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Le point de vue de l’équipe de France sur les dessous de la fin de l’histoire entre Benzema et les Bleus

Au lendemain des révélations de Daniel Riolo dans l’After Foot sur les coulisses du forfait de Karim Benzema lors de la Coupe du monde, l’entourage de l’équipe de France a tenu à apporter un autre éclairage auprès de RMC.

C’était l’un des derniers grands objectifs de sa carrière. Après avoir décroché le Ballon d’or, Karim Benzema ambitionnait de remporter la Coupe du monde au Qatar. Un rêve qui s’est envolé à cause d’une blessure à une cuisse, avant même l’entrée en lice des Bleus. C’est sans lui qu’ils se sont hissés jusqu’en finale, avec cette défaite aux tirs au but si frustrante face à l’Argentine le 18 décembre. Le lendemain, Benzema annonçait sa retraite internationale. La conclusion d’une histoire tumultueuse jusqu’au bout avec la sélection.

Un peu plus d’un mois plus tard, à froid et après avoir recueilli divers éléments, Daniel Riolo, éditorialiste et journaliste RMC Sport, a dévoilé mercredi les coulisses du forfait de Benzema lors du Mondial en critiquant la gestion de Didier Deschamps et les egos de certains cadres. En réponse à ces révélations, l’entourage de l’équipe de France a contacté l’After Foot pour apporter un autre éclairage sur toute cette histoire. Avec d’abord une mise au point sur ce qui s’est passé le 19 novembre, le jour où le forfait de Benzema a été officialisé après une blessure survenue à l’entraînement.

Ce soir-là, le buteur du Real se rend à la clinique Aspetar de Doha accompagné du docteur de l’équipe de France Franck Le Gall et de deux membres du service de sécurité des Bleus. La décision est ensuite prise de ne pas le garder. Du côté de l’équipe de France, on explique que Benzema décide alors de quitter au plus vite le Qatar pour rentrer à Madrid et que son assistante personnelle, présente à Doha, se démène pour lui trouver un avion privé. Problème : cela se révèle impossible car il est interdit pour des vols privés de survoler l’Irak et/ou l’Ukraine de nuit.

Benzema est dirigé vers le premier vol régulier le lendemain matin. Son assistante personnelle et du personnel des Bleus organisent une partie de la nuit son départ, avec une première arrivée sécurisée à l’aéroport de Doha et une autre arrivée à Madrid où il est prévu qu’il soit encadré par du personnel de sécurité.

"On n’allait tout de même pas réveiller tous les joueurs pour faire une haie d’honneur à Benzema"

Le point de vue de l'équipe de France est donc de dire que la Fédération n’a pas laissé Benzema se débrouiller seul et que le billet d’avion lui a été payé. Elle ajoute qu’il aurait pu rester plus longtemps au camp de base des Bleus pour saluer ses coéquipiers mais que c’était son choix de rejoindre aussi vite Madrid. Avant de partir, il serait allé voir Mohamed Sanhadji, directeur de la sécurité des Bleus, pour lui demander de saluer les autres joueurs afin de les assurer de tout son soutien.

"On n’allait tout de même pas réveiller tous les joueurs à 5h du matin pour faire une haie d’honneur à Benzema", dit un proche des Bleus. Qui ajoute que dans sa précipitation, Benzema a oublié ses huit paires de crampons au Qatar… et qu’il a fallu que son assistante demande à la FFF de les renvoyer par courrier, ce qui a été fait. Daniel Riolo, lui, expliquait ceci mercredi dans l’After : "Quand ils sortent Benzema et que le médecin de l’équipe de France dit: ‘c’est bon, t’es blessé, tu t’en vas’ et qu’on lui prend un avion à 6h du mat… C’est bizarre la façon dont on dit à un mec qu’on rappelle en équipe de France: ‘tu pars dans la nuit’. Il est parti, d’où son silence dans les semaines qui ont suivi."

Mais que s’est-il passé avant l’annonce du forfait de Benzema ? L’entourage de l’équipe de France assure que c’est l’ancien Lyonnais qui décide lui-même d’accélérer ses courses le jour où il se blesse. A ce moment-là, il n’a pas joué depuis une entrée en jeu en Ligue des champions le 2 novembre à cause de pépins physiques et le premier match du Mondial contre l’Australie (22 novembre) approche à grands pas. L’équipe de France explique que dès le début de la blessure de Benzema, il y a eu des soucis de communication. Le Real n’aurait donné aucun document médical aux Bleus.

