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Tygart : « L’UCI doit tenir ses promesses »

Travis Tygart

Travis Tygart - -

Le patron de l’USADA, l’agence américaine antidopage, était à Paris ce jeudi à l’invitation de la commission du Sénat sur l’efficacité de la lutte antidopage. Travis Tygart, le tombeur de Lance Armstrong, indique que l’enquête n’est pas terminée et dénonce l’immobilisme de l’UCI.

Travis Tygart, espérez-vous encore recevoir les aveux de Lance Armstrong?

A ce stade non, mais on espère bien un jour que oui. On lui a donné la possibilité de le faire en juin dernier. Ça a été le pire moment de l’enquête parce qu’on était convaincu, et on l’est toujours, qu’il a des informations déterminantes pour l’objectif n°1 de notre travail : démanteler ce système qui est allé au cœur du cyclisme.

En avez-vous fait une affaire personnelle ?

Non, Lance a essayé d’en faire un combat personnel. C’était leur stratégie de communication. Il nommait les témoins, comme Tyler (Hamilton), Betsie (Andreu), moi-même. Mais de mon côté, il n’en n’a jamais été question. On lui a donné les mêmes possibilités de venir parler, il aurait pu conserver certains Tours, réduire sa suspension, donc… Pour nous, il est question d’un système d’organisation qui a permis à cette culture du dopage de se développer.

L’affaire est-elle close pour l’USADA ?

On est convaincu qu’Armstrong détient des preuves de l’implication de l’UCI dans cette affaire sordide. L’enquête est en cours, mais l’UCI continue à se mettre en travers de notre chemin. Ils ne veulent pas nous donner les échantillons de trois anciens partenaires d’Armstrong.

Qu’en est-il de Johan Bruyneel, l’ex-directeur sportif d’Armstrong ?

Je ne peux pas parler d’un dossier en cours.

Le gouvernement américain a ouvert une enquête contre Armstrong. Qu’en pensez-vous ?

C’est exactement ce qu’il fallait faire et c’est ce qu’on leur a demandé de faire. Il n’est pas question que d’Armstrong mais des gens qui étaient derrière lui. Ils ont monté cette équipe en sachant qu’il y avait du dopage et en récupérant des millions de dollars de l’Etat fédéral et donc de la population. On parle d’un détournement massif. On espère que les citoyens américains auront la possibilité de récupérer l’argent.

Comment se sont passées vos relations avec l’AFLD, puisque c’est en partie la raison qui explique votre présence au Sénat ?

On a eu une très bonne coopération avec l’AFLD. On a pu avoir accès aux échantillons du Tour de France 1999 qui se sont avérés être des éléments déterminants du dossier, couplés aux témoignages de Hamilton et d’autres. On a bénéficié d’un niveau de soutien élevé avec Pierre Bordry (l’ancien président de l’AFLD). Si on pouvait l’avoir avec nous… On ne pouvait pas demander plus.

Quel est votre sentiment six mois après la destitution d’Armstrong ? Voyez-vous un changement ?

L’UCI, il y a six mois, a dit qu’elle allait prendre la mesure de ce qu’il fallait faire pour nettoyer son sport. Aujourd’hui, tout ce qu’ils ont fait, c’est de démanteler la commission d’enquête au moment où elle commençait à travailler indépendamment. L’UCI doit tenir sa promesse de prendre les décisions décisives. Le sport ne peut plus attendre.

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