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Liège-Bastogne-Liège : Poels crée la surprise entre les flocons

Au terme de la 102e édition de ce Liège-Bastogne-Liège, marquée par des conditions dantesques et un changement d’itinéraire au kilomètre 45 en raison des chutes de neige sur le parcours, Wout Poels (Sky) s’est imposé en costaud devant Michael Albasini et Rui Costa.

Ce 102e Liège-Bastogne-Liège, la doyenne des classiques ardennaises, avait démarré au quart de tour ce dimanche, avec une échappée formée par sept hommes dès le kilomètre 12, parmi lesquels les Français Nicolas Edet (Cofidis) et Jérémy Roy (Française des Jeux), ainsi que l’expérimenté Thomas de Gendt, vite rejoints par un huitième coureur, le Norvégien Laengen (IAM). Ces hommes compteront jusqu’à neuf minutes d’avance sur le peloton emmené par l’équipe de Dan Martin et Julian Alaphilippe, Etixx-Quick Step, favorite de l’épreuve. Une épreuve marquée par quelques chutes de neige, qui ont obligé les organisateurs à modifier le parcours au niveau du kilomètre 45, et par des chutes, sans gravité, notamment pour le double vainqueur du Tour de France, Christopher Froome, et par l’abandon de Tony Gallopin à 50 kilomètres de l’arrivée.

Le baroude pour un trio

Face à ces conditions météorologiques difficiles, le groupe de tête a eu du mal à résister au peloton et a perdu du temps notamment dans le col du Rosier. Et alors qu’il ne reste que deux minutes d’avances aux fuyards, l’Italien Di Marchi (BMC) attaque, comme pour conserver une chance de l’emporter, face au retour inéluctable du peloton. Thomas de Gendt et Nicolas Edet le suivent. Malheureusement, après quelques tentatives d’accélération de chacun d’eux, la machine Etixx-Quick Step ne fait qu’une bouchée de cette échappée qui aura tenu jusqu’à 20 kilomètres du but.

La décision dans la côte de la rue Naniot

Après une accélération du Colombien Betancur (Movistaar), les costauds s’expliquent dans les dix derniers kilomètres, marqués par la côte de Saint Nicolas et celle de la rue Naniot. Vincenzo Nibali craque, Simon Gerrans aussi. Diego Rosa en profite pour s’échapper, sans succès. Vient alors la côte de la rue Naniot et son fort pourcentage (10.5%). Et c’est finalement dans les derniers hectomètres, sur le faux-plat suivant, que Rui Costa (Movistar), Samuel Sanchez (BMC), Wout Poels (Sky) et Michael Albasini (Orica-GreenEDGE), 7e de la Flèche Walonne mercredi, se détachent. Les favoris, Valverde, Alaphilippe et Dan Martin sont battus.

La surprise Wout Poels

Au sprint, le Néerlandais Wout Poels règle ses adversaires et s’impose en costaud devant Michael Albasini et Rui Costa. Une première belle victoire dans une classique pour l’un des lieutenants de Christopher Froome, après sa quatrième place sur la Flèche Walonne mercredi. Grosse déception pour Julian Alaphilippe côté français, qui avait évidemment coché cette épreuve mythique mais qui termine au final 23e sur la ligne. Battu par Alejandro Valverde dans la semaine, le grand espoir de l’équipe Etixx Quick-Step n’a pas eu le coffre pour suivre le groupe de tête, et pourra regretter d’avoir démarré trop tôt, à 3.5 kilomètres de l’arrivée. Il ne sera donc pas le successeur de Bernard Hinault, dernier vainqueur tricolore sur Liège-Bastogne-Liège en 1980.

"Un sport de chien des fois"

Sa réaction après la course était d'ailleurs à la hauteur de sa déception : "Quand on regarde des journées comme aujourd’hui on se dit que c’est vraiment un sport de chien des fois. Sans déconner, la grêle, la neige, les températures basses, la pluie. Personnellement c’est la première fois que je roule sous des conditions pareilles. Je suis content d’avoir fini, ça aurait pu être pire, c’est ce que je me dis, c’était vraiment une course dont je vais me rappeler toute ma vie je pense."

"On peut être fier de terminer"

Une frustration, concernant les conditions météorologiques, partagée par Warren Barguil, tout de même fier d'être arrivé 6e et premier français : "On se dit qu’on est un peu con de faire du vélo, puisque je me dis qu’en Bretagne il fait 18 degrés. Il y en a qui sont en train de se faire des barbecues et moi je suis en train de me geler les miches sur mon vélo. Après c’est un plaisir quand on a un résultat comme ça à l’arrivée. C’est sûr que sur le moment c’est un peu embêtant mais à l’arrivée on est fier de nous-mêmes. Tous ceux qui ont terminés aujourd’hui peuvent être fiers, braver ces conditions météo là il faut avoir du mental."

Damien Chédeville