
Turquie : des matches toujours sous haute tension

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Vincent Guérin : « Réveillés par des coups de téléphone »
(8e de finale aller de la Coupe des Coupes, le 17 octobre 1996, Galatasaray-PSG : 4-2)
« Les Turcs pratiquent un football latin, proche du nôtre, basé sur la technicité et la rapidité. Ils ne ferment jamais le jeu. Et l’engouement populaire dans les stades est tel que les joueurs se subliment. Le fait que la Turquie soit située entre l’Europe et l’Asie accroit le chauvinisme des supporters turcs. C’est leur manière à eux d’exister, de renforcer leur identité, à travers le football qui est le sport national là-bas. C’est pour ça que la ferveur est aussi importante. Ils vivent pour leur équipe de football. Il faut donc être très fort mentalement, avoir de la personnalité, du répondant. Je me souviens lors de ce déplacement, nous avions été réveillés plusieurs fois dans la nuit. Des supporters nous appelaient à 2 heures du matin dans nos chambres et nous raccrochaient au nez. Les gens de l’hôtel venaient même frapper à nos portes pour perturber notre sommeil. Ça ne m’est jamais arrivé autre part qu’en Turquie. »
Patrice Loko : « Le début de chaque mi-temps est fondamental »
(1er tour de la Coupe UEFA, le 19 septembre 2002, Denizlispor-Lorient : 2-0)
« Les Turcs avaient mis la pression sur notre gardien et nos défenseurs, d’entrée de jeu, en mettant de longs ballons devant notre but. Histoire de les déstabiliser. Ils provoquaient sans cesse l’arbitre, cherchaient à obtenir des fautes. Il y a deux moments clés face à ce genre d’équipe : le début de match et la reprise après la mi-temps. On n’avait pas bien négocié ces périodes et on avait pris deux buts. La pression psychologique est énorme. Des pétards explosaient en tribunes. Des projectiles étaient lancés à l’échauffement et pendant le match. Et cette atmosphère a influé sur la performance des joueurs qui découvraient la Coupe d’Europe. Ils étaient plus concentrés sur ce qui se passait autour du terrain que sur le jeu. »
Daniel Moreira : « Une oppression permanente »
(2e tour de la Coupe UEFA, le 6 novembre 2003, Gaziantepsor-Lens : 3-0)
« Quand on a su qu’on allait se déplacer en Turquie, on avait un peu d’appréhension. Ça cogitait pas mal dans les têtes. Là-bas, j’ai eu le sentiment d’une oppression permanente. La veille du match alors que l’entraînement devait se dérouler à huis clos, des supporters étaient déjà présents en tribunes. C’était un petit stade, mais il était plein à craquer. Une heure avant le match, il y avait déjà une ambiance de folie. Chaque nom de joueur était scandé lors de la présentation du speaker. Les joueurs, eux, s’avançaient d’un pas en avant et saluaient le public. Je n’avais jamais vu ça. Dans leur stade, les Turcs se surpassent. Ils sont à l’image de leur public : chauds mais corrects. »
Alim Ben Mabrouk : « On a dormi dans un hôtel de passes »
(16e de finale de la Coupe UEFA, le 6 novembre 1991, Trabzonspor-Lyon : 4-1)
« Quand on a joué en Turquie, c’est un petit peu le même genre d’ambiance que lorsqu’on se rendait à Bastia. Les joueurs essayaient de nous intimider, de nous déstabiliser. Avant le match, dans le couloir, des regards et des insultes fusaient. Sur le terrain c’était la même chose, sauf qu’il y avait les coups en plus. Et si tu as peur, tu perds 50% de tes moyens. Cela avait joué sur certains joueurs à l’époque. Durant la première demi-heure, ils font en sorte de te montrer qu’ils sont chez eux. En plus, la veille on avait dormi dans un hôtel de passe. Ce n’est pas la meilleure façon de préparer un match de Coupe d’Europe. »
Marco Simone : « Sifflé dès que tu touches la balle »
(Phase de poules de la Ligue des Champions, le 12 septembre 2000, Galatasaray-Monaco : 3-2)
« Sur le terrain, c’était un match très tendu, très disputé et les Turcs mettaient énormément d’agressivité. J’ai toujours gardé une impression d’immense désordre. Il n’y a pas de sièges, tous les supporters sont debout, même en tribune centrale. Le stade est très coloré et les supporters ne s’arrêtent jamais de chanter. En Turquie, le public joue vraiment le rôle de 12e homme. Je me souviens qu'à chaque fois qu’on touchait un ballon, on se faisait siffler. C’était très déstabilisant. Un joueur qui n’est pas habitué à ce genre d’ambiance est forcément perturbé et ne joue pas avec toutes ses capacités. »