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Le Toux : « Tout le monde joue au soccer »

Unique Français à évoluer en Major League Soccer, Sébastien Le Toux revient sur la finale de Coupe des Confédérations perdue par les Etats-Unis devant le Brésil (2-3). Il s’exprime également sur le niveau de jeu du football américain.

Sébastien Le Toux, rappelez-nous les circonstances de votre arrivée aux Etats-Unis ?

Par hasard. J’étais sans contrat après mon bail à Lorient. On m’a proposé de faire un essai aux Etats-Unis. Quand je suis arrivé ici, ça m’a beaucoup plu. J’y suis retourné pour faire un autre essai dans une équipe. Il a été concluant. J’ai signé avec Seattle.

Le championnat américain et la vie aux Etats-Unis répondent-ils à vos attentes ?
C’est vraiment super. Je découvre vraiment beaucoup de choses tous les jours. J’apprends à bien communiquer avec les gens. La population de Seattle est extraordinaire.

En plus de cela, vous évoluez dans des grands stades…
Mon équipe est passée en MLS, dans la plus grande division des Etats-Unis. On avait un match hier (dimanche). On a joué dans un stade de 60 000 places. Ils l’ont restreint à 30 000 et les places ont été vendues à guichets fermés. Tout le monde était habillé avec nos couleurs. Il y avait des écharpes partout. C’est vraiment une expérience extraordinaire. Les gens sont vraiment de plus en plus en amour avec le soccer.

Il y a du y avoir de l’engouement autour de l’équipe nationale pour la finale de la Coupe des Confédérations face au Brésil, non ?
C’est quelque chose cette semaine dont ils ont beaucoup parlé, notamment sur ESPN. Il y a eu beaucoup de reportage suite à l’exploit des Américains face aux Espagnols en demi-finale. Beaucoup de gens ont suivi la finale. J’ai suivi la première période vu que j’avais un match en fin d’après-midi. Après le match que j’ai joué, la deuxième période de la rencontre a été diffusée sur écran géant. 10 000 personnes sont restées pour encourager leur équipe.

A quel moment les Américains se sont-ils passionnés pour leur sélection ?
A partir du moment où les USA ont éliminé l’Italie. Après avoir perdu contre les Italiens et le Brésil, les gens n’avaient plus trop d’espoir. Quand les Américains ont battu l’Egypte et arraché in extremis leur qualification pour les demi-finales, on a commencé à s’intéresser à eux et à parler de leur exploit. Après la victoire contre l’Espagne, tout le monde était curieux de savoir ce qu’ils feraient en finale et s’ils pouvaient gagner le trophée. On sait maintenant que les Américains, pour le moment, ont le niveau pour tenir en échec le Brésil pendant 45 minutes.

Quel est l’impact de cette campagne réussie des Américains en Coupe des Confédérations sur le public ?
Les gens s’intéressent de plus en plus au soccer. Que ce soit chez les petits garçons ou les petites filles, tout le monde joue à ce sport. Il est en train de s’installer dans la mentalité des parents qui eux, sont encore très friands de base-ball et de football américain. Maintenant, avec des équipes comme Seattle, qui proposent des choses sympathiques, les gens commencent à nous reconnaître dans la rue, comme ils le pourraient le faire avec des stars de base-ball par exemple.

On dit que vous souhaiteriez être naturalisé américain…
J’ai vraiment passé une première très bonne année ici. A l’issue de la saison, j’ai demandé à avoir une green card pour ne plus avoir besoin d’un visa pour rester vivre aux Etats-Unis. Je suis en train de faire ma demande et j’espère que dans six mois ou un an, je serai naturalisé. La meilleure façon, c’est encore de se marier mais bon, ce n’est pas à l’ordre du jour pour l’instant.

Vous pourriez faire partie de la sélection américaine qui se rendra en Afrique du Sud pour le compte du Mondial 2010…
Ça, je ne sais pas. Ça dépend de moi et de ma progression. Je dois encore beaucoup travailler.

L’entraîneur adjoint des USA est français (Pierre Barrieu, ndlr)…
Je sais que c’est un Français. Mais bon… pour le moment, je continue à bien progresser. Je viens d’effectuer ma première année en MLS et je suis content du niveau acquis. Je progresse et on verra plus tard ce qu’il en est pour moi dans les années futures.

Un petit mot sur Fredrik Ljungberg, l’ancien joueur d’Arsenal, qui évolue avec vous à Seattle ?
Au début, il était aussi très surpris de la vie aux Etats-Unis. On joue beaucoup sur des terrains synthétiques, cela doit lui changer des terrains en herbe qu’il a connu en Angleterre. Lorsque l’on se déplace, quand on va à New York, il y a trois heures de décalage horaire… là encore, ça doit lui changer des petits voyages qu’il faisait en Premier League. Il est vraiment très heureux. Il s’adapte assez vite aussi. Il parle mieux anglais que moi. Il prend du plaisir dans cette équipe et occupe son rôle de leader avec sérieux.

Qu’est-ce qui différencie le football aux USA et le football en Europe selon vous ?
A chaque fois que l’on me pose la question, j’ai du mal à répondre. Le football européen et français est meilleur sur le plan technique. Physiquement, il y a également des petites différences. Sur un match, une équipe américaine peut battre une équipe européenne. On va avoir la chance de rencontrer Chelsea et Barcelone en matches amicaux en juillet et août prochain. Ce sera sympa de s’étalonner face aux deux meilleures équipes du continent européen en ce moment. L’Europe a beaucoup d’avance sur les Etats-Unis mais les Américains tentent chaque année de réduire cet écart et de devenir meilleurs.

Les joueurs américains s’exportent bien en Europe. Vous, vous avez fait le choix de venir aux Etats-Unis. Vous pourriez en fin de carrière refaire le chemin inverse ou souhaiteriez-vous finir à Seattle ?
Je ne me pose pas la question. Pour le moment, je me sens bien ici. Si j’ai le choix, je préférerais rester et jouer aux Etats-Unis. Après… je ne sais pas de quoi sera fait ma carrière. Les gens m’ont bien accueilli et m’ont donné ce que je n’avais pas vraiment connu en France.

La rédaction-Luis Attaque