
Bayern Munich: Lucas Hernandez, une reprise inquiétante
"Il ne bougera pas. Il va rester, c'est certain." Difficile d'être plus clair. Interrogé samedi dernier par Sky Sports Allemagne sur l'avenir de Lucas Hernandez, Manuel Garcia Quilon, l'agent de l'international français, a balayé d'un revers de main toutes les rumeurs de départ. Une mise au point franche (et nécessaire) alors que la presse espagnole évoquait récemment un intérêt du Real Madrid, où Zinedine Zidane apprécierait son profil. Mais à en croire son représentant, Lucas Hernandez reste donc déterminé à s'imposer au Bayern Munich, malgré une première année pour le moins délicate.
Transféré de l'Atlético pour 80 millions d’euros, le transfert le plus élevé de l'histoire de la Bundesliga, le natif de Marseille commence par manquer la pré-saison, la faute à une opération du genou droit subie en mars 2019. Sa reprise intervient début août et s'accompagne de six titularisations de suite, ainsi que d'un retour en équipe de France. Sa polyvalence lui permet d'évoluer aussi bien en défense centrale aux côtés de Niklas Süle ou comme latéral gauche. Son adaptation est toutefois freinée par une première petite alerte au genou droit début octobre qui le prive notamment d'un déplacement à Tottenham en Ligue des champions (7-2).
Une saison plombée par une nouvelle blessure
Pas de quoi inquiéter le joueur, qui se retrouve titulaire deux semaines plus tard lors d'une rencontre des Bleus contre la Turquie (1-1) dans le cadre des qualifications à l'Euro 2020. D'abord agacé, Niko Kovac, alors en poste au Bayern, remercie même Didier Deschamps de l'avoir fait jouer. Mais l'entraîneur croate va vite perdre son sourire. Le 22 octobre, Lucas Hernandez, s'écroule sur la pelouse de l'Olympiacos (3-0), touché à la cheville droite. De quoi passablement agacer ses dirigeants, qui décident de rejeter la faute sur Deschamps et son staff. "L'équipe de France a utilisé Hernandez contre la Turquie, contre la volonté du Bayern et du médecin de l’équipe. Je n’ai pas aimé cela, ça m’énerve", lâche Hasan Salihamidzic, le directeur sportif du club allemand.
Le joueur lui, doit à nouveau passer par la case opération. Et c'est donc depuis l'infirmerie qu'il assiste à l'éviction de Niko Kovac en novembre, puis au réveil du Bayern sous l'impulsion de son nouvel homme fort Hans-Dieter Flick. Il faut attendre début février pour voir Lucas Hernandez retrouver la compétition. Deux entrées en jeu, une titularisation, puis seulement quelques minutes arrachées ici et là jusqu'à l'arrêt des compétitions provoqué par l'épidémie de coronavirus. Rien de complètement anormal quand on sait que l'ancien protégé de Diego Simeone a dû digérer deux grosses blessures. Rien de scandaleux non plus au vu de la solidité retrouvée par l'ogre bavarois en défense. Problème, Lucas Hernandez n'a pas vu son temps de jeu beaucoup évoluer depuis la reprise de la Bundesliga.
Davies et Alaba paraissent inamovibles
Il a passé l'intégralité de la rencontre sur le banc face à l'Union Berlin (2-0), avant de se contenter de 18 minutes contre Francfort (5-2) et 6 minutes à Dortmund (1-0). Un total bien maigre pour un champion du monde de 24 ans recruté à prix d'or. Sa situation peut-elle s'arranger d'ici la fin de saison ? Cela s'annonce compliqué, Flick accordant une grande confiance à sa ligne Benjamin Pavard-Jérôme Boateng-David Alaba-Alphonso Davies. Ce dernier, vif, percutant et de plus en plus à l'aise dans les tâches défensives, ne cesse d'impressionner dans son couloir gauche à seulement 19 ans. Le renvoyer sur le banc sera tout sauf simple.
Capable également d'évoluer en charnière centrale, côté gauche, Lucas Hernandez se retrouve désormais derrière Alaba à ce poste. Repositionné dans l'axe depuis fin 2019, l'Autrichien a eu besoin d'un peu de temps pour trouver ses repères, mais il semble aujourd'hui quasi-inamovible. "Nous faisons confiance à notre quatuor défensif. Nous allons essayé de donner à Lucas la possibilité de jouer, c'est un joueur qui a beaucoup de coeur et il fait bonne impression à l'entraînement. Il faut une certaine stabilité. Il est clair que si les quatre de derrière fonctionnent bien, en tant qu'entraîneur, vous comptez sur cette sécurité", expliquait récemment Flick. Tant que le Bayern - leader avec 7 points d'avance sur Dortmund - empile les succès, le temps de jeu de Lucas Hernandez pourrait donc se limiter à des miettes.
Avant un changement au mercato ? Alphonso Davies a prolongé le mois dernier son contrat jusqu'en 2025 et sera évidemment déclaré intransférable. Reste à savoir si le Canadien entend poursuivre sa progression comme latéral gauche ou reprendre une position un cran plus haut sur le terrain. Quant à Alaba, son nom est régulièrement évoqué au FC Barcelone par la presse catalane, mais ce retour à son meilleur niveau pourrait changer la donne. Après avoir réglé le cas Manuel Neuer, le Bayern aimerait boucler la prolongation de son numéro 27 avec un nouveau contrat juteux à la clé, comme le rapporte le quotidien Bild. De quoi compliquer encore un peu plus les affaires de Lucas Hernandez ? A moins que cette situation lui permette plutôt de montrer qu'il peut se défaire de la concurrence, comme il a déjà su le faire à l'Atlético et chez les Bleus. Un beau défi.