
Diouf : « Comme vous, j'ai envie que Drogba revienne »

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S’il est un sujet amplement commenté depuis le début de saison, c’est celui des objectifs de l’OM. A quinze journées de la fin de championnat, quels sont-ils réellement ?
Ils n'ont pas été fixés ces temps-ci, mais bien avant le début de saison, lors d'une réunion entre joueurs, staff et dirigeants. C’est simple, l'OM doit se qualifier directement pour la Ligue des champions, c'est à dire terminer dans les deux premiers du championnat. Et ce, même si je ne crache pas sur une éventuelle troisième place et un nouveau tour préliminaire. Ensuite, nous aurions bien aimé accrocher à notre palmarès une Coupe de la Ligue ou une Coupe de France. Malheureusement nous sommes éliminés. Reste la Coupe de l'UEFA, compétition dans laquelle nous n'avons pas encore dit notre dernier mot. On la jouera à fond, et qui sait ? L'OM ayant été la première équipe française à remporter la Ligue des champions, elle sera peut-être aussi la première à remporter l'UEFA.
Que cachent alors les déclarations de Robert Louis-Dreyfus, menace à peine voilée de débarquement de l’équipe dirigeante en cas d’échec ? Doit-on s’attendre à de profonds changements au printemps, à une redistribution des cartes ?
Je ne peux pas parler à la place de Robert. La seule chose que je peux dire, c'est qu'un homme comme lui, qui a dépensé ce qu'il a dépensé, qui a consacré beaucoup de son temps et de son énergie à l'OM, a tout à fait le droit de s'exprimer et de dire ce qu'il pense. C'est ce qu'il a fait. En ce qui me concerne, si j'ai accepté pour l'essentiel le contenu de ses déclarations, peut-être que la forme m'a gêné. Et je ne me suis pas privé de le dire. Mais pour moi, la page est déjà tournée. D'autant que ce qu’il veut, c'est ce que je veux aussi ! Nous ne tirons pas en sens contraire.
Comment interpréter ses propos alors ? Comme une piqure de rappel ?
Tout cela, ce sont des mots. La réalité, c'est que RLD a choisi à un moment donné de s'exprimer. Pour le reste, si l'on devait attendre une piqure de rappel comme vous dites, une pression pour nous dire ce qu'il convient de faire, c'est que nous nous serions montrés vraiment inférieurs à nos attributions. Et nous ne serions pas très dignes.
On évoque souvent des tensions entre la partie marseillaise du club, que vous représentez, et la partie parisienne, formée des conseillers de RLD, Vincent Labrune en tête. Il y aurait des luttes d’influence…
(Ferme) Très honnêtement, pas du tout ! D'abord, je redis que je ne considère pas la présidence de l'OM comme une rente de situation. Je suis là aujourd'hui en sachant pertinemment qu'à un moment donné, il me faudra céder la place. Je ne m'accroche pas à ce fauteuil, je n'en fais pas une affaire personnelle. Ensuite, il ne faut pas tout confondre. Il est commode de dire qu'il y a une guerre des clans à l'OM. Or il n'y en a pas. Il y a d’un côté un directoire dont j'ai la responsabilité et qui dirige le club, et d'un autre, car tel a été le vœu de l'actionnaire, un conseil de surveillance qui doit faire son travail, c'est à dire être mis au courant périodiquement de l'activité du club. C'est tout ! Je ne vois pas du tout où la guerre existe, je ne vois pas de clan ni de guerre Marseille-Paris. Ce sont des expressions qui font florès, mais elles ne dépeignent pas la réalité de la situation.
Autre sujet qui fait tourner la tête des supporters depuis plusieurs mois, le retour de Didier Drogba. Que souhaitez-vous leur dire ? Où est la vérité dans ce dossier ?
Il faut tenir aux supporters un langage adulte. Ils savent que nous faisons ce que nous disons, et vice-versa. Alors, leur dire « On va gagner la Ligue des champions » ou « Drogba va revenir », je ne me le permets pas. Ce serait leur manquer de respect. En revanche, leur dire « Comme vous, j'ai envie que Drogba revienne, et s'il y a une seule possibilité de le faire, je le ferai »… ça, je peux le certifier.
Et cette possibilité existe ou non ?
Même si elle est ténue, elle existe toujours. Mais un garçon qui touche un million d'euros par mois, quand on veut regarder la réalité économique en face, ce n'est pas raisonnable pour un club français... Cependant, il n'est pas exclu de penser à d'autres scénarios, à une acceptation du garçon de minorer ses émoluments, à des efforts de notre part...
En avez-vous déjà discuté tous les deux ?
Vous connaissez la relation affective entre Didier Drogba et moi. Je suis à la base de l'envol de sa carrière. Je l'avais fait partir à Guingamp, puis venir à Marseille. C'est un garçon très intelligent, avec lequel on peut échanger tranquillement. Chaque fois que je le vois, je lui lance : « Maintenant Didier, pose ton baluchon et reviens ici ! »
Et que répond-il ?
Il sourit, toujours. Et il me dit : « Ça ne dépend que de toi… »
Votre plus belle recrue, c’est peut-être Eric Gerets, aujourd’hui l’un des entraîneurs les plus appréciés de L1. Va-t-il rester ou partir ? Que peut-on en dire aujourd’hui ?
Gerets, on en parle beaucoup. Mais on a tendance à oublier que quand il est arrivé, le scepticisme était grand. J’en avais d’ailleurs pris pour mon grade. Aujourd’hui, tout le monde s’accorde à dire que le technicien aussi bien que l’homme sont fort intéressants. Et maintenant, on veut nous amener quasiment sur la place publique à dire si on continue ou pas notre collaboration. Non ! Laissez-nous vivre notre vie. Les décisions, nous les prendrons en pleine connaissance de cause et en parfaite osmose. Ce qui est vrai aujourd’hui, c’est qu’entre Gerets et la direction du club, il n’y a pas l’ombre d’un problème ou d’une mésentente. Lui-même, qui a pourtant beaucoup baroudé, dit que c’est la première fois qu’il rencontre une direction avec laquelle il s’entend aussi bien.
Il n’a donc aucune raison de partir…
Eric vient tous les deux jours en conférence de presse. Et à chaque fois, on lui pose la question, on guette ses réactions, on attend qu’il dise quelque chose. Alors il botte en touche. C’est la moindre chose qu’il puisse faire.
Quitte à entretenir un certain suspense…
Mais ce n’est pas gênant ! Si les gens interprètent la situation comme un suspense, libre à eux. Nous, on sait où on va, et on sait ce qu’on veut. Peut-être qu‘entre nous, une décision est déjà prise, et qu’on ne ressent pas le besoin d’en faire la publicité