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Guerre en Ukraine: "Tout le monde est sous le choc", le témoignage de Bahlouli, attaquant du Metalist Kharkiv

Ancien joueur de l’OL et de Lille, l’attaquant français Farès Bahlouli évolue depuis un an au Metalist Kharkiv, club de D2 ukrainienne, située à une quarantaine de kilomètres de la frontière russe. De Turquie où il a prolongé son stage avec son équipe, le joueur de 26 ans a raconté dans Rothen s’enflamme l’horreur de la guerre qui frappe l’Ukraine depuis jeudi.

"Jamais je n'aurais pensé vivre ça dans ma carrière." Il y a un, Farès Bahlouli relevait un nouveau challenge en Ukraine, dans le club de Deuxième division du Metalist Kharkiv. Aujourd’hui, il n’est plus du tout question de football mais de survie dans cette ville située tout près de la frontière russe. Par "chance", l’attaquant de 26 ans n’est pas en Ukraine mais en Turquie où son équipe qui devait rentrer jeudi, a prolongé son stage en raison de la guerre qui a éclaté jeudi.

"On a eu un peu de chance mais c'est une situation compliquée, particulière, a confié l'ex-Lyonnais vendredi dans Rothen s'enflamme sur RMC. Ma famille est restée à Lyon car ma femme a accouché, mais pour les trois-quarts de l’équipe, leurs familles sont là-bas. Ils sont inquiets. C’est terrible."

L’ancien joueur formé à l’OL n’est pas prêt d’oublier ce jeudi noir. "On a tous été réveillés pratiquement en même temps à 4h du matin par les proches, ça a fait l’effet d’un choc. Les familles ont essayé de se réfugier dans les métros, les caves… Le club a essayé d'en prendre plusieurs en charge. Le club a réagi assez rapidement. Ils ont mis certains abris autour du stade. Certaines familles ont été se cacher là-bas pendant les bombardements. Quand on est en France, on ne se rend pas compte. A tout moment, ça peut basculer. Je suis tombé sur une vidéo de la route que je prends pour aller au camp l’entraînement, j’ai vu un tank exploser avec des corps allongés à côtés…"

"J'ai mis des appartements à disposition en France"

La suite? "Pour l’instant on est en Turquie. Tout le monde est sous le choc. On ne sait pas vraiment ce qu’on va faire. Les joueurs n'ont pas la tête à s'entraîner. On est bloqué, on ne peut pas rentrer en Ukraine. On suit les infos heure par heure." Farès Bahlouli, lui, n’envisage pas de revenir en Ukraine tant que le pays ne sera pas sécurisé. "Ma vie passe avant tout, dit-il. J’ai une famille, des enfants… Je pense que je vais rentrer en France d'ici quelques jours. Pour moi ça va, je suis chanceux par rapport à mes coéquipiers. J'ai mis des appartements à disposition en France." Un beau geste même si les joueurs du Metalist Kharkiv ont la tête ailleurs pour le moment.

Sont-ils prêts à prendre les armes à l’image des frères Klitschko? "La plupart des joueurs sont assez jeunes. Ils sont partagés. Certains ont peur de rentrer parce qu’ils ont peur qu’on leur mette une arme dans les mains car ils font appel aux civils pour aider le pays. D’autres sont révoltés et aimeraient aider leur pays. Je suis vraiment triste pour le peuple ukrainien. C'est un très beau pays qui essayait de se reconstruire. J'espère que ça va s'arranger", conclut-il sans vraiment trop y croire.

ABr avec Rothen s'enflamme