
TEST PES 2019: le grand retour, c’est maintenant !
C’est vrai, RMC Sport a pris son temps. Mais il le fallait. Pas forcément pour se démarquer à tout prix des autres mais parce qu’on voulait se donner le temps d’écumer en long, en large et en travers, avec les modes en ligne, qui plus est, ce PES 2019 disponible depuis une semaine désormais. Une semaine, c’était le laps de temps nécessaire pour déterminer, après plusieurs sessions de jeu, si le dernier-né de Konami avait le profil et la carrure pour jouer les cadors et retrouver son lustre perdu. La réponse est oui. Et voici le pourquoi du comment.
Une jouabilité intuitive et presque sans faille
Avant les louanges, les épines. Pro Evolution Soccer a toujours fait de la jouabilité et des sensations manette en main son credo. Sa marque de fabrique. Une marque qui durant une longue période – un passage manqué de la PS2 à la PS3 notamment – avait fortement décliné en même temps que le rival de toujours avait enfin réglé la mire, lui, niveau gameplay. Mais depuis 2015, son arrivée sur PS4 et la présence d’un nouveau moteur de jeu, promis, PES allait renouer avec son passé, sans renier les outils du présent. Après un épisode 2018 très prometteur, PES 2019 devait être le volet de la maturité pour ce projet, plus axé sur la jouabilité que sur un réel renouvellement de contenu (on y reviendra). Force est de constater que c’est le cas.

Certes (les épines), tout n’est pas parfait. Ici et là, un contre favorable. Ici ou là, un geste parasite, une animation un peu robotique, un élément pas beau à voir. Mais sur le rectangle vert, tous les joueurs évoluent avec cohérence, assurée par l’ajout de nouvelles gestuelles, qui donnent un aspect signature à des mouvements banaux : Messi qui crochète court comme… Messi, Neymar qui fixe son adversaire comme... Neymar, le Player ID (censé reproduire les gestes et l’attitude des stars du ballon rond) n’a jamais semblé aussi maîtrisé. Résultat, c’est avec plaisir qu’on place une frappe enroulée (et qu’on apprécie les angles de frappe à (re)découvrir ainsi que leur rendu), plaisir qu’on enchaîne les une-deux au milieu d’un entrejeu assez dense, plaisir qu’on élimine plusieurs adversaires dans un petit espace avec des dribbles plus réalistes et (un peu plus) appréciables à l’œil. Le maître mot est trouvé.
La prime à la construction, pas à la précipitation

Le mot plaisir est d’autant plus au centre du débat que le rythme de jeu, un brin alerte sur la précédente version, a baissé en régime. PES 2019 est un jeu lent, qui invite à poser le jeu, non pardon, l’impose sous peine de tomber dans un schéma stéréotypé et vite perdant sur la durée. Pour déstabiliser l’adversaire et contourner des défenses bien plus vigilantes dans l’axe (le grand point faible l’an passé), il faudra varier et privilégier le collectif à l’exploit individuel, possible mais suffisamment moins systématique et efficace (sauf contre un joueur relativement faible) pour mériter son terme d’exploit. Les duels pour la possession du ballon étant plus nombreux (et un peu moins scriptés), les stars du ballon rond ne sont plus intouchables et dans l’autre sens, conservent suffisamment de magie pour pouvoir faire la différence dans les zones-clés. Ces dernières semblent se situer beaucoup plus sur les ailes ou le combo centre-tête, déjà efficace sur PES 2018, reste tout aussi dévastateur.
Cet équilibre est aussi porté par le niveau des gardiens, revu à la hausse. Si les cagades ne sont pas rares (surtout en ligne, hélas), notamment dans certaines sorties dans les pieds, ces derniers présentent de meilleurs réflexes sur leur ligne et peuvent s’avérer, en forme et en fonction de leur niveau, parfois à la limite de l’infranchissable. Bref, changer régulièrement de schéma tactique et maitriser plusieurs formations de jeu s’avéreront indispensables pour aller jouer le haut du panier dans les compétitions en ligne, comme celui du tout nouveau MyClub.
Un mode MyClub enfin addictif
Si on s’attarde sur ce mode de jeu, c’est parce que c’est le seul (bon, bon, la Ligue des Masters a aussi changé, notamment niveau transferts, mais pas dans les mêmes proportions) mode à avoir bénéficié d’un soin tout particulier de la part des équipes de Konami et le seul sur lequel la firme japonaise a communiqué aussi avant la sortie. Pendant du mode Ultimate Team de FIFA, ce dernier, qui permet donc de monter l’équipe de ses rêves à travers des gains en matches ou du micro paiement, introduit des mécaniques présentes chez le rival: des compétitions en ligne le week-end, plus d’événements promotionnels à même de débloquer des packs de joueurs et des bonifications pour les joueurs ayant performé pendant la semaine, ces derniers étant désormais représentés sous la forme d’une carte (tiens donc). S’il est addictif (on ne se lasse pas des cinématiques accompagnant l’ouverture des packs ou l’acquisition d’un joueur), ce mode ne masque pas le vide de contenu de la licence, qui peine un peu à se réinventer dans ce domaine, là où le concurrent et son Coup d’Envoi à expériences multiples, varie les plaisirs dans les grandes largeurs.

Plus beau mais pas encore assez vivant
Initié en 2015, le FoxEngine (le moteur de jeu, tout droit venu du jeu d’infiltration à succès Metal Gear Solid) semble maitrisé et à maturité. Le logiciel Enlighteen le sublime encore plus et le graphisme de PES 2019, somptueux, prend toute sa pleine mesure sur un écran 4K. La modélisation des joueurs, toujours aussi poussée - malgré quelques ratés, tout de même, sinon ce ne serait pas drôle – est criante de ressemblance et confirme le savoir-faire de Konami en la matière. Ce dernier est moins évident en termes d’ambiance. En tribunes, on retrouve les mêmes banderoles qui faisaient le nombre dans les versions précédentes et si on reconnait quelques chants populaires, on n’est pas dans l’immersion la plus totale. C’est aussi le cas en ce qui concerne l’aspect extérieur du jeu: malgré de jolis efforts, l’interface n’est pas des plus engageantes. Le tout manque de chaleur, de vie. C’est désormais sur ce point-là que PES doit soigner sa copie.
VERDICT : Konami l’avait promis, PES referait surface un jour et pourrait opposer une véritable jouabilité à son concurrent. C’est chose faite. PES 2019 présente un football facile à prendre en main mais aussi exigeant et pointilleux à la fois, pour peu que l’on veuille en maîtriser toutes les spécificités et jouer à un bon niveau. La perte de la Ligue des champions ne constitue pas un frein ni l’absence de certaines licences (merci aux patches disponibles en ligne), tant le jeu arrive à déplacer le débat ailleurs et à le recentrer sur le plaisir de jeu. Mais si les licences peuvent passer, le manque de contenu et une interface encore sans dynamisme, eux, ont plus de difficultés à se faire oublier. Si PES est définitivement redevenu grand avec cet opus 2019, il faudra bien attendre le 28 septembre prochain (voire un peu après) pour savoir s’il est bien supérieur à FIFA 19. Et si l’absence d’un autre mode de jeu fort ne lui sera pas préjudiciable à l’arrivée.