Vandenbroucke, l’espoir déchu

Décédé ce lundi 12 octobre, Frank Vandenbroucke était considéré comme le cycliste belge le plus doué de sa génération. Mais entre affaires de dopage, problèmes privés et prise de cocaïne, VDB n’a jamais pu confirmer son immense talent.

« On perd le plus grand talent cycliste que la Belgique ait eu depuis Eddy Merckx ». Rodrigo Benkens sait de quoi il parle. Journaliste pour la RTBF, ce dernier a pu cotôyer de près le phénomène Vanderbroucke, né le 6 novembre 1974 à Mouscron. Un prodige qui a bien failli, dans son plus jeune âge, se tourner vers l'athlétisme. Mais VDB choisit finalement de se consacrer très tôt au vélo. Avec succès. A 18 ans, il remporte la médaille de bronze lors des Mondiaux juniors de cyclisme sur route à Athènes.

Pro en 1993, Vandenbroucke voit sa carrière prendre un tournant lors de son arrivée chez Cofidis six ans plus tard. Le Belge remporte, après l’avoir annoncé à qui veut l’entendre, la classique Liège-Bastogne-Liège. Deux succès d’étape sur la Vuelta viendront également bonifier une année réussie pour VDB. Mais 1999 marque aussi le début d’une ère d’instabilité dans sa carrière.

Après Cofidis, l’enfant terrible du cyclisme belge ne restera jamais plus d’un an dans la même équipe. Lampre, Domo-Farm Frites, Quick Step, Fassa Bortolo, Mr Bookmaker, Unibet.com, Acqua&Sapone, Mitsubishi-Jartazi et enfin Cinelli-Dow Under, les noms d’équipes s’alignent les uns après les autres sur son CV. « Ce n’était pas facile de suivre son parcours,  confie son ancien directeur sportif chez Cofidis Alain Deloeuil. Il voulait toujours être le meilleur. Ce n’était pas évident. »

« Le James Dean du cyclisme »

Sans équipe depuis le 31 juillet dernier, Vandenbroucke voulait revenir dans le peloton. L’intéressé était même entré en contact avec Aldo Sassi. L’actuel entraîneur du champion du monde australien Cadel Evans devait l’aider à retrouver la forme. « A 34 ans, ce ne sera pas évident de trouver une nouvelle équipe car tout le monde pensera que les vieux démons vont resurgir », avait reconnu VDB. Le Belge voulait probablement évoquer les différentes affaires de dopage dans lesquelles il avait été impliqué. En 1999, lorsqu’il avait été interpellé par la Police Française dans le cadre d’une enquête portant sur le docteur Bernard Sainz, médecin suspecté de fournir des produits dopants à des coureurs cyclistes. Ou en 2002, quand des produits interdits avaient été retrouvés à son domicile, obligeant par la suite la Ligue Vélocypédique Belge (LVB) à le suspendre pour 6 mois.

Vandenbroucke était également connu pour ses frasques. En 2006, alors qu’il venait d’être licencié par la formation Unibet, VDB n’avait pas hésité à aller courir en Italie sous un faux nom (Francesco Del Ponte) et une licence arborant une photo de… son compatriote Tom Boonen ! Fragile psychologiquement, considéré comme un consommateur de cocaïne, Vandenbroucke avait tenté plusieurs fois de se suicider. « Son nom était le plus souvent dans la page des faits divers que dans celles consacrées au sport, précise Rodrigo Benkens. Mais il était si attachant. Un jour, il m’avait dit qu’il était le James Dean du cyclisme. »

Si son oncle, l’ancien coureur Jean-Luc Vandenbroucke, n’évoque « qu’une demi-surprise », le décès de VDB a plongé le monde du cyclisme dans un état de choc. Joint par RMC Sport, Patrick Lefevere, son ancien manager général chez Quick Step, n’a pas voulu s’exprimer. Richard Virenque a fondu en larmes à l’annonce de la mort de son ex-coéquipier chez Domo-Farm Frites. Alain Deloeuil, lui, ne comprend pas. « C’est incroyable à expliquer. Frank avait l’air très bien. Il était consultant pour une télévision belge lors des championnats du monde de Mendrisio et ça s’était bien passé. Il cherchait une équipe pour 2010. Je ne m’explique pas ce drame. »

La rédaction - A.D (RMC Sport)