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Tour de France 2013 - Prudhomme : « Du suspense jusqu’au bout »

Christian Prudhomme

Christian Prudhomme - -

La 100e édition du Tour de France a été dévoilée ce mercredi. Son directeur, Christian Prudhomme, détaille les grandes étapes de ce cru 2013. De la Corse à l’Arc de Triomphe en passant par l’Alpe d’Huez… sans oublier l’affaire Armstrong.

Christian, pour le parcours de cette 100e édition du Tour de France, il fallait apporter des nouveautés marquantes…

Il y avait surtout la volonté de trouver un écrin formidable à la compétition. Le Tour de France passera par exemple au Mont-Saint-Michel ou à Versailles mais surtout, il partira de Corse, cette fameuse Île de Beauté dont chacun comprendra pourquoi on la surnomme comme ça. Dans les derniers jours du Tour, sur les trois dernières étapes hormis Paris, il y aura trois étapes de montagne consécutives, ce qui n’était jamais arrivé dans l’histoire du Tour. On escaladera le même jour l’Alpe d’Huez à deux reprises, avant une arrivée parisienne qui sera encore plus forte qu’à l’ordinaire puisqu’on arrivera un peu plus tard, juste avant la nuit, au soleil couchant, et que les coureurs feront pour la première fois le tour de l’Arc de Triomphe en haut des Champs-Elysées.

Quelles sont les grandes difficultés que contiendra ce parcours ?

Il y a déjà une première semaine, et surtout une entame avec le relief corse c'est-à-dire la « montagne dans la mer », qui seront évidemment importantes et qui vont nous permettre dans les deuxièmes et troisièmes étapes d’offrir des parcours de moyenne montagne. Assurément, ça ne finira pas avec un peloton groupé de 200 coureurs... Il y aura par la suite un massif pyrénéen avec deux très belles étapes dont une arrivée au sommet du plateau de Bonascre à la station d’Ax 3 Domaines. Il y aura le mont Ventoux, un géant du Tour de France, et comme je l’ai dit précédemment, les trois étapes de montagnes consécutives avec l’Alpe d’Huez à deux reprises.

« L’Alpe d’Huez, une étape marquante »

Justement, cette double ascension sera-t-elle l’étape reine du Tour de France 2013 ?

Ce sera assurément une étape marquante, assez courte (168 kilomètres) et qui partira de Gap. Il y aura le col d’Ornon avant d’arriver à Bourg-d’Oisans. Par la suite, on trouvera une des grandes nouveautés de cette 100ème édition, avec cette montée de l’Alpe d’Huez. Mais pas sur 21 virages, mais 42 ! Puisqu’après la première montée, on ira tout droit dans l’Alpe d’Huez, on montera au-dessus de l’Altiport jusqu’au col de Sarenne, qui est à 1999 mètres. Puis, on plongera dans un univers complétement différent d’un seul de coup. Ca va vraiment se jouer à pile ou face, et c’est ça qui est aussi beau et extraordinaire. On va passer de la folie de la montée à un univers en pleine montagne que je ne connaissais même pas ! On plongera vers le barrage du Chambon qui est à côté de la station des Deux Alpes et on reviendra à l’Alpe d’Huez. Ça va être à l’évidence une journée marquante. »

Y a-t-il une volonté de redonner un coup de fouet sur le Tour avec ces dernières étapes très denses, par rapport aux dernières années ?

On veut effectivement qu’il y ait du suspense jusqu’au bout. C’est la première fois depuis 1975 que l’on installe le deuxième contre-la-montre du Tour si loin de l’arrivée finale, c'est-à-dire le mercredi, avec trois étapes de montagne consécutives derrière. Le regretté Laurent Fignon disait souvent : « Lorsque l’on met trois étapes consécutives, il ne se passe jamais la même chose lors de la dernière étape. » Coup de chance, ce sera justement à la veille de l’arrivée à Paris sur les Champs-Elysées. Durant ces trois jours, il y aura également l’Alpe d’Huez, et l’arrivée au mont Semnoz sur une étape très courte que l’on espère très dense et nerveuse. Les 11 kilomètres de montée à 8,5% de moyenne au-dessus d’Annecy vers le Semnoz, c’est clairement fait pour être la dernière grande bataille du Tour à seulement 24 heures des Champs-Elysées.

« Les managers doivent être des garde-fous »

Dans ce contexte particulier avec le cas Armstrong (déchu ce lundi par l’UCI de ses sept titres sur le Tour), vous avez voulu délivrer dans votre présentation un message aux managers du Tour…

Le monde du vélo travaille depuis plusieurs années déjà pour un vrai changement culturel, mais ça ne va pas encore assez loin. Les manageurs doivent être des garde-fous au sens propre. Ce que font les managers du Mouvement Pour un Cyclisme Crédible (MPCC) est quelque chose qui nous va parfaitement bien. Les règles que s’imposent les managers des équipes qui font partie du MPCC sont plus dures que les règles de l’Union Cycliste Internationale (UCI) mais aussi de l’Agence Mondiale Antidopage (AMA). Il nous semble, ce serait en tout cas très bien, que de plus en plus de managers et d’équipes les appliquent. C’est l’avenir. Je veux dire à ceux parmi les managers qui ont pu avoir peur ces dernières années, qu’ils ne doivent plus avoir peur, que le Tour sera à leurs côtés. La seule manière de changer vraiment la culture, c’est précisément de s’appliquer des règles draconiennes comme celles que s’appliquent depuis cinq ans les membres du MPCC. 

Propos recueillis par Georges Quirino