
France-Danemark: transparent à Séville, contesté en sélection... le long calvaire de Dolberg
Quel est le point commun entre Marco Bizot, Alban Lafont, Dan Delaunay et Alphonse Areola? Ce sont les seuls gardiens à avoir été battus par Kasper Dolberg en 2022. Car oui, l’avant-centre de 25 ans n’a inscrit que quatre buts cette année : en janvier contre Brest et Nantes en Ligue 1, en mars face à Versailles en demi-finales de la Coupe de France et plus récemment, en septembre, lorsque le Danemark a fait tomber la France en Ligue des nations du côté de Copenhague. Depuis, plus rien. Enfin, si, une traversée du désert qui s’étire encore et encore, à tel point qu’il pourrait prendre place sur le banc ce samedi face aux Bleus (17h).
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Mardi, son sélectionneur Kasper Hjulmand lui avait fait confiance en l’alignant contre la Tunisie (0-0) pour l’entrée en lice des Rouge et Blanc à la Coupe du monde au Qatar. Résultat : une prestation indigente, ponctuée de duels perdus et de mauvais choix en cascade jusqu’à son remplacement à l’heure de jeu. Les supporters du FC Séville n’ont sans doute pas été surpris. Prêté cette saison au club andalou par l’OGC Nice, Dolberg a traversé la première partie de saison tel un fantôme. Avec une seule passe décisive et pas le moindre but au compteur en huit apparitions toutes compétitions confondues. Et les chiffres ne disent pas tout.
Transparent à Séville
Sur le terrain, il donne parfois l’impression d’avoir perdu ses repères. Comme Julen Lopetegui, qu’il a remplacé en octobre sur le banc sévillan, le bouillant Jorge Sampaoli n’a pas encore réussi à réveiller un Dolberg méconnaissable depuis un long moment. Contre Copenhague (3-0), le 25 octobre, en Ligue des champions, l’ancien coach de l’OM l’a sanctionné en le sortant dès la mi-temps. Avant de lui offrir seulement 13 minutes de temps de jeu les cinq matchs suivants.
"Je l’ai vu à Nice, il avait une grande relation footballistique avec ses coéquipiers. Mais je ne vois pas cette relation ici, que ce soit culturellement ou physiquement", s'est récemment justifié Sampaoli.

Et d'ajouter, sans prendre beaucoup de pincettes: "C’est encore un jeune joueur, avec beaucoup de qualités, mais il doit mieux s’entendre avec ses partenaires. Ce n’est pas du tennis, c’est du football. Il y a 11 joueurs et ils doivent se comprendre. Ils doivent aussi comprendre le jeu. C’est difficile pour lui parce qu’il ne maîtrise pas l’espagnol, et il est timide... Mais il a beaucoup de qualités." A l’heure actuelle, difficile d’imaginer les dirigeants sévillans lever son option d’achat estimée à 20 millions d’euros. Recruté par le directeur sportif Monchi, qui voulait un véritable numéro 9 après avoir échoué à faire venir Raúl de Tomás cet été, Dolberg traîne le même spleen que sur la Côte d’Azur, qu’il pourrait retrouver dès cet hiver à en croire la presse espagnole.
Des épreuves sur le plan personnel
Cette signature en Liga devait permettre de relancer l’ancien buteur de l’Ajax, abonné aux coups du sort ces dernières années. En septembre 2019, il fait les gros titres de la presse sportive pour s’être fait voler sa montre dans le vestiaire par son coéquipier niçois Lamine Diaby-Fadiga. Un an plus tard, il est victime d’un vol de voiture puis subit un cambriolage. Des pépins physiques à répétition plombent en même temps la progression d’un joueur loué à ses débuts en Ligue 1 pour sa mobilité, ses remises, sa capacité à créer des espaces, son jeu de tête et son sens du but. Fin 2021, il révèle être atteint d’un diabète de type 1, une maladie chronique imposant un traitement à vie par l’insuline. Une nouvelle épreuve.
Dolberg, qui comprend que son quotidien va changer, a besoin d’un peu temps pour digérer la nouvelle. Il se rend notamment au Danemark pour recevoir les conseils d'un spécialiste. "Bien sûr que cela a été un choc dans sa vie personnelle, disait il y a un an Julien Fournier, alors directeur du football chez les Aiglons. Il ne connaissait rien de la maladie, il a fallu qu’il encaisse le coup mais ça n’aura aucune incidence sur la suite de sa carrière. (…) Je n’aime pas chercher des excuses, mais il a eu quelques circonstances atténuantes." Après avoir enchaîné des prestations encourageantes début 2022, son manque d’efficacité a vite relancé les critiques.
Christophe Galtier a fini par le sortir de son onze après l’échec en finale de la Coupe de France, et le public de l’Allianz Riviera s’est même mis à le siffler en toute fin de saison. Il n’en est pas encore là à Séville. Mais il sait qu'une Coupe du monde réussie pourrait lui permettre de sortir de cette période de doute. Et de faire les critiques qui commencent également à naître dans son pays. "Il a réussi à peu près autant de choses que le président de la Fifa, Gianni Infantino", écrivait le média danois B.T. après son calvaire de 64 minutes contre la Tunisie. Et ce n'était pas vraiment un compliment.