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Fourneyron : « Pas de discussion autour de la taxe »

Valérie Fourneyron

Valérie Fourneyron - -

La ministre des Sports, Valérie Fourneyron, déplore la volonté des clubs professionnels de faire grève pour s’opposer à la taxe à 75 %. Et comme François Hollande, elle refuse l’idée d’une exonération pour le football français.

Madame la ministre, comment réagissez-vous au désir des clubs de football professionnel de faire grève, pour afficher leur désaccord avec la taxe à 75 %?

Je déplore la réaction des clubs de football professionnel d’appeler à la grève au moment où le président de la République leur propose une réunion. Je crois que la taxe exceptionnelle de solidarité sur les hauts revenus s’applique à l’ensemble des entreprises qui ont des salariés, avec des salaires supérieurs à 1 million d’euros. L’équité en matière d’impôt, c’est que cela s’impose à tout le monde. Depuis plusieurs semaines, j’ai voulu ouvrir le dialogue avec le monde du football professionnel, pleinement conscient de la fragilité du modèle économique. Il n’y a pas qu’une question de fiscalité, il y a aujourd’hui des enjeux qui sont importants : une trop grande dépendance aux droits télés, une explosion des salaires, des transferts avec beaucoup d’intermédiaires financiers. On a besoin de sécuriser les investisseurs, qu’ils soient publics ou privés. Tous ces enjeux-là doivent être posés sur la table. J’invite vraiment tout le monde à se retrouver dans une attitude qui est responsable et constructive. C’est pour moi la meilleure des solutions pour travailler pour le football français.

François Hollande a fermé la porte à une discussion avec les clubs français. Pourtant, il va recevoir avec vous les présidents de clubs. Dans quel but ?

Cette réunion est une réponse à une sollicitation du président de la fédération française de football (ndlr, Noël Le Graët). Il n’y a pas de discussion autour de la taxe. Il y a à partager l’ensemble de ces enjeux économiques, ouvrir des pistes et pouvoir les travailler de façon opérationnelle et pragmatique pour prendre en compte l’ensemble des enjeux économiques du football. Je le répète, il n’y a pas qu’une affaire de fiscalité. Cela fait 4 saisons que les déficits en matière de football sont croissants. On a besoin de beaucoup plus de transparence, de moins de fragilité aussi. Quand on voit que des clubs en Ligue 2 ont plus de 90% aujourd’hui de leurs dépenses, qui sont sur des masses salariales et sur des transferts…

Ce ne sont pas les joueurs qui vont payer mais les clubs. Est-ce que vous comprenez le message des dirigeants qui disent qu'ils ont déjà des déficits structurels et que cette fiscalité va sûrement les tuer ?

Il y a un principe qui est la fiscalité pour les hauts revenus. C’est vraiment une taxe de solidarité exceptionnelle sur deux ans et elle s’applique à tous. C’est un principe d’équité. Elle ne peut pas être pour certains une exception, une exonération.

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Propos recueillis par Pierre Fesnien