Fifa / Pascal Perri : "Les dégâts collatéraux sont inquiétants"

Pour Pascal Perri, économiste RMC Sport, le football professionnel doit être considéré comme une industrie, mais les révélations sur les trafics d’influence présumés à la Fifa renvoient à l’opinion l’image d’une industrie du crime.

« Le football est entré dans la mondialisation. Il est devenu un enjeu de pouvoir et d’argent. Cependant, le football est en danger. Paris clandestins en Asie, matchs truqués en Europe, dessous de table, corruption des instances démocratiques de la Fifa : le danger vient du succès. Plus le foot est populaire, plus il est attrayant, y compris pour ceux qui entendent le dévoyer.

On mesure encore mal jusqu’où ira l’enquête du département de la Justice des Etats-Unis. Les mises en cause visent des dirigeants sur qui pesaient déjà de forts soupçons. Les grandes entreprises qui ont associé leur nom à l’univers du football ont tout de suite manifesté leur préoccupation. Pour Coca Cola et les quelques grandes marques qui animent les compétitions organisées par la Fifa et assurent ses revenus, les dégâts collatéraux sont inquiétants.

« Les élections ne peuvent avoir lieu comme prévu »

Le ‘‘tous pourris’’ éclabousse les partenaires commerciaux et disqualifie les efforts des fédérations pour produire, comme en France, un football transparent et bien géré. Dans ces conditions, l’élection du président de la Fifa ne peut avoir lieu comme prévu ce vendredi. M. Blatter est personnellement présumé innocent mais il n’empêchera ni l’opinion ni les juges de penser qu’il existe bien un ‘‘système Blatter’’.

Comment la justice américaine est-elle parvenue à rassembler des éléments de preuve alors que la police interne de la Fifa ne voyait pas ce qui se tramait sous ses propres yeux et dans ses propres rangs ? Une seule explication, les dirigeants de l’organisation savaient, mais ils couvraient. Dans toutes les industries, il existe non seulement un code d’éthique, mais aussi des instances de contrôles et de régulation. Le football ne doit pas faire exception. C’est pourquoi les élections ne peuvent avoir lieu comme prévu. Leur résultat serait quoi qu’il arrive gravement entaché par l’ombre de la corruption. »

Pascal Perri