
La ballade irlandaise

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Un an plus tôt, les Bleus avaient défié l’Irlande à Dublin en match amical. Le combat avait été rude. Pour sa première sélection, le prodige Roger Piantoni avait offert à l’équipe de France un nul heureux (1-1). En ce 4 novembre 1953, le rendez-vous est d’importance puisque les deux équipes se disputent un ticket pour la Coupe du Monde 1954.
Lors de leur premier match de groupe, les Français ont pulvérisé le Luxembourg (6-1). Ils débarquent à Dublin gonflés à bloc. Ils mettent d’entrée de jeu une grosse intensité physique mais n’oublient surtout pas de jouer au ballon. Leur technique et leur vitesse font la différence.
Pour sa deuxième sélection seulement, Léon Glovacki débute la ballade irlandaise des Français à la 23e minute. Une reprise sur un corner du jeune Raymond Kopa (22 ans), remisé par Ujlaki, ne laisse aucune chance à O’Neill. A cinq minutes de la pause, Armand Penverne profite d’une ouverture de Pierre Flamion pour tromper le gardien irlandais de près.
Dès le retour des vestiaires, Joseph Ujlaki y va de son doublé (50e et 69e), entrecoupé par une réduction du score de Walsh. Ce dernier récidive à dix minutes du terme, mais son but et celui d’ O’Farrell (88e) sont nettement insuffisants, Flamion ayant assuré le succès tricolore à la 72e.
Après la piteuse élimination lors des éliminatoires de la Coupe du Monde 1950, l’équipe de France semble bien partie pour accrocher sa qualification pour le Mondial suisse…
La fiche technique
A Dublin, Dalymount Park, le 4 novembre 1953
Qualification pour la Coupe du monde 1954
République d’Irlande-France : 3-5 (0-2)
Buts : Glovacki (23e), Penverne (40e), Ujlaki (50e, 69e) et Flamion (72e) pour la France ; Walsh (53e sp, 83e) et O'Farrell (88e)
République d’Irlande : O’Neill - Dunne, Aherne, Farrell - Martin, O’Farrell - Moroney, Fitzsimons, Walsh, Ryan, Eglington.
France : Vignal - Gianessi, Marche, Penverne - Jonquet, Marcel - Ujlaki, Glovacki, Kopa, Flamion, Piantoni.
Arbitre : M. Francken (Belgique)
Spectateurs : 45000 spectateurs
Le grand témoin
Raymond Kopa : « Pas un match facile malgré le score »
« Je préfère retenir les dates importantes comme 1958 (année où la France a atteint les demi-finales de la Coupe du Monde) et les grandes victoires du Stade de Reims ou du Real Madrid. Je ne me rappelle donc que vaguement de ce match de 1953, hormis le fait que n’était pas un match facile à Dublin. (On lui rappelle qu’il avait délivré une passe décisive) Une seule ? Ça m’étonne, j’étais habitué en faire plus. Je me souviens surtout que cette époque a marqué la fin d’une génération. Il y avait des joueurs dans cette équipe de France qu’on n’a pratiquement plus revus après. C’était logique, compte tenu de l’arrivée des jeunes, comme moi, qui ont joué ensuite la Coupe du Monde 1954, puis la fameuse de 1958. »