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Boniface : « Diouf a choisi entre son poste et son honneur »

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Directeur de l’IRIS (institut de relations internationales et stratégiques), fan de foot et co-auteur du livre d’entretiens avec Pape Diouf "De but en blanc", Pascal Boniface connaît bien le désormais ex-président de l’OM. Il revient pour nous sur le départ de ce dernier.

Pascal Boniface, quelles sont les raisons qui ont conduit au clash entre Pape Diouf et Robert Louis-Dreyfus ?
Pape Diouf a un certain sens de l’honneur et de la dignité. Ainsi, il n’entendait plus être convoqué de façon extrêmement aléatoire, et avoir un contrôle bureaucratique et tatillon de la part de la Holding. Il entendait simplement que ces mérites soient reconnus, et ne pas être convoqué comme un subalterne à des réunions à Paris, alors que la plupart de ceux qui y participaient étaient à Marseille.

Pape Diouf a-t-il été piégé par le président du Conseil de Surveillance Vincent Labrune ?
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Vincent Labrune n’a pas joué de façon ouverte. Effectivement, il a tendu un piège à Pape Diouf, en sachant en plus que cela marcherait car ce dernier est quelqu’un qui ne se courbe pas. Ce piège n’aurait pas fonctionné avec une personne docile, ce qui n’est pas le cas de Pape Diouf. C’est ce qui fait sa qualité en même temps... Comme il n’est pas courtisan, il en paye le prix.

Vous qui le connaissez bien, pensez-vous que cette décision de quitter l’OM ait été un crève-cœur pour lui ?
Il disait qu’il travaillait toujours pour l’avenir de l’OM, et en même temps comme si cela devait être le dernier jour. Cela veut simplement dire que Pape Diouf, à la différence de beaucoup de personnages, n’aurait pas accepté que son honneur soit en jeu et préférerait quitter le club. Je sais que cela lui en coûte car il est viscéralement attaché à l’OM. Il est sans doute malheureux aujourd’hui, mais en même temps il a eu à choisir entre un poste et son honneur. Et il n’a pas voulu continuer à être président de l’OM dans des conditions qui auraient été attentatoire à son honneur.

Que peut-on craindre pour l’OM après le départ de Pape Diouf ?
Ce que l’on peut craindre, c’est que l’OM retombe de nouveau dans une zone de turbulence. Depuis cinq ans, Pape Diouf avait apporté la stabilité, une image nettement améliorée du club, la pacification des relations avec les supporters, et le fait que l’on parle de l’OM dans les pages sportives et non plus juridiques… Tout ce travail patient est forcément remis en cause avec son départ.

Que pensez-vous du système mis en place par Robert Louis-Dreyfus à l’OM, à savoir avoir une direction à deux têtes avec Pape Diouf et Vincent Labrune. Etait-ce la meilleur méthode selon vous ?
La preuve que non. Pape Diouf est évincé et je ne pense pas que Vincent Labrune ait une très grande popularité. Honnêtement, le club se porte-t-il bien aujourd’hui ? Se porte-t-il mieux aujourd’hui qu’il y a trois jours ? Ce type de schémas qui a conduit à des évictions successives, c’est un choix anti-stabilité. C’est tout sauf se projeter dans le futur.

La rédaction