
L’indispensable Monsieur Brandao

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« "Merde, il est où Brandao ?" Voilà ce qu’on se dit lorsqu’il n’est pas là. » Eric Gerets est accroc. A Marseille, la "Brandao addiction" s’est propagée à une vitesse aussi fulgurante qu’inattendue. Une dépendance telle que l’ancien joueur du Shakhtar Donetsk apparaît aujourd’hui comme l’homme clé de l’OM dans la course au titre. « Sans lui, on aura du mal », avoue José Anigo, le directeur sportif marseillais. Accueilli par des quolibets à son arrivée, ce beau bébé (1,89m, 78kg) de 28 ans a su faire taire les persifleurs. « Ça m’a énervé, souffle José Anigo. On aurait peut-être dû attendre qu’il soit prêt physiquement. Pour lui, c’était difficile. »
Son succès ne doit pourtant rien au hasard. Le joueur est suivi depuis deux ans par l’OM. Cet hiver, lorsqu’Eric Gerets réclame un joueur costaud capable de garder le ballon, le nom de Brandao s’impose comme une évidence : « On était sûr de notre coup, assure José Anigo. Le problème, c’est que personne ne le connaissait. » « On savait d’après nos rapports que ce garçon était un combattant, ajoute Albert Emon, membre de la cellule de recrutement. Le seul point d’interrogation était son temps d’adaptation. Aujourd’hui, Brandao a stabilisé le jeu marseillais. »
De la samba au combat, il n’y a qu’un tout petit pas que Brandao franchit aisément : « Sur le terrain, je suis un guerrier », répète-t-il aux journalistes, curieux d’en connaître un peu plus sur ce mystérieux Mister Brandao. Un guerrier donc. Un mort de faim prêt à se dévouer corps et âme à son équipe. Et très vite, un buteur… Le déclic a lieu à Caen (0-1) début mars. « Il a été bon et a inscrit un but plein de sang froid, se souvient Anigo. C’est un tournant pour lui mais aussi pour l’OM. » Depuis, il n’y a que Valenciennes (0-0) qui a résisté à ses talents de buteur. « A Lorient (1-2), je ne l’ai pas trouvé sensationnel, mais il marque un "goal" extrêmement important, juge Gerets. Il commence à être décisif (5 buts depuis le début de saison, ndlr). Il est tellement travailleur qu’il n’avait pas les caractéristiques du tueur. Il est en passe d’avoir les deux. »
Le Belge a conscience d’avoir récupéré le chaînon manquant de son équipe. Il l’a malheureusement constaté en Coupe UEFA où l’absence de son Brésilien qui n’était pas qualifié s’est fait durement ressentir dans le jeu. « Il nous fait énormément de bien car devant, il ne lâche rien », appuie Hilton. Démonstration dimanche dernier à Lorient. Benjamin Genton, défenseur central des Merlus : « Brandao, c’est un bison. Il est très généreux dans le travail défensif. Il harcèle constamment les défenseurs centraux. Pour nous c’est emmerdant car cela nous empêche de relancer proprement. » « C’est vrai, reconnaît Charles Kaboré, il est très utile. Il défend dès qu’il perd le ballon. Il empêche les défenseurs de bien sortir le ballon. Il ralentit le jeu de l’adversaire. »
« Avec cet état d’esprit, il est en train d’entrer dans le cœur des supporters marseillais, remarque Sonny Anderson, ancienne idole du stade Vélodrome. Il mouillera son maillot jusqu’à la fin de la saison. » Un signe qui ne trompe pas : après l’avoir surnommé "Brandade" à son arrivée, les supporters marseillais l’appellent désormais "Marlon Brandao" !