
A Guingamp, au cœur de « Le Graët City »

Noël Le Graët - -
« Vous pouvez vous promenez dans la ville. Ici, 95% des personnes sont contentes de le voir accéder à la présidence de la FFF. » Maire de Guingamp de 1995 à 2008, Noël Le Graët fait l’unanimité – ou presque – dans ce gros bourg d’un peu plus de 8 000 âmes. Il ne faut d’ailleurs pas aller bien loin pour trouver les premiers partisans de l’ancien président de la Ligue. « Vous êtes venu pour notre victoire ? » sourit Laurence, qui gère la société de location de véhicules située près de la gare. La victoire de Le Graët contre Duchaussoy est certes la victoire d’un homme, mais elle remplit de fierté tous les Guingampais. « Tout ce qu’il a fait à Guingamp, il l’a réussi. C’est normal qu’on soit fier. Le fait que Guingamp soit allé aussi haut, c’est grâce à lui », se félicite Stéphane, arbitre dans la région.
Le Graët président de club depuis 1972, Le Graët ancien maire (PS), Le Graët grand patron… Entrer à Guingamp, c’est un peu entrer dans « Le Graët City ». Aujourd'hui à la tête du groupe familial agroalimentaire qui porte son nom et comprend huit entreprises, toutes basées à Guingamp (Celtigel, Fidèle…), le nouvel homme fort de la Fédération emploie 700 salariés et a bâti un empire au chiffre d'affaire de 150M€. « Il est parti de pas grand-chose, explique Madame Le Poulinec, ancienne secouriste au Roudourou et fan de la première heure de l’EAG. C’est un homme honnête. Il est loyal dans ses entreprises. Très impliqué malgré son travail. Ses employés n’ont pas manifesté leur mécontentement. C’est bien géré. »
Intelligent, charmeur, fédérateur, visionnaire, stratège
A bientôt 70 ans, Noël Le Graët, natif de Bourbriac, une petite commune proche de Guingamp, a grandi dans une famille modeste d'agriculteurs devenus ouvriers. Constatant très jeune sa différence avec les enfants de familles plus aisées, il n'aura de cesse de lutter pour gravir les échelons sociaux. Un esprit de revanche construit sur une éducation laïque et une idéologie ancrée à gauche. Son ombre est désormais partout. « Si vous trouvez quelqu'un qui le critique, c'est qu'il est de mauvaise foi », souligne Pierre Pasquiou, pourtant opposant politique.
Une fois les micros éteints, certains se risquent tout de même à « allumer » le personnage. On lui reproche pêle-mêle de faire la part belle au football, de vampiriser l’attention sur son club au détriment des autres dans la région, de ne pas assez augmenter ses employés… « Il a toujours réussi à placer ses hommes, glisse-t-on du côté du Bar des Sports. C’est avant tout un patron. D’ailleurs ici, certains le surnomment le petit Tapie breton ». Audacieux, vu les rapports exécrables entre les deux hommes. Présenté par ses proches comme « intelligent, charmeur, fédérateur, visionnaire, stratège », il croit très fort en lui. « S’il n’avait pas été sûr de gagner, il n’y serait pas allé », ajoute-t-on. CQFD.