
Karim Benzema refleurit au printemps

Karim Benzema restera à Lyon l'an prochain - -
« Après l’importante victoire au Mans (1-3), j’ai vu Karim mettre de l’ambiance dans le vestiaire. Son regard envers ses coéquipiers était tout à fait significatif de ce qu’il sait faire : être un grand joueur mais aussi avoir des qualités humaines que certains ont peut être oubliés un peu vite. » Jean-Michel Aulas n’est pas le seul à se réjouir du sourire retrouvé de son buteur. Karim Benzema, lui-même, ne cachait pas son bonheur après son doublé réussi dans la Sarthe : « Sans joie, on n’arrive pas à faire la différence », affirmait-il au micro de Canal+ après la rencontre. Sur la pelouse du stade Léon-Bollée, l’attaquant des Gones a chassé ses démons et mis fin à une période de 523 minutes sans but. La pire période de sa jeune carrière. Six matches sans « joie ». Huit, si l’on ajoute l’équipe de France. « J’ai eu une mauvaise phase, j’espère qu’elle est passée », souffle le joueur. Très proche de Benzema, Bernard Lacombe, le conseiller de Jean-Michel Aulas, est un témoin privilégié de sa courte traversée du désert : « Quand il était en pleine réussite, je lui disais : « En face d’un gardien, le but, c’est la Place Bellecour ! » Mais parfois, le but devient une cage de handball. Lorsqu’on a cette sensation, ce n’est pas bon. Et puis, d’un seul coup, tout revient. On fait le geste qu’il faut au bon moment. Le grand joueur sait que ça va revenir. »
Remplaçant à deux reprises avec les Bleus face à la Lituanie, Benzema a eu le déclic à Clairefontaine. La veille du match au Stade de France (1-0), Raymond Domenech organise une opposition. Face aux titulaires, Karim est intenable et fait trembler les filets. « Le lendemain, en vingt minutes, il a montré tout ce qu’on attendait de lui », note Lacombe. Son retour en forme tombe à pic : « On sait qu’on peut compter sur un grand joueur. Ça nous motive tous pour aller chercher ce titre », affirme carrément Ederson. « On a besoin de lui, ajoute Hugo Lloris. Quand il marque, l’équipe va souvent très bien. » Cette Benzema-dépendance, ses équipiers l’assument bien volontiers, mais refusent de mettre la pression sur un buteur qui a déjà marqué 14 buts en Ligue 1. « En fait, on a eu tort de parler de crise, soutient Ederson. Karim est resté le même. Il a toujours tenté des gestes à l’entraînement et en match. Mais on ne peut pas marquer tout le temps. » « Karim a traversée cette période avec dignité, poursuit Jean-Michel Aulas. Il n’a rien laissé paraître alors qu’il a probablement vécu des moments difficiles. »Cette saison, Benzema s’est montré moins efficace devant le but. Il a été handicapé par une douleur à la hanche et peu avantagé par les consignes très strictes de Claude Puel. Plus grave, il a raté son rendez-vous médiatique face au Barça en Ligue des champions.
Son cas forcément a fait jaser. Si le joueur n’est pas du genre à s’apitoyer, une question s’impose : A seulement 21 ans, la pression sur ses épaules n’était-elle pas trop forte ? « Tout son jeu est décortiqué, regrette presque Bernard Lacombe. Quand il oublie de faire une passe à Makoun contre Barcelone, on en a fait des émissions de radio ou de télé pendant trois jours ! Il a découvert l’autre côté des choses. »Il s’est alors retranché auprès de sa famille dont il est très proche. Il a également sollicité les conseils de son entourage : « Les veilles de match, on aime bien se promener tous les deux sur la pelouse de Gerland, raconte Bernard Lacombe. Durant cette période noire, on a beaucoup discuté. Je n’ai jamais cessé de lui répéter : « Karim, on ne sera pas champion sans un grand Benzema. Tu dois finir avec vingt buts. Tu en as inscrit quatorze, il reste huit matches, tu sais ce qu’il te reste à faire. Et tant pis si tu n’es pas très bon. Du moment que tu es adroit… »