Et le diagnostic de "fatigue musculaire" n’aurait été détaillé ni par le club ni par le joueur. On explique qu’à l’inverse, dans le cas de Raphaël Varane également blessé avant le Mondial, Manchester United a totalement collaboré en donnant tous les documents médicaux nécessaires. Et le défenseur a accepté d’être accompagné par un membre de l’équipe médicale des Bleus, à Manchester puis à Lille, dans son programme de guérison. Pour l’équipe de France, aucun doute, le diagnostic posé par le médecin des Bleus concernant Benzema était le bon.

Pour l'encadrement des Bleus, il y avait un loup concernant les pépins physiques de Benzema

On répète aussi auprès de RMC que Deschamps n’a aucun doute lorsqu’il annonce sa liste pour le Mondial le 9 novembre. Il a en tête d’avoir Benzema comme titulaire. L’entourage de l’équipe de France estime pourtant qu’il aurait pu "facilement" justifier le fait de ne pas le convoquer en raison du flou entourant sa blessure. Un flou qui s’est donc prolongé au Qatar. Là encore, on fait savoir que le protocole de guérison est très clair pour Varane lorsque les Bleus arrivent au Qatar le 16 novembre, mais que ce n’est pas le cas pour Benzema.

Dans sa version des faits apportée à RMC, l’entourage de l’équipe de France va plus loin et avance que le Ballon d’or refuse dans un premier temps de s’entraîner et veut "se gérer". L’encadrement de la sélection se questionne mais il s’agit ici d’un titulaire, l’un des meilleurs joueurs au monde. Des précautions ont tout de même été prises. Trois jours plus tôt, Marcus Thuram a été appelé. Pas un hasard vu la situation de Benzema, ce choix étant une sécurité en cas de souci avec le numéro 19. L’encadrement des Bleus pense clairement qu’il y a un loup concernant le Madrilène.

Un épisode est notamment mis en avant : le 12 novembre, Benzema est sur ses terres pour présenter son Ballon d’or à Lyon. L’entourage de l’équipe de France assure l’avoir appelé pour lui proposer de lui envoyer un membre de l’équipe médicale pour des soins. Toujours selon cette version de l’équipe de France, Benzema n’a jamais répondu. Contrairement à Presnel Kimpembe, alors suivi de près par le staff médical des Bleus.

Auprès de RMC, l’entourage des Bleus apporte aussi son éclairage sur ce qui s’est passé une fois le retour de Benzema à Madrid. Il aurait été convenu qu’il continue de se soigner. Lui est parti quelques jours en vacances à la Réunion, avant de rentrer à Madrid et de reprendre l’entraînement avec son club le 10 décembre. Cinq jours plus tard, il rejoue lors d’un match amical avec son club. Ce qui fait dire à l’équipe de France qu’il est impossible d’affirmer qu’il aurait pu jouer le quart de finale de la Coupe du monde contre l’Angleterre (le 10 décembre) même s’il faisait partie de la liste des joueurs, et que ce calendrier confirme que le diagnostic était le bon.

La réponse de l'équipe de France sur la gestion des egos

Mercredi, Daniel Riolo a aussi pointé du doigt Deschamps et ses difficultés à "gérer les egos". En réponse, du côté de l’équipe de France, on rappelle que le sélectionneur a tenu un discours ultra positif concernant le joueur du Real à Clairefontaine au début du rassemblement des Bleus. Et que devant le président de la FFF, la ministre des Sports et une cinquantaine de personnes, il a affirmé que "c’est une grande chance pour la France d’avoir Karim Benzema".

Daniel Riolo a par ailleurs raconté que le retour de Benzema en sélection en juin 2021 après six ans d’absence avait provoqué quelques crispations auprès de quelques cadres de l'équipe, comme Paul Pogba. L’entourage de l’équipe de France avance que cette supposé rivalité Pogba-Benzema n’a aucun sens vu que le Turinois n’était pas présent au Mondial. Concernant la gestion des egos, l’équipe de France prend là aussi la défense de Deschamps en soulignant qu’il sait gérer les fortes personnalités, et que le déroulé du tournoi au Qatar l’a confirmé. Avec lui, les Bleus ont disputé une deuxième finale de Mondial de suite.

La FFF et l’Elysée avaient d’ailleurs invité Benzema à assister à la finale face à l’Argentine. L’entourage des Bleus rappelle qu’il a décliné les deux propositions et regrette plus globalement que Benzema soit présenté comme "la victime" depuis le début des polémiques, contrairement à Deschamps, qui aurait subi à chaque fois les événements.

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