
Antonetti : « Rennes inspire le respect »

- - -
Frédéric Antonetti, après Bastia, Saint-Etienne, Nice, vous voilà à Rennes, dans un club moins « sanguin » en termes de public et d’ambiance. Cela va vous changer non ?
Je ne partage pas votre analyse. Quand il y a 25 000 supporters de moyenne au Stade de la Route de Lorient, c’est qu’il y a de la ferveur, non ? Cela veut dire que les Rennais aiment leur club. Après, tous les publics ont un comportement différent mais je sais que les Bretons aiment le Stade Rennais.
En quittant Nice, vous disiez vouloir entraîner une équipe plus huppée. Le Stade Rennais correspond-il à vos attentes ? Plus que des formations comme le PSG ou l’OM ?
Je ne fais pas de football fiction. J’ai l’impression de progresser, d’avancer à mon rythme. Rennes correspond à mes attentes car il y a un grand stade, des résultats depuis cinq ans qui situent le club entre la 4e et la 7e place. Rennes est un club, quand vous entraînez ailleurs, qui inspire le respect. Il dispose du meilleur centre de formation avec beaucoup de bons jeunes qui en sortent. Son recrutement est souvent réussi. C’est un club très sérieux et qui ne fait pas de vagues. C’est ce que je voulais.
Vous allez passer derrière Guy Lacombe, qui a réalisé un excellent parcours au Stade Rennais. Cela doit vous mettre une sacrée pression, non ?
Les bilans se font seulement à la 38e journée. Vous n’allez pas me faire un mauvais bilan avant que je ne commence… Très sérieusement, je ne suis pas de ceux qui arrivent et qui disent qu’il n’y avait rien avant moi. Il y a une base. Je prends la suite tout en essayant d’amener mes idées. C’est vrai qu’il y a une pression supérieure et qu’il faudra obtenir des résultats. L’un des objectifs du club sera de faire une bonne saison et d’être européen.
Justement, vos idées pour le Stade Rennais, quelles sont-elles ?
Elles sont simples. On a tous notre méthode, notre façon de voir le football. Moi, j’aime bien que mes équipes soient solides et qu’elles jouent. J’aimerais bien qu’elle ait 60 % du temps le ballon en sa possession. C’est cela qui m’intéresse comme projet. Après, il faut que les résultats suivent.
Ça, c’est un discours qu’on entend souvent et qui ne se concrétisent pas. On vous a vu pratiquer un jeu chatoyant avec Nice. Est-ce que l’on sera en droit de voir la même chose à Rennes ?
Si les dirigeants bretons m’ont choisi, c’est par rapport à ce que j’avais réalisé ailleurs. Les intentions sont là. On va essayer de faire pour le mieux. Maintenant, le football, c’est tellement large… Il ne faut pas rester rigide.
Vous vous êtes souvent signalé pour vos coups de sang. Rennes n’est pas vraiment habitué à ça…
Quand on cherche une image de mes colères, il faut chercher dans les archives. Récemment, il n’y en a pas eu. Mais bon, si à un moment donné on m’a choisi, c’est peut-être parce que cela peut être une qualité, pas un défaut. Dans le mot entraîneur il y a entraîner. Donc, on entraîne tout le monde avec ce genre de caractère.
On pense également à certaines conférences de presse ou vous prenez tout le monde à contrepied.
Non… mais moi, je dis la vérité. Si un jour, vous souhaitez que je me taise, je me tairais… Non, sérieusement, je ne fais pas preuve de langue de bois, je dis ce qui s’est passé durant le match. Vous savez, je ne suis pas professeur de communication. Sinon, ça se saurait. Il y a en qui sont plus forts que moi. C’est comme ça.
Passons au mercato. Stéphane M’Bia fait l’objet d’offres de clubs anglais (Everton, Stoke City, ndlr) et d’un intérêt de l’OM. Est-ce que c’est un joueur sur lequel vous comptez encore aujourd’hui ?
Quand je suis arrivé, on m’a expliqué que Stéphane M’Bia avait un bon de sortie. Cela avait été décidé lors de la saison dernière. Maintenant, s’il doit rester, j’en serais content. C’est un milieu défensif avec beaucoup de qualités.
Vous lui expliquerez notamment qu’il devra faire moins de fautes…
Mais bien sûr ! Ce que je pense en tant qu’adversaire je le pense également en tant qu’entraîneur. A un moment donné, il y a des choses qui ne se font pas sur un terrain. Je lui dirais que ce n’est pas la peine de faire des fautes pouvant nous coûter un penalty. C’est ça entraîner, apporter quelque chose à un joueur. J’essaierais de le faire avec M’Bia si on est amené à travailler ensemble.
Au rayon des arrivées à Rennes, on parle des attaquants Steve Savidan (Caen), Aruna Dindane (Lens) et de Peter Odemwingie (Lokomotiv Moscou). Vous confirmez ?
Vous me parliez d’adaptation à un nouveau club tout à l’heure. Je me suis adapté à mon nouveau club et je vous dirais que c’est avec Pierre Dréossi qu’il faut vous adresser. Ce sont tous des bons joueurs. Mais je n’ai pas toutes les données en main. C’est avec Pierre Dréossi qu’il faut voir ça.
L’arrivée de Junichi Inamoto, un joueur que vous avez connu au Japon au Gamba Osaka, vous satisfait-elle ?
Je l’ai connu à dix-neuf ans. Il a dix ans de plus aujourd’hui. C’était une très belle opportunité. Quand Pierre Dréossi m’en a parlé, j’ai dit oui. Je l’ai observé et j’ai revu le joueur que j’avais quitté. Je n’ai pas compris pourquoi il n’a pas réussi. C’est un joueur très talentueux et je suis heureux de le retrouver.
Quand vous regardez un peu dans le rétroviseur, il n’y avait vraiment aucun argument susceptible de vous retenir à Nice ?
Il y avait 100 000 raisons de rester, 100 000 raisons de partir. Ce qui fait la différence, c’est la notion de nouveau challenge. Il aurait pu être à Nice s’il y avait eu le nouveau stade. Quatre ans dans un club, c’est une bonne chose je pense. J’espère vivre la même chose avec Rennes.