
Nice-Cologne: "C’était notre vie contre la leur", le témoignage très fort d'un stadier après les violences
Il a vécu le chaos au plus près. Un stadier s’est confié sur les violences entre supporters jeudi dernier avant le coup d’envoi du match de Conference League entre Nice et Cologne (1-1). Les choses ont dégénéré quand des fans allemands ont quitté leur parcage pour aller se confronter avec ceux de Nice situés à l’autre bout du stade.
"Ils entrent, chantent, certains enlevaient déjà les banderoles de l’UEFA pour mettre les leurs, confie Francis, dont le prénom a été changé, sur France Bleu Azur. On ouvre les portes (du stade, ndlr), ça se passe tranquillement mais au bout de 20 minutes, on commence à entendre des cris, des gens qui courent et nous interpellent en nous disant: ‘ils sont en train d’arriver, ils ont tout cassé’. On regarde derrière et on voit les supporters allemands au niveau des salons et des loges."
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Des anciens membres des Supras Auteuil, groupe d'ultras du PSG dissout en 2010, étaient également infiltrée avec les fans de Cologne. "On n'a su qu’après", explique le stadier qui assure ne pas avoir "entendu" parler français.
Francis était, lui, situé côté niçois. "On n’a pas peur, on essaie de sécuriser et d’empêcher les gens qui veulent aller à la rencontre avec les Allemands, explique-t-il. Les Niçois commençaient à entrer dans le stade, il y avait surtout des femmes, des enfants, des familles. On essaie de retenir les Niçois pour ne pas qu’ils partent de l’autre côté. C’est compliqué, ils sont beaucoup, on est peu. D’autres stadiers essaient de repousser les Allemands, puis les policiers arrivent et lancent de la lacrymo, c’est compliqué, on voit peu."
"Je ne crois pas qu’on soit payé pour recevoir un couteau entre les omoplates ou un poteau entre les deux yeux"
Le stadier est aussi revenu sur les vidéos montrant certains de ses collègues violenter des fans allemands. "On est agressés, on nous lance des fumigènes, des poteaux en fer, rappelle-t-il. C’est un peu notre vie contre la leur. Il faut sauver sa peau, là. Si on tombe dans leur camp, on passe un sale moment. Je ne crois pas qu’on soit payé pour recevoir un couteau entre les omoplates ou un poteau entre les deux yeux."
Un instinct de survie d’autant plus guidé par la modique rémunération touchée pour un match. "Pour la prestation, on est payé 50 euros, révèle-t-il. J’ai l’impression que, sur ce match, c’était le prix de la vie d’un stadier. A quel curseur évalue-t-on le prix d’un stadier sur ces matchs à enjeux? Je ne sais pas." Le bilan de ces affrontements est de 32 blessés, dont un grave après avoir chuté d’une tribune de cinq mètres de haut.