Daniel Riolo: "Hollande contre la Famille du foot"

Retour sur la polémique autour des propos d’Hollande qui voulait "muscler les cerveaux" des footballeurs.

La famille du foot s’est donc retrouvée. Quel bonheur de voir les tontons, les tatas, les cousins qu’on n’avait pas vu depuis si longtemps. Dès qu’il y a du vent, on se resserre. C’est comme quand débarque l’étranger, il faut le chasser.

Cette belle famille, dans un bel élan « Hesselien », s’est indignée. Mais comment ça, c’est pas possible, quelle honte… Mais jamais. L’époque est à l’indignation bon marché. Et si possible sans savoir réellement pourquoi on s’offusque. Oui, c’est mieux de participer à l’hystérie collective et de se rencarder ensuite sur le sujet. « C’est bon, je me suis bien indigné là, tu peux me dire de quoi on parle ? »

Que nos joueurs ne soient pas tous des lumières, ok, mais de là à généraliser…

On parle de François Hollande, l’affreux président. Il a dit que tous les footeux étaient bêtes ! C’est une bonne synthèse ? Elle est à la hauteur des réactions non ?

Que nos joueurs ne soient pas tous des lumières, ok, mais de là à généraliser… ça, c’est la niveau global de la réplique. Sans oublier l’essentiel : « Les politiques feraient mieux de… » Et oui, c’est plus drôle de dénoncer une généralité en faisant la même non ?

Voilà, c’est ça l’hystérie collective dont je parle depuis plusieurs jours dans l’After. Je suis complètement largué moi. Ça va trop vite. On peut essayer de se poser deux minutes ?

Notre foot n’aime pas qu’on se mêle de ses affaires

Comme je disais mercredi soir à Christophe Dugarry qui s’est offusqué lui aussi : « Ce que dit Hollande, vous êtes, on est tous d’accord. Le problème, c’est que ça vient d’un homme politique, qui plus est incapable de gérer le pays depuis 4 ans. Ce qui gêne les anciens, c’est cette intrusion. C’est ça qui provoque cette réaction. » Sa réponse : « Pas faux » a confirmé ce que je pensais.

Essayons donc de sortir de l’outrance qui domine depuis la sortie du livre de Davet et Lhomme. Au moment où Hollande dit ça, on sort de 2010 et 2012. Je ne vais pas revenir sur la période. Mais à moins d’être absolument malhonnête, on sait bien que son propos est alors admis partout. Ses mots sont ceux de Deschamps, de Blanc, de tout le foot français à cette époque, la FFF, le DTN… Ah, mais quand c’est dit en famille, c’est bon. Venant de l’extérieur c’est interdit. Notre foot n’aime pas qu’on se mêle de ses affaires. C’est peut-être aussi pour ça qu’il marche à ce point à l’envers.

Aïe, ça aurait été tellement plus simple si ses mots avaient été dans le bouquin de Buisson

Les médias ont ensuite abondamment entretenu le barnum. Les réseaux sociaux et son tribunal populaire ont embrayé. Derrière les propos du Président, on sent bien qu’on tourne toujours autour de la même chose. A travers les footeux, certains sentent que c’est la jeunesse banlieusarde qui est visée. Les démago des plateaux doivent intervenir. Merde, comment on fait ? On tente facho où ça passe pas pour un mec du PS ? Aïe, ça aurait été tellement plus simple si ses mots avaient été dans le bouquin de Buisson ! Et oui, c’est toujours le même problème quand on veut parler des gens en fonction de ce qu’ils sont et pas de ceux qu’ils font. On s’enferme dans une rhétorique boueuse.

Au lieu de s’élever contre des propos hors contexte qui commencent, en plus, à dater, notre famille ferait bien de régler les multiples problèmes qui sont devant elle. D’abord si Hollande a dit ça, à cette époque, c’est aussi parce que nos dirigeants sont incapables de tenir leur institution (clubs ou fédé), et ça, ça n’a pas évolué.

L’actualité, le présent, les stades qui se vident. La gouvernance inexistante. La fronde dans cette famille retenue en otage par les présidents d’Auxerre, de Clermont, Guingamp !

Hollande a parlé, il y a longtemps. En réponse, notre petit foot français et ses suiveurs biens-pensants n’ont pas manqué l’occasion de plonger, une nouvelle fois, dans le ridicule.

Daniel Riolo