
Divorce à la française

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Il y a aura forcément un avant et un après 4 septembre 2009 dans l’ère Domenech. Pour la première fois depuis sa nomination il y a cinq ans, le sélectionneur français a dû faire face, vendredi dernier, à un « soulèvement interne » d’une telle ampleur. Comme l’a révélé hier Le Parisien, la séance vidéo à la veille de France-Roumanie a viré au déballage entre le patron des Bleus et certains de ses cadres. Car, selon nos informations, la discussion ne s’est pas résumée à un face-à-face tendu avec Thierry Henry.
Après les provocations de Domenech et de son staff, qui leur reprochaient un manque d’implication lors de la séance à huis clos du jeudi, le capitaine s’est effectivement exprimé le premier. Mais d’autres joueurs ont ensuite pris la parole pour enclencher un débat sur le thème « Ça ne peut plus durer ».
En substance, les joueurs réclament une plus grande prise de risques, un peu moins d’un mois après avoir l’avoir péniblement emporté 1-0 aux Iles Féroé. Un schéma clair qui n’évolue pas trois fois par match, des idées directrices nettes et un jeu davantage porté vers l’avant, voilà ce que demandent Eric Abidal, Nicolas Anelka ou encore William Gallas. Le stoppeur d’Arsenal, avec le poids de ses 32 ans et 74 sélections, met en particulier l’accent sur la défense et le rôle des récupérateurs. Il est loin le temps où, après un Euro 2008 complètement raté, ces mêmes joueurs défendaient leur sélectionneur…
Comme un fait exprès, les Bleus livrent le lendemain leur prestation la plus aboutie depuis belle lurette. Seules une maladresse et une malchance chroniques les prive de trois points largement à leur portée, pour un match nul final (1-1) qui semble les condamner à disputer les barrages des éliminatoires à la Coupe du monde 2010. Quelques heures plus tard, Henry et Domenech se retrouvent côte à côte sur le plateau de Téléfoot. Encore plus taciturne qu’à l’accoutumé, l’attaquant barcelonais ressasse-t-il quarante-huit dernières heures éprouvantes ? Lui seul le sait. Et il est peu probable que la star du Barça livre plus d’éléments de réponse lors de la conférence de presse programmée à Belgrade mardi, veille du décisif Serbie-France.
Du côté des instances, l’affaire est un non événement. Tout juste une discussion de vestiaire comme il en existe partout et ne mérite même pas de démenti. Intercepté aujourd’hui à la sortie d’une réunion au siège parisien de la Fédération française, avec Henri Emile, Christian Karembeu et le directeur général de la FFF Jacques Lambert, le DTN Gérard Houllier a refusé de commenter les révélations du Parisien et refusé une quelconque remise en cause de l’autorité de Domenech. « Non il n'y a pas eu de réunion de crise ce matin, confirme Lambert. Si l'on faisait une réunion à chaque fois qu'on demande la peau de Domenech... Ce qui domine aujourd'hui c'est de l'incompréhension. »
De cet épisode, dont les conséquences ne seront connues qu’à l’aune d’une qualification ou non pour le Mondial, un constat s’impose. L’équipe de France a terriblement peur. De mal faire, de décevoir et, surtout, de rater l’avion pour l’Afrique du Sud. Pas les meilleures conditions pour préparer un match décisif chez des Serbes qui auront le couteau entre les dents dans leur stade Marakana. Une question reste en suspens : pourquoi les joueurs ont attendu autant de temps pour crever un abcès qui ne cesse d’enfler depuis le fiasco de l’Euro 2008 ? Du temps précieux a été gaspillé…