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Aulas : « C’est une alerte ! »

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Jean-Michel Aulas, président de l’OL, revient sur la période difficile que traverse le septuple champion de France.

Craignez-vous le retour de vos concurrents en championnat ?
Je crains ce retour d’équipes très compétentes et très pertinentes, mais je suis également serein. Jusqu’à maintenant, quand il a fallu faire des exploits, l’Olympique Lyonnais a toujours été présent. C’est une alerte, mais c’est aussi un confort pour l’avenir que d’être obligé à lutter. Dans la lutte, nous avons des joueurs dont la confiance est extrêmement forte.

N’avoir qu’un point d’avance, c’est une situation nouvelle…
L’année dernière, on a gagné le titre sur le dernier match. C’est une situation que nous connaissons. On a aussi gagné cette Coupe de France après des matches très difficiles tout au long de la compétition. La difficulté n’est pas un handicap pour nous. C’est au contraire une motivation. On a toujours été dans le challenge. Ca va permettre à l’ensemble des médias et des gens qui admirent ou analysent la performance de l’OL de la revaloriser. Notre plus grande chance, c’est qu’on puisse enfin mesurer le parcours de notre club, qui vient de gagner quinze titres en dix ans. Ca n’avait jamais été fait auparavant.

« Certains matches sont moins flamboyants »

Le jeu développé est quand même moins séduisant…
C’est vrai que certains matches sont moins flamboyants. La saison passée déjà, on nous avait fait ce reproche pendant toute la première partie de saison. Il y a eu des déclics, comme Glasgow l’an dernier, où les matchs d’anthologies contre Bordeaux. S’il devait y avoir une note qualitative, elle serait moins bonne cette année que les années de l’ère Houllier, par exemple. Il y a eu des années extrêmement brillantes en qualité de jeu. Je me souviens de la saison avec Jean Tigana, où nous avions un jeu de très grande qualité. On avait malheureusement terminé deuxième, derrière Nantes. Il ne faut pas s’arrêter derrière cette analyse qualitative. C’est vrai qu’on joue moins bien. Mais c’est vrai aussi qu’on a encore plus envie de démontrer que même en jouant moins bien, on a les qualités pour arriver au bout de nos idées.

Allez-vous recadrer votre staff comme vous aviez recadré Alain Perrin l’an dernier ?
J’ai confiance dans les joueurs et en Claude Puel. Il n’y a pas de recadrage, mais une analyse objective de la situation. Comme le disait Claude Puel à la fin du match, l’Inter Milan est en crise. Il vient de faire match nul contre Catane. On est très serein. Au travers de cette nouvelle concurrence, on a une certaine forme de philosophie qui fait qu’on sait qu’on aura à se battre. On le savait depuis longtemps. Désormais, les médias le savent aussi. Ce n’est pas pour nous déplaire.

Karim Benzema va-t-il rester à Lyon au-delà de la saison ?
On va tout faire pour. Vous connaissez l’admiration que nous avons pour lui et la relation que nous partageons. Si l’histoire peut être belle avec Karim, ça vaut le coup de jouer cette opportunité. On va tout faire pour qu’il reste encore un petit bout de temps chez nous. Si les résultats sont à la hauteur de nos ambitions, je suis persuadé qu’on aura de bons arguments pour le convaincre de rester. Les clubs prestigieux qui essayent de venir faire Karim chez eux ne doivent pas être perçus comme des concurrents déloyaux. C’est au contraire un honneur de savoir que Manchester, Barcelone, le Milan AC, Manchester City ou le Real s’intéressent à lui. Il vaut mieux faire envie que pitié. C’est bien pour lui, mais c’est bien aussi pour l’Olympique Lyonnais.

« Sidney est un leader dans l’âme »

La barre pour Benzema est-elle toujours fixée à 100 millions d’euros ?
Quand on a évoqué cette barre dissuasive, c’était pour dire qu’on ne le vendrait pas. On est toujours en ligne avec cette analyse. L’idée n’est pas de céder Karim, mais de lui donner les moyens d’accompagner l’Olympique Lyonnais vers l’élite. Je voudrais que tous les supporteurs du football français et tous les médias puissent faire cela dans l’avenir. Si on fait tous en sorte de valoriser les choses plutôt que de les critiquer, on a plus de chances de gagner une Coupe d’Europe et de faire en sorte qu’un club français résiste à la pression ambiante. Dans le football moderne, on dit que c’est idiot de se marquer des buts contre son camp. On n’a pas du tout envie de le faire. Avec Karim et l’OL, on a envie d’aller sur le toit de l’Europe. On va tout faire dès cette année pour essayer de s’en rapprocher.

Comment réagissez-vous au propos de Sidney Govou sur l’absence d’unité dans le vestiaire ?
Si une somme d’individualités parvient à avoir des résultats comme les nôtres, ça laisse espérer des performances importantes le jour où le collectif s’améliorera. Quand un certain nombre de gens dérogent à la règle, ils ont tendance à imaginer que le collectif est moins fort. Il faut que ceux qui ont tendance à vouloir déroger à la règle s’inspirent du collectif et le génèrent. Sidney est un leader dans l’âme. On a besoin de sa qualité de leader pour faire en sorte que ce collectif soit encore plus fort. J’ai confiance dans le groupe, en Sidney, en Karim et dans tous les joueurs qui nous ont permis de réaliser de belles choses jusqu’à maintenant. Cette année, on surprendra encore ceux qui n’avaient pas confiance en début de saison et qui se rendent compte que l’Olympique Lyonnais est encore très fort.

La rédaction - Edward Jay