
Y.Madiot : "Pinot gagnera le Tour de France… un jour"

Thibaut Pinot - AFP
Yvon Madiot, qu’est-ce que Thibaut Pinot a montré aujourd’hui ?
Il a montré qu’il était dans les temps du tableau de marche qu’on a prévu ensemble. Au pied du col, il n’avait pas de bonnes sensations. Il a laissé passer l’orage et a géré sa montée. Il nous montre qu’il prend de l’expérience. Il gère ces moments difficiles et ça fait la différence dans le final.
Cette semaine, Thibaut Pinot est dans tous les coups. Avez-vous le sentiment qu’il a pris de l’envergure ?
Sa troisième place sur le Tour de France l’année dernière l’a conforté dans ses objectifs de gagner des grandes courses et ça l’aide beaucoup à gérer ses moments difficiles. Il a beaucoup progressé là-dessus, il est beaucoup plus calme et il est un peu plus sûr de lui, même s’il ne l’est pas encore à 100%.
Est-il devenu un vrai leader ?
Oui, il le dit et le revendique quand il y a des briefings. Il demande à certains de faire un travail précis. Il commence à demander des choses, comme le fait un leader.
Il est plus acteur…
On oublie que c’est un garçon qui n’a que 25 ans. Il est jeune, on lui en demande toujours un peu plus. Il faut lui laisser le temps. Il ne fait jamais deux fois la même erreur, il prend de l’expérience. Il fait de moins en moins de fautes. Il a encore besoin de prendre un peu de confiance. Il arrive là où on souhaite qu’il aille, c’est-à-dire avec les meilleurs.
« Il aime se battre avec les meilleurs »
Sa victoire au Tour de Romandie a-t-elle débloqué un verrou ?
Oui, ça a été très important pour lui. Il n’avait pas gagné depuis près de deux ans. C’est un coureur qui aime ça. Il aime se retrouver en face à face avec les meilleurs grimpeurs. C’est son essence et ce qui le fait avancer. Il adore se retrouver dans les situations où il se bat avec les meilleurs comme avec Contador sur le Tirreno-Adriatico ou Quintana sur le Tour de Romandie.
A deux semaines et demie du départ du Tour de France, comprenez-vous qu’il puisse y avoir une excitation autour de Thibaut Pinot ?
Je comprends l’attente des gens. L’année passée, on a été assez chanceux parce qu’il y a eu des victoires d’étapes de Français, Péraud deuxième du classement général et Pinot troisième. La couleur est annoncée du côté français. Ça a pris plusieurs générations mais des coureurs arrivent. Thibaut arrive gentiment avec les meilleurs. Il ne faut pas l’oublier. Ce sera un outsider très sérieux du Tour. Mais il peut se passer plein de choses, on l’a vu l’année passée avec les favoris. Il fait de moins en moins de complexes.
Est-il en mesure de gagner le Tour de Suisse ?
Je ne connais pas l’issue. On y croit un peu parce qu’on est en avance et on va se défendre au maximum. Geraint Thomas (deuxième à 47 secondes, ndlr) est un grand coureur et un spécialiste du chrono (un contre-la-montre individuel est prévu lors de la dernière étape). Spilak (3e) n’est pas très loin non plus. On va y croire, Thibaut a bien progressé dans les chronos. On va essayer de défendre le maillot jusqu’à dimanche. Il va défendre son truc.
Quel signal cela enverrait-il ?
Ne nous oubliez pas, on est là.
Dans le fond de votre tête, vous dites-vous : « Pourquoi ne pas gagner le Tour ? »