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Tour de France 2016 - Prudhomme: "Ça peut se jouer partout"

Le parcours du Tour de France 2016 a été dévoilé ce mardi à Paris. Christian Prudhomme, directeur de la Grande Boucle, détaille le tracé de la prochaine édition, forgé pour les grimpeurs avec neuf étapes de montagne et un des deux contre-la-montre individuels qui se déroulera dans les Alpes.

Un parcours plus ou moins difficile qu’en 2015 ?

« Ça dépend beaucoup de ce que les coureurs en font. Il y aura un peu plus de cols que l’an dernier, en revanche moins d’arrivées au sommet. Contrairement à l’an passé où la montagne était concentrée dans la seconde partie du Tour, là, l’éventail a été ouvert au maximum. Il y aura des terrains sportivement probants quasiment dès le départ et jusqu’à la fin, avec l’arrivée à Morzine par le redoutable col de Joux Plane à la veille des Champs-Elysées. On a voulu ouvrir au maximum le champ des possibles pour que la décision puisse se faire dans de nombreuses étapes et que ce ne soit pas écrit d’avance. »

Le Mont Blanc comme star du Tour

« Le Mont Blanc juste avant les Champs-Elysées, ça a pour moi une allure formidable. Nous allons vraiment tourner autour, arriver par la Suisse avec une ligne d’arrivée tracée au barrage d’Emosson, absolument splendide, avec les neiges éternelles juste à côté de nous. Ça va être absolument magnifique. Quand on est dans la montagne, on sait que c’est dur et si en plus on a un terrain absolument sublime, ça ne peut qu’ajouter au cadre et au charme du Tour de France. »

L’absence de pavés

« Les pavés sont rares dans le Tour de France. On les a pris ces deux dernières années car on était dans le Nord. Cette année on ne va pas dans le Nord. La limite du Tour de France, c’est 3500km, donc on ne peut pas aller partout. Ils reviendront quand le temps sera venu. »

Deux contre-la-montre individuels, dont un en montagne

« L’année dernière, avec 14km de contre-la-montre, on était dans une limite jamais vue. Depuis l’instauration du contre-la-montre, il n’y avait jamais eu si peu de chrono individuel. Là, on revient à deux chronos, pour un total de 54km. C’est exactement la même distance qu’il y a deux ans, sauf que c’était sur une seule étape. Là, il y a deux chronos sélectifs. L’un dans les gorges de l’Ardèche qui va être absolument splendide, fait pour des hommes forts puisqu’il faut être bon rouleur et bon grimpeur. Et le deuxième entre Sallanches et Megève, avec le Mont Blanc en figure de proue, qui passera par des lieux mythiques du cyclisme, avec l’exploit de Bernard Hinault champion du monde par la côte de Domancy en 1980 qui sera au programme de ce contre-la-montre court et dense. On n’a sans doute pas fait un chrono comme ça en montagne depuis celui de l’Alpe d’Huez il y a une dizaine d’années (remporté en 2004 par Lance Armstrong, déchu depuis de ses sept victoire sur le Tour, ndlr). Il s’ouvrira vraiment aux hommes forts du Tour de France, aux prétendants. »

Un Tour pour grimpeurs

« C’est toujours un Tour de France pour grimpeurs. Si on n’est pas grimpeur, on ne peut pas gagner le Tour de France. Dans le passé, on nous disait qu’Eddy Merckx résistait aux grimpeurs, mais ce sont plutôt les gars qui essayaient de résister à Eddy Merckx. On a tendance à inverser les choses. Bien sûr qu’il faut grimper pour gagner le Tour de France. Il faut surtout être un homme constant, avoir des qualités physiques et nerveuses formidables pour résister pendant trois semaines. On n’en a pas forcément conscience. L’année dernière, ça s’est joué au moins autant dans le vent de la Zélande (Pays-Bas) dès le premier dimanche qu’ensuite dans la montagne. Ça peut se jouer partout. »

Des cols dès le 5e jour dans le Massif Central

« Ça va permettre aux coureurs qui ne sont pas dans les trois ou quatre grands favoris du Tour de France de s’exprimer, d’oser, de tenter. Il y a vraiment sur la première semaine du Tour des possibilités d’expression pour ceux qui sont juste derrière, qui peuvent se dire : "moi j’y vais, sachant que les trois ou quatre grands favoris n’iront pas". C’est fait pour ça, à la manière de 2011 avec l’épopée de Thomas Voeckler. Qu’un coureur, qu’il soit Français ou pas, prenne un peu d’avance dans les premières étapes et gère au mieux son pécule pour entretenir le suspense jusqu’au bout. Nous voulons aussi montrer qu’en dehors des Alpes et des Pyrénées, qui sont incontournables, il y a d’autres terrains de jeu et d’expression formidables. »

Georges Quirino