
Argentine-Arabie saoudite: un match au goût de polémique pour Messi, critiqué au pays
Ce n’est pour le moment qu’un match de football a priori très déséquilibré. La rencontre entre l’Argentine et l’Arabie saoudite, ce mardi (11h) lors de la Coupe du monde 2022 au Qatar, présente un caractère particulier pour Lionel Messi. L’attaquant argentin, septuple Ballon d’or en quête d’un premier sacre mondial, a signé en mai dernier un lucratif contrat avec l’état saoudien pour promouvoir le tourisme dans un plan d’ouverture au monde nommé "Vision 2030". Une année visée par le richissime état pétrolier pour accueillir la Coupe du monde 2030 dans une candidature commune avec l’Egypte et la Grèce.
Problème, l’Argentine devrait aussi officialiser, lors du prochain congrès de la Fifa, sa candidature conjointe avec l’Uruguay, le Paraguay et le Chili pour la même édition du Mondial, cent ans après le sacre uruguayen contre l’Argentine en finale (4-2). En 2017, Messi s’était associé à Luis Suarez, son ancien coéquipier uruguayen au Barça, pour promouvoir ce projet en portant un maillot floqué du numéro 20 pour lui, du 30 pour Suarez. Fernando Marin, coordinateur du dossier, avait alors confié son espoir de compter sur Messi pour y participer.
Un contrat à 30 millions d’euros par an, selon des sources
Son rôle d’ambassadeur avec l’Arabie saoudite est-il alors une pierre dans le jardin de sa propre nation? Son contrat ne concerne pas la candidature saoudienne pour le Mondial mais "celle-ci semble toute de même fortement liée à la vision globale et la promotion du tourisme contribue beaucoup à cette cause", estime le média britannique The Athletic, qui soulève cet embarassant conflit d'intérêt. Ces dernières années, l’Arabie saoudite s’est lancée dans une vaste campagne de sport washing (normaliser une image désastreuse avec de nombreuses atteintes aux droits de l’homme) en investissant massivement dans le sport (accueil de Grands Prix de F1, du Dakar, rachat de Newcastle, création d’une super ligue de golf, combat Joshua-Ruiz en 2019...).
Si le montant du contrat de Messi n’a pas été révélé, il pourrait atteindre près de 30 millions d’euros par an, selon certaines sources évoquant une somme cinq fois supérieure à celle refusée par le Portugais Cristiano Ronaldo pour le même rôle. Depuis, la star du PSG s’est rendue à plusieurs reprises en Arabie saoudite pour y vanter les mérites de la destination en postant de nombreux messages promotionnels sur Instagram où il compte 370 millions de followers. Contactés par The Athletic, ses proches ont refusé de préciser si son rôle comprenait également la défense de la candidature saoudienne pour le Mondial 2030. Ils n’ont pas réagi non plus aux critiques sur ce partenariat avec un pays épinglé par les ONG pour ses violentes répressions contre les personnes LGBT+, le conflit avec le Yémen ou l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi en 2018. En Arabie saoudite, la confiance serait de mise sur les chances de succès de la candidature, notamment après l’apparition de Mohammed ben Salmane, prince héritier d'Arabie saoudite, aux côtés de Gianni Infantino, président de la Fifa, lors de la cérémonie d’ouverture de la Coupe du monde.
Quelques voix commencent à s’élever en Argentine
En Argentine, le contrat entre Messi et l’Arabie saoudite ne fait pas encore trop de vagues alors que la priorité est de remporter le Mondial au Qatar. Certaines voix trouvent tout de même cela étrange. "Oui, honnêtement, mais bon..., confie Maxi Rodriguez, son ancien partenaire en sélection. Vous ne savez pas ce qui pourrait finir par arriver. Vous voulez que la Coupe du monde soit chez vous. Mais il y a beaucoup à faire car ce n'est pas facile d'être l'hôte d'une Coupe du monde. Nous verrons ce qui se passera lorsque l'hôte du tournoi sera élu. En tant qu'Argentins, nous aimerions revivre cela dans notre pays."
"Messi a un pouvoir unique sur et en dehors du terrain, conclut Fernando Marin, coordinateur de la candidature conjointe sud-américaine impliquant l'Argentine. Il a grandi de manière superlative. Messi est une marque en soi et très puissante. Il est une marque pour tout le football, pas pour les États. Il sera un élément fondamental d'une candidature sud-américaine pour 2030." Visiblement aussi pour l’Arabie saoudite.