
Grumier : "On ne se souvient que des mecs qui gagnent"
Gauthier, que pouvez-vous vous reprocher sur cette finale ?
Je ne fais pas un bon match, c’est tout. Je suis derrière tout le temps et quand je reviens à 14-14, il n’y a pas de raison que ça ne se fasse pas. Mais que voulez-vous que je vous dise ? Je perds 15-14, c’est encore plus dur qu’en 2010 à Paris (défaite 15-8 en finale contre l’Estonien Nikolai Novosjolov, ndlr). Je pense que c’est mon dernier championnat du monde. Finir sur une médaille d’argent, c’est bien, mais je ne serai jamais champion du monde en individuel dans ma carrière (il l’a été quatre fois par équipes, ndlr).
Ça reste formidable, à 31 ans, d’arriver à refaire ce que vous aviez fait à Paris…
C’est sûr. Là, je suis déçu de la finale mais quand l’émotion va retomber, je serai satisfait de cette journée. Avec la saison que j’ai faite : champion d’Europe en individuel et par équipes, vice-champion du monde… Ça aurait été bien de mettre cette dernière touche. On m’a toujours dit qu’on ne se souvient que des mecs qui gagnent. Moi j’ai perdu deux fois. Après, comme l’a dit Kennedy en présentant le programme lunaire : « On ne choisit pas des objectifs parce qu’ils sont faciles mais parce qu’ils sont durs. » Cet objectif-là était dur et je l’ai tutoyé deux fois. Je suis deuxième dans la course à la Lune.
« Pour Rio, tout est remis à zéro »
Il vous reste les JO de Rio l’an prochain…
Comme moi, vous savez que Rio est très compliqué. On a un groupe très dense et il n’y en aura que trois. Cette saison, on a gagné six Coupes du monde avec six vainqueurs différents. Même un titre européen et une médaille d’argent mondiale ne me garantissent rien. Au mois de septembre, on repart à zéro et je ne suis pas sûr d’être dans l’équipe de Rio. Ce sera le dernier objectif de ma carrière. A moi d’aller chercher cette qualification et essayer de ramener une médaille.
Avec la constance que vous avez montrée aujourd’hui, vous partirez sûrement avec une longueur d’avance…
Quand on est athlète, on aimerait que ça se passe comme ça mais imaginez que je fasse une saison de merde l’année prochaine. Qu’est-ce qu’on va dire à ceux qui auront fait mieux que moi ? « On ne te prend pas parce que lui est plus constant en championnat » ? Chacun à sa chance. L’entraîneur (Hugues Obry) l’a toujours dit et ça a toujours été le cas. Aujourd’hui, le champion du monde (Ulrich Robeiri) n’a pas eu le droit de défendre son titre. Il n’y a pas de passe-droit.