L’incroyable triplé de Gilbert

Particulièrement attendu après ses deux victoires dans l’Amstel Gold Race et la Flèche Wallonne, Philippe Gilbert s’est imposé sur Liège-Bastogne-Liège, sa troisième « ardennaise » en huit jours. Une première depuis 2004 et le triplé de Davide Rebellin.

Il se savait attendu. Epié. Véritable épouvantail des classiques ardennaises, Philippe Gilbert était l’homme à abattre. Déjà vainqueur de l’Amstel Gold Race et de la Flèche Wallonne, l’homme d’Omega Pharma-Lotto a récidivé ce dimanche pour son premier succès sur Liège-Bastogne-Liège, la Doyenne des classiques. Et de quelle manière ! Après une attaque dans la côte de la Roche-aux-Faucons, Gilbert s’est retrouvé isolé en compagnie des frères Schleck. Le temps de reprendre et d’éliminer un par un les membres de l’échappée matinale - Van Avermaet a été le dernier à résister - et voila le jeune homme de 28 ans sur une rampe de lancement royale.

Cette huitième victoire en classique lui permet d’imiter l'Italien Davide Rebellin, seul homme à avoir réalisé pareille performance dans les classiques vallonnées en 2004. Elle lui permet également de succéder à Franck Vandenbrouck, dernier vainqueur wallon en 1999. « C’est incroyable. Cette journée était fantastique, sourit l’heureux vainqueur. J’ai vu de nombreux supporters me soutenir dès ma descente du bus. Je n’ai pas de mots. C’est de loin le plus beau jour de ma vie sportive. »

A.Schleck : « Il est imbattable »

Philippe Gilbert réussit là où Fabian Cancellara, grand favori des flandriennes, a échoué il y a quelque semaines. Troisième sur le Tour des Flandres et deuxième sur Paris-Roubaix, le Suisse avait à chaque fois buté dans l’emballage final. En refusant de subir, Gilbert n’a pas connu la même mésaventure, même si sa tête était mise à prix. D’où son hommage appuyé aux frères Schleck, qui l’ont accompagné dans le final. « Ils savaient que ce serait difficile de me battre, mais ils ont joué le jeu à fond, explique-t-il. Ce sont des coureurs avec beaucoup de classe, au contraire d’autres qui ont essayé de me faire perdre. Je voulais aussi gagner pour ceux qui voulaient me barrer le chemin. » Presque fataliste, Andy Schleck reprend : « Je me sentais bien, mais il y a eu un problème Gilbert, a déclaré dans un sourire le Luxembourgeois. Nous étions deux, mais même à trois, quatre, cinq, il est imbattable. C’est le plus fort. »

Ce Liège-Bastogne-Liège referme également la page des classiques, confirmant au passage la suprématie des Belges dans ce domaine avec cinq victoires (Nuyens sur le « Ronde » et Vansummeren à Roubaix) en autant de courses. Pour Gilbert, la suite de la saison devrait le mener vers un Tour de France qu’il retrouvera pour la première fois depuis sa 112e place en 2008. Avec un objectif : une victoire au sommet du Mur de Bretagne, lors de la 4e étape. Un final de type « classiques » taillé pour lui.

P.Ta. avec G.Q. à Ans