
Bienvenue dans l’enfer rouge !

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Lille sera jeudi le dixième club français à plonger dans le chaudron d’Anfield. Il y sera accueilli comme il se doit par un vibrant « You’ll never walk alone », cet hymne qui « vous chatouille les tympans et vous fait dresser tous les poils du corps », selon Jean-Michel Larqué, capitaine du grand Saint-Etienne des années 1970, submergé par la marée rouge en quart de finale de la Coupe des clubs champions 1976-1977 (1-3). Une victoire 1-0 à l’aller et un but magnifique de Dominique Bathenay au retour n’avaient pas suffi aux finalistes de l’édition précédente pour s’en sortir.
Trente années seront ensuite nécessaires pour qu’un club hexagonal, l’OM, s’impose à Liverpool d’une frappe limpide de Valbuena (1-0). Le PSG et Strasbourg y avaient toutefois cueilli une qualification, tous deux en 1997 et en perdant 2-0 après l’avoir emporté 3-0 à l’aller.
« Heureusement qu’on avait déjà fait la différence, souffle le défenseur parisien de l’époque Laurent Fournier. Parce que ça avait été l’enfer ! Il y avait un tel vacarme qu’on ne s’entendait pas sur le terrain. On avait l’impression que ça arrivait de tous les côtés. » Et notamment de ce « Spion Kop », raboté au gré des mesures post-drames du Heysel (1985) et de Hillsborough (1989), mais qui conserve toute sa magie.
« Du graviers dans les cuisses »
« A mon époque, le public n’était qu’à quelques mètres de nous et il nous lançait des petits poignées de graviers dans les cuisses sur les corners, histoire de vous déstabiliser », sourit Larqué. « Anfield n'est pas un stade agressif, confiait récemment l’ancien manager des Reds, Gérard Houllier, dans la Voix des Sports. Ça vibre et ça secoue, mais c'est surtout un stade "chambreur"» Suffisamment pour faire déjouer ? « Prendre rapidement un but peut vous faire disjoncter », met en garde Fournier.
Avec un petit but d’avance, les Lillois seront soumis à rude épreuve. D’autant que Liverpool s’est fait une spécialité de gommer ses déceptions nationales - vingt ans sans titre de champion – par quelques fulgurances européennes. « Il ne faut pas mettre des boules Quiès pour autant, conseille Larqué. Quand on joue au football, il faut lever la tête. » Histoire, aussi, d’apercevoir la bannière « This is Anfield » (« Ici c’est Anfield ») qui orne le couloir menant à la pelouse. La promesse d’une soirée pas comme les autres…