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Paris-Nice : La France veut réduire les pouvoirs de l’UCI

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L’AFLD, soutenue par le ministère et ASO, réclame une plus grande liberté de manœuvre dans l’application des contrôles antidopage sur les grandes épreuves françaises. A commencer par Paris Nice (3-10 mars), dont la présentation a lieu ce jeudi. Mais l’UCI n’entend pas se laisser faire.

La présentation de Paris Nice a lieu ce jeudi (11h), mais, à moins d’un mois de la première grande épreuve à étapes du calendrier UCI (du 3 au 10 mars), le dispositif antidopage de la « course au Soleil » est loin de faire le consensus. L’AFLD et la fédération internationale multiplient actuellement les navettes, par rendez-vous ou correspondances, entre Paris et Aigle. A la fin de la semaine dernière, une délégation de l’agence a fait le déplacement en Suisse. Au menu : Paris-Nice, le Critérium du Dauphiné, et bien sûr la 100e édition du Tour de France.
Le gendarme français de la lutte antidopage veut obtenir plus de pouvoirs dans la mise en œuvre des contrôles antidopage. Serpent de mer qui refait surface cette année à la faveur du discrédit jeté par l’affaire Armstrong, et la chute du Boss, sur l’UCI. Au ministère, on approuve discrètement. Sollicité, ASO ne nous a pas répondu. Mais selon nos informations, l’organisateur, qui est le principal bailleur de fonds des contrôles pendant le Tour, appuie l’initiative.

Revoir la stratégie des contrôles pré-Tour

Comme nous l’explique un responsable de l’AFLD, « la chaine doit être limitée au donneur d’ordres et au préleveur. Plus il y a d’intermédiaires, plus il y a risque de fuites ». Exit les officiels de l’UCI, donc. Autre revendication, l’accès aux résultats des prélèvements sanguins réalisés pour le passeport biologique. Jusqu’à présent, l’UCI a toujours refusé de livrer ces données, jugées, par l’agence, précieuses pour optimiser ses ciblages. L’organisation de Bruno Genevois souhaite enfin revoir la stratégie des contrôles pré-Tour, dans les semaines qui mènent à l’événement. Les aveux d’ex-dopés, comme Jörg Jaksche, appelé à témoigner lundi dans le procès Puerto, ont démontré que les autotransfusions étaient souvent effectuées à ce moment de la saison.

L’UCI ne lâche rien

L’UCI ne parait pas pour l’instant prête à lâcher du lest. Pat McQuaid, son président, nous confirme simplement « les discussions ». Le code mondial antidopage donne raison à l’Irlandais. Selon les textes, la fédération internationale peut décider de cantonner l’AFLD au rôle de simple prestataire, voire de s’en priver. Rien ne l’empêche d’envoyer ses propres préleveurs, ou ceux d’un prestataire privé comme IDTM, et de faire analyser les tests dans le laboratoire de son choix. C’est ce que fait l’ITF sur Roland-Garros. Le code du sport, entré en vigueur en 2010, qui harmonise la loi française avec le code mondial, rend dorénavant impossible un scenario à la 2008. Cette année-là, l’AFLD avait contrôlé le processus de A à Z. Et son travail avait été salué de tous. La ministre des Sports, Valérie Fourneyron, représentante du Conseil de l’Europe au comité exécutif de l’AMA en 2013, défendra l’idée d’une redéfinition des rapports entre les agences antidopage et les fédérations internationales. En attendant, l’AFLD se dit « déterminée ». On se souvient que l’an dernier, le dispositif pour Paris-Nice n’avait été validé que quelques jours avant le départ.

Louis Chenaille