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France-Argentine: Messi et l'Albiceleste sur le toit du monde, malgré d'héroïques Français et un triplé de Mbappé

Poussée jusqu'aux tirs au but par une équipe de France aux ressources illimitées et par un triplé de Kylian Mbappé, l'Argentine a remporté ce dimanche la Coupe du monde 2022 (3-3, 4-2 tab). Auteur d'un doublé, Lionel Messi s'offre enfin le plus précieux des trophées, à 35 ans.

C’est un film que le monde entier (ou presque) voulait voir. Lionel Messi sur le toit de la planète foot, avec le maillot ciel et blanc. Ce film, le monde entier l'a vu. Et il a même eu droit à mieux: un blockbuster au scénario palpitant, des rebondissements à la pelle, et une bataille entre deux personnages hors normes. Après avoir atteint, encore et encore, les sommets en club et à titre individuel, mais avoir paradoxalement vécu de nombreuses désillusions en sélection – la plus grosse un soir de juillet 2014 à Rio de Janeiro – le septuple Ballon d’or a enfin touché le Graal du football international ce dimanche, en remportant la Coupe du monde 2022 et inscrivant au passage le doublé le plus important de sa carrière en finale. A 35 ans, Messi peut définitivement prétendre à une place à vie (même après) dans le cœur des Argentins, aux côtés de l’autre idole, l’autre Diez, Diego Maradona.

L’histoire serait belle en France aussi, si l’enfant de Rosario n’avait pas triomphé aux dépens des Bleus et au bout de cruels tirs au buts (3-3, 4-2 tab). Car ce dimanche soir, la joie argentine coïncide avec la détresse des Bleus. Si l’Albiceleste remporte une troisième Coupe du monde, c’est que l’équipe de France voit son compteur bloqué à deux. Et que le fantastique doublé 2018-2022 n'aura jamais lieu.

A l'image d'un Kylian Mbappé au regard vide à la fin de la rencontre - et réconforté par Emmanuel Macron en personne -, les tricolores se demanderont longtemps ce qu'ils auraient pu faire de plus dans cette rencontre d'anthologie. La réponse est complexe: à la fois beaucoup et pas grand-chose. Mbappé, lui, a signé un triplé historique qui lui permet de terminer meilleur buteur de la compétition, avec huit réalisations. Quant aux Bleus, ils auront eu le mérite de se donner le droit d'y croire, de se sortir des enfers après y avoir plongé la tête la première. En vain, malheureusement.

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La joie des Argentins après la séance de tirs au but
La joie des Argentins après la séance de tirs au but © Icon Sport

Une finale à sens unique... et puis la folie

Finalistes surprise malgré les absences, les virus et les vents contraires, les hommes de Didier Deschamps, à défaut de toujours briller, avaient donné l’impression d’être intouchables, voire insouciants, jusqu’ici. Cette fois, devant près de 90.000 spectateurs au stade de Lusail et des centaines de millions à travers la planète, la donne a été bien différente. Et l'équipe de France a longtemps, longtemps été insuffisante.

Alors que l’on pouvait penser que la pression serait davantage sur les épaules des Argentins, qui étaient en mission pour la Pulga et n’avaient pas gagné le titre en 2018, ce sont bien les Bleus qui se sont d'abord laissés dévorer par l’événement. Incapables de tenir le ballon, de réussir trois contrôles de suite et surtout de remporter leurs duels en début de rencontre, bousculés par l’agressivité de Rodrigo de Paul ou Enzo Fernandez, Hugo Lloris et ses camarades se sont fait punir dès le premier acte. Notamment par Angel Di Maria, qui a d'abord obtenu un penalty consécutif à un contact avec Ousmane Dembélé pour permettre à Messi d'ouvrir le score (1-0, 23e), avant de profiter dix minutes plus tard d'une perte de balle de Dayot Upamecano sur la gauche, d'un contre mené à la perfection et d’un service d’Alexis Mac Allister pour doubler la mise (2-0, 36e). On croyait alors la finale pliée. Ce n'était pas le cas.

Kylian Mbappé lors de France-Argentine
Kylian Mbappé lors de France-Argentine © Icon Sport

Kolo Muani en facteur X, Coman et Tchouameni malheureux

Didier Deschamps, conscient que rien ne fonctionnait, même pour le si précieux Antoine Griezmann, a tenté de secouer les troupes avant la pause, en faisant sortir Olivier Giroud et Ousmane Dembélé dès la 41e minute pour lancer Marcus Thuram et Randal Kolo Muani. Bien lui en a pris. Surtout pour le deuxième cité. S’il a fallu attendre la 68e pour voir l’ex-Nantais tenter le premier tir français de la partie (une tête non-cadrée), Kolo Muani a tout fait exploser dix minutes plus tard en poussant Nicolas Otamendi à la faute dans la surface. Kylian Mbappé, discret jusque-là, s’est chargé de la sentence (2-1, 80e) pour installer le doute dans les esprits adverses. Et y créer très vite la panique. Décalé à gauche sur l’action suivante, Mbappé y est allé de sa combinaison avec Thuram pour conclure d’une volée du droit, égaliser (2-2, 81e), et envoyer tout le monde dans une prolongation... tout aussi folle.

Si Lionel Messi, à bout portant, a redonné l'avantage aux Argentins malgré une superbe parade d'Hugo Lloris (3-2, 109e), Kylian Mbappé a encore permis aux Bleus de recoller peu après sur un nouveau penalty issu d'une main argentine (3-3, 118e). Un triplé en finale, comme l'Anglais Geoff Hurst en 1966, un 12e but en Coupe du monde à 23 ans. Mais pas de deuxième sacre, donc. Pas encore...

L'attaquant du PSG a lui inscrit son tir au but lors de la séance décisive, mais Kingsley Coman puis Aurélien Tchouameni ont échoué face au redoutable Emiliano Martinez. Qui, quelques instants plus tard, a pu prendre un coéquipier dans ses bras. Un homme au maillot floqué du 10.

Clément Chaillou