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Tour de France (20e étape) : Quintana, le temps des regrets

Nairo Quintana à l'attaque devant Chris Froome

Nairo Quintana à l'attaque devant Chris Froome - AFP

Deuxième ce samedi à l’Alpe d’Huez derrière Thibaut Pinot, Nairo Quintana (Movistar) a fait trembler le maillot jaune Chris Froome dans les derniers kilomètres de la mythique ascension finale. Le Colombien termine le Tour à 1’12’’ du Britannique. Trente secondes de moins que ce qu’il avait perdu avant la haute montagne.

On avait enterré le Tour sur la route de La Pierre-Saint-Martin, soufflé par la bombe Chris Froome. On l’a ressuscité dans les derniers kilomètres de l’Alpe d’Huez. Devant, Thibaut Pinot filait vers la victoire de prestige qui sauve son Tour. Derrière le Français, une puce colombienne faisait renaître le suspense. Et trembler le maillot jaune. Parti dans la mythique montée finale derrière une première banderille signée de son équipier Alejandro Valverde, après un premier essai à deux dans le col de la Croix de Fer, Nairo Quintana s’offrait un raid de panache et d’honneur.

Au fil des minutes, l’écart grimpait. 30 secondes. Une minute. Puis près de 1’30’’. Le débours n’ira pas plus loin. Au final, 1’26’’ concédé bonifications comprises. Trop court pour rattraper un Froome qui comptait 2’38’’ d’avance avant cette 20e étape. Trop tard, surtout. Car le grimpeur de poche a montré qu’il y avait bel et bien la place pour titiller le Britannique. Pour la deuxième fois après 2013 (déjà derrière Froome), Quintana termine deuxième du Tour et ramène le maillot blanc de meilleur jeune sur les Champs-Elysées. Bon bilan. Qui ne fera pas oublier les regrets. « Naironman » va finir à 1’12’ du vainqueur de la Grande Boucle. Moins que le retard accumulé par le Colombien… avant la haute montagne !

Temps perdu sur Froome avant la haute montagne ? 1’41’’

Froome lui avait pris 11 secondes lors du contre-la-montre individuel du premier jour. Puis 1’28’’ dans le vent et la pluie d’une deuxième étape sur la route de Zélande. Et 3 secondes dans le chrono par équipes en Bretagne. 1’42’’ au total. Cruelle frustration. Attendu en troisième semaine, où il fait souvent fort dans les grands Tours, le grimpeur colombien n’a pas déçu. Depuis l’arrivée dans les cimes, et malgré la démonstration de son rival dans la première étape pyrénéenne, Quintana aura été le plus fort. Mais il n’y a pas que les cols dans la vie. Le Tour peut se perdre ailleurs. La preuve cette année.

Au-delà du constat chronométrique, les regrets du Colombien trouveront racine dans la manière. Si les Movistar ont plutôt bien couru cette dernière étape des Alpes, cela n’a pas souvent été le cas sur ce Tour. Si Valverde avait laissé Froome et les Sky prendre leurs responsabilités au lieu de rouler systématiquement derrière Alberto Contador et Vincenzo Nibali pour protéger sa troisième place (qu’il a conservée), qui sait si le maillot jaune n’aura pas pu perdre du temps ailleurs ? Avec le recul, le coup de force de Froome à La Pierre-Saint-Martin ressemble même à un coup génial. Tout donner sur la première étape de haute montagne pour faire peur à des adversaires qui avaient pourtant les moyens de l’embêter. On ne saura jamais vraiment si Quintana n’était pas le plus fort sur ce Tour. Mais on aura une certitude. Le plus malin s’appelait bien Chris Froome. « Ce ne serait pas un échec de terminer deuxième, expliquait le Colombien lors du deuxième jour de repos. Et si je n’arrive pas à passer Chris, il me restera encore d'autres occasions à l'avenir pour me couvrir de jaune ! » Rendez-vous l’an prochain.

Alexandre Herbinet