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Aymeric Laporte : ''Je pouvais prendre la nationalité espagnole, je ne l’ai pas fait''

EXCLU RMC SPORT. Appelé par Didier Deschamps pour les matches éliminatoires du Mondial 2018 face contre la Bulgarie et les Pays-Bas, les 7 et 10 octobre, Aymeric Laporte s’est longuement confié à RMC Sport, évoquant son intégration au groupe tricolore, les raisons pour lesquelles il n'a pas quitté l’Athletic Bilbao et son attachement au maillot bleu.

Aymeric Laporte, vous voilà en équipe de France. Enfin ?

C’est quelque chose d’extraordinaire. Quand tu vois l’évolution et quand tu vois les joueurs arriver au château (de Clairefontaine, ndlr), j’ai toujours eu envie d’être à cette place. Aujourd’hui, c’était mon tour et j’en suis très heureux et très fier.

Quels sont vos objectifs en équipe de France ?

Mon objectif est d’aider l’équipe. De pouvoir progresser personnellement aussi, échelon par échelon, et gagner du temps de jeu.

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Et vos qualités ? Votre style de jeu ?

J’essaie de sortir avec le ballon proprement. Au duel, j’essaie d’y être. Ça ne se joue pas sur un match, ni sur deux. J’espère prouver sur la durée ce que je vaux. Si je peux entrer, jouer et faire les deux matches, ce serait très bien. Il faudra voir ce qui se passe.

A quel âge avez-vous commencé à jouer au football ?

J’ai commencé à 5 ans, 5 ans et demi. J’étais à l’école, je jouais tout le temps au foot. J’allais n’importe où, je jouais au foot. Petit à petit, j’ai continué dans ce sport à Agen. Ensuite, en sport études, qui m’a éloigné un peu de la famille. Et puis par la suite à Bilbao.

Votre père vous a toujours poussé dans cette voie, dans cette passion...

Oui, ma mère aussi. Ils ont toujours insisté pour que je joue au foot. C’était ma passion. Les études n’étaient pas mises de côté. Ça a toujours été les études et le foot après… à part à mes débuts en première division.

Vous avez une ascendance basque, ce qui vous permet de rallier l’Athletic Bilbao…

La politique du club dit bien qu’à partir du moment où on est formé par un club basque depuis très jeune, cela suffit. C’est vrai que j’ai un arrière-grand-père qui est basque. Ça a aidé aussi. J’ai pu y aller aussi parce qu’ils m’ont repéré sur un match Aquitaine contre la sélection d’Euskadi.

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Vous n’aviez pas fait d’autres essais en France ?

Si. Il y en a eu plusieurs, dont Marseille, Toulouse et même Bordeaux. J’ai aussi décidé pour des raisons familiales, personnelles, que je préfère ne pas dire maintenant. Et ça s’est très bien passé. Je me suis éloigné un peu de tout ce qui m’entourait et je suis reparti sur une nouvelle vie, sur une nouvelle langue.

Vous aviez ce besoin de couper le cordon avec vos parents ?

Je vivais une situation difficile en famille. J’ai décidé de partir là-bas parce qu’ils me faisaient confiance et ils mettaient tout en valeur pour que je puisse y aller sans avoir à me préoccuper d’autre chose.

Etiez-vous préparé à aller en Espagne, à découvrir un autre pays, une autre langue ?

Je ne parlais pas du tout espagnol à l’époque. Après, oui, j’étais préparé parce que j’étais au collège de Miramont-de-Guyenne de mes 12 ans jusqu’à mes 15 ans. Je n’étais pas à la maison toute la semaine. Je ne rentrais que le week-end pour jouer les matches et laver les affaires. Ça s’est plus ou moins bien passé. Au début, c’était radical, je voyais beaucoup moins mes parents. J’ai su tenir. Ça fait partie de mon caractère. Je suis assez fort mentalement. En les voyant aussi par visio, c’était plus facile.

L’Athletic vous a chouchouté, vous a mis dans les meilleures conditions pour évoluer...

L’Athletic, ils m’ont tout donné. Ils m’ont tout donné pour que je puisse réussir. J’ai l’envie de continuer, de toujours progresser. Et voilà, aujourd’hui, je suis ici. J’ai accompli pas mal de choses. Ce n’est que le début d’une longue série, je pense. Enfin, j’espère.

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Le manque de reconnaissance en France à votre égard vous gêne-t-il ?

Je suis ici donc je suis très content. Je suis sélectionné en équipe de France, ça veut dire quand même que j’ai une reconnaissance ici en France. Au moins par l’entraineur, donc c’est une bonne chose pour moi et j’espère pouvoir démonter à tout le monde ce que je vaux.

Vous êtes reconnu comme un très bon défenseur de la Liga. On vous considère même comme une star...

Je ne le prends pas au premier degré non plus. Je suis une personne reconnue en Espagne, très appréciée de l’entraîneur et des joueurs. Cela fait cinq ans que je suis en première division. C’est une bonne chose pour moi. Après, avoir un statut ne doit pas me changer. Cela doit me permettre de prendre de la confiance et de continuer dans cette voie-là.

Le Barça mais surtout Manchester City et Pep Guardiola vous désiraient ardemment cet été. Pourquoi avez-vous refusé ce transfert, puisque c’est vous qui avez décidé de rester à Bilbao ?

Je l’ai déjà dit. L’Athletic, c’est un peu tout pour moi. C’était un peu pour les remercier. Ils avaient encore besoin de moi quelques années. Je suis content de pouvoir les aider à chaque match. Je suis encore jeune, j’ai le temps de progresser. On verra par la suite. Malheureusement, j’ai eu une blessure qui est arrivée au mauvais moment. Je savais qu’ils allaient bien prendre soin de moi, comme ils l’ont toujours fait. 

Y a-t-il un défaut dans votre communication ? On pense notamment avec cette histoire dans les médias espagnols où vous n’auriez pas fermé la porte à la Roja...

Vraiment, c’est pour faire le buzz. Chaque média joue son jeu. Je ne pense pas avoir parlé de la sélection espagnole en tant que premier objectif pour moi. Il y a même deux émissions en France où je suis passé et j’ai mis les choses au clair. D’ailleurs, je pourrais avoir ma nationalité espagnole et je ne l’ai pas prise. Ça fait sept ans et demi que je suis en Espagne. Au bout de cinq ans, tu peux la demander et je ne l’ai pas fait. Preuve que mon objectif était la France. Les médias ont envenimé les choses. Ça a eu de la répercussion en France et ça m’a porté préjudice. Ce n’est pas grave. Je suis là pour démontrer ma vérité. Je suis ici, je suis heureux. Même être remplaçant, ça me suffit. J’essaierai d’être titulaire, mais si je ne le suis pas, je suis quand même content d’être ici.

Jean Resseguié