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Tour de France (19e étape) – Le sursaut d’orgueil de Nibali

Vainqueur ce vendredi au sommet de la montée vers La Toussuire, Vincenzo Nibali signe son premier succès sur le Tour 2015. Une victoire à la pédale qui montre le caractère du champion italien, vainqueur de la Grande Boucle l’an dernier, qui a dit depuis longtemps adieu à ses rêves de jaune.

En Sicile, le requin ressemble à un ours. Ne jamais vendre sa peau avant de l’avoir tué. Champion à l’orgueil immense, Vincenzo Nibali n’est homme à sombrer quand les choses ne vont pas. Le coureur italien préfère laisser passer l’orage et relever la tête. Avant de montrer qu’il ne fallait pas l’enterrer trop tôt. Vainqueur du Tour 2014, le leader de l’équipe Astana a depuis longtemps abandonné ses rêves de maillot jaune sur l’édition 2015. La première semaine, supposée parfaite pour ses qualités, ne lui a pas souri. Les Pyrénées et le début des Alpes non plus.

Mais on sentait le « requin de Messine » plus offensif ces derniers jours. Les jambes de retour et l’envie d’attaquer qui refait surface. La récompense se trouvait au sommet de la montée vers la station savoyarde de La Toussuire. Où Vincenzo a signé ce vendredi sa cinquième victoire d’étape sur la Grande Boucle, la première cette année après les quatre de l’an dernier. Un succès à la pédale et au panache. Il faut d’ailleurs tout de suite évacuer un sujet. Le moment choisi par Nibali pour attaquer dans le col de la Croix de Fer, principale difficulté du jour.

A l’attaque quand Froome gère un problème de dérailleur

Quelques secondes avant, Chris Froome apparaît scotché sur le bord de la route. Problème de dérailleur. Vu l’image, on penche pour un saut de chaîne provoqué par un changement de vitesse en montée. Une erreur de cadet similaire à celle d’Andy Schleck dans le port de Balès en 2010. A l’époque, Alberto Contador – plus tard convaincu de dopage sur ce Tour – en avait profité pour flinguer le Luxembourgeois. Après un coup d’œil appuyé vers l’arrière, Nibali a fait de même avec le maillot jaune. Impossible de lui en vouloir pour ça. C’est la course. Et ce n’est pas comme si l’Italien (désormais 4e du général à 6’44’’ et seulement 1’19’’ derrière le troisième Alejandro Valverde) devait son succès à cette seule mésaventure du Britannique.

A l’attaque dès le premier col, le vainqueur des trois grands Tours – Vuelta 2010, Giro 2013, Tour 2014 – avait des jambes de feu. Elles l’ont fait revenir dans le col du Mollard sur un Pierre Rolland échappé devant. Elles lui ont offert la peau du Français à 16 kilomètres de l’arrivée, au début de l’ascension vers La Toussuire. Elles lui ont permis de garder le peloton maillot jaune à distance jusqu’à l’arrivée. Champion d’Italie fin juin, celui qui a récemment avoué avoir eu du mal à gérer son hiver après sa victoire dans la Grande Boucle 2014 remporte sa deuxième victoire en 2015. Un morceau de choix. Cela ne rattrapera pas la déception de la bataille pour le jaune. Mais ça reste un repas de fête. Même pour un insatiable requin.

Alexandre Herbinet