olympique Lyonnais paye chaque année plus de charges patronales pour ses joueurs que les 38 clubs allemands et espagnols réunis ! ». Il existe donc une nécessité pour les clubs professionnels de s’autogérer. Pour Virgile Caillet, délégué général chez FIFAS (Fédération Française des Industries Sport & Loisirs), la création d’une ligue fermée permettrait aux clubs de Ligue 1 de « réduire les risques industriels et d’inciter les investisseurs s’intéresser à la Ligue 1 ».
Une Ligue fermée pour davantage de spectacle
Une ligue fermée renforcerait donc l’attractivité du championnat de France selon ses présidents, et permettrait indirectement d’attirer les investisseurs. Cette idée de Ligue fermée, c’est l’idée anglaise. Outre-Manche, la Premier League appartient à une société privée. Pour Pascal Perri, économiste et consultant pour RMC Sport, la Ligue 1 doit devenir « une ligue à part, gérée par une société de droit privé », afin d’optimiser le « spectacle ».
Une idée partagée par Virgile Caillet qui rappelle que le football professionnel est aujourd’hui un « spectacle sportif ». Alors que les droits TV explosent en Angleterre et permettent aux clubs de Premier League de dominer économiquement le football européen, la mise en place d’une ligue fermée apparait comme une nécessité pour les clubs de Ligue 1, afin de pouvoir devenir plus compétitif sur le plan sportif.
Un fossé impossible à combler ?
Pour les clubs de Ligue 2, la création d’une ligue fermée rendrait plus difficile l’accès à l’élite. Timothée Maymon, journaliste sportif, a exprimé ses inquiétudes sur RMC. « Toute équipe qui, sportivement, se montre à la hauteur d’aller en Ligue 1, a le droit d’y défendre ses chances ». Pour Maymon, on ne peut pas « transposer la culture anglaise et la culture française ». Une ligue fermée pour remplacer l’actuelle Ligue 1 creuserait un peu plus le fossé entre l’élite et la seconde division. Un sentiment partagé par Claude Michy, le président du Clermont Foot : « La ligue 2 est en manque d'attractivité».
Marketing et recettes en péril ? Pour Mohamed Bouhafsi, journaliste RMC Sport, certains clubs ne « prêchent que pour leur paroisse ». Certains clubs de seconde division seraient en effet bien heureux de rejoindre l’élite l’an prochain, avant la mise ne place du système de « deux montées deux descentes ». A contrario, les clubs fraichement promus en Ligue 1 verraient d’un bon œil la mise en place d’une ligue fermée dès cette année. Pour la Ligue 2, si l’écart avec les clubs de Ligue 1 se creuse encore un peu plus, cela pourrait accentuer un manque en marketing déjà visible. « La France connait une perte de recettes avec de grands investisseurs comme Orange, qui est passé au rugby » confirme Claude Michy.
L'Angleterre pour modèle
Outre-Manche, le football est un spectacle qui se vend très cher. Avec des droits TV vendus environ 7 milliards d’euros pour trois ans, la Premier League règne sur le football européen. Le salaire moyen d’un joueur en Angleterre s’élève à plus de 200 000 euros par mois. Le championnat anglais est géré par une société commerciale. Et c’est exactement ce que veulent les clubs de Ligues 1.
Le but est également de limiter les montées et descentes. Certains présidents, comme Jean- Michel Aulas, militent pour limiter le nombre de descentes. Le président lyonnais aimerait voir la mise en place d’une montée pour une descente, et de deux matches de barrages. Un modèle calqué sur les divisions inférieures anglaises. Un système qui protège les clubs de l’élite, mais pas leur compétitivité selon le président du Clermont Foot, Claude Michy, qui rappelle que la Premier League est peut-être plus riche, mais qu’aucun club anglais n’était au rendez-vous des quarts de finale de la Ligue des champions et de l’Europa League.
Des affluences garanties
Un raisonnement que Pascal Perri ne partage pas. Pour défendre l’idée d’une Ligue fermée, l’économiste de RMC Sport n’a pas hésité à opposer au président clermontois les affluences de deuxième division anglaises à celles de la Ligue 2. Près de 19 000 spectateurs en moyenne à Sheffield United, 24 000 à Cardiff… pour 2 500 à Clermont. Une Ligue 1 gérée par une société commerciale privée, à laquelle l’accession serait limité, voir disputé par des matches de barrages, voici peut-être l’avenir du football français. Une volonté affichée pour les clubs de l’élite quoi souhaitent attirer de nouveaux investisseurs, pour être en mesure de lutter de nouveau sur la scène européenne.