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Dr Ferret : « On en demande trop aux joueurs »

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Ancien médecin de l’équipe de France de football, Jean-Marcel Ferret essaie d’expliquer l’épidémie de blessures aux adducteurs qui frappe les joueurs du championnat de France. Il tire un signal d’alarme.

Jean-Marcel Ferret, il y a beaucoup de blessures en ce moment, notamment d’adducteurs à Lyon. Ne prend-on pas des risques en décalant tous ces matches ?
Le problème des cadences, on le connaît depuis longtemps. Ces cadences importantes vont tomber à un moment (décembre, ndlr) où les pelouses sont grasses, où la luminosité est plus faible, où il y a beaucoup d’humidité. Entre le 15 octobre et le 15 novembre, c’est la période où on a le plus de blessés. Le problème des adducteurs, c’est typiquement une maladie de surcharge d’entraînement. Et on n’est qu’au début de la saison… On peut s’inquiéter pour la suite.

C’est une surcharge ou alors un entraînement qui ne se déroule pas dans les bonnes conditions ?
Les deux. C’est multifactoriel. Ce sont des gens dont on s’aperçoit qu’ils avaient déjà des problèmes en fin de saison dernière. Il y a un problème de charge de travail sur plusieurs saisons et de mauvaise prise en charge de ces joueurs dans un entraînement qui devrait être beaucoup plus personnalisé.

Comment prévenir le mal aux adducteurs, et quelle est sa cause ?
Les adducteurs sont victimes de deux pathologies. L’une au-dessus du nombril avec le canal inguinal, c’est une zone sensible. Quand on fait mal les abdominaux, en augmentant la pression intra-abdominale, on a tendance à abimer cette région. Cette région est en surcharge permanente dans la pratique du football. Le deuxième point, c’est la hanche. Elle a été ignorée ces dernières années. Et quand on s’occupe des adducteurs, on oublie parfois d’aller voir la hanche. Si un footballeur a mal aux adducteurs, il doit s’arrêter immédiatement.

Pour quelles raisons se trouve-t-on avec tant de blessures aux adducteurs ?
On en demande trop. La préparation n’est pas assez personnalisée chez les sujets à risque. Dans les clubs, le dépistage n’est pas fait et on ne personnalise pas. Malheureusement on ramasse les débris après.

La rédaction-Larqué Foot