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Tour de France (18e étape) – La mauvaise chanson de Rolland

Pierre Rolland en plein effort dans les Alpes

Pierre Rolland en plein effort dans les Alpes - AFP

Deuxième à Saint-Jean-de-Maurienne derrière Romain Bardet, le Français Pierre Rolland a ensuite accusé son compatriote d’avoir profité d’une circonstance de course pour se faire la belle. Sans oublier de tacler Warren Barguil et son équipe. Défaite amère.

Pierre Rolland est natif de Gien dans le Loiret. Mais sa véritable maison s’appelle les Alpes. Un massif où le coureur de l’équipe Europcar a écrit ses plus belles pages avec deux victoires d’étape sur le Tour, en 2011 et 2012. Il aurait pu en rajouter une troisième ce jeudi. Mais malgré ses efforts, le grimpeur français devra se contenter de la deuxième place à Saint-Jean-de-Maurienne derrière son compatriote Romain Bardet. Tombé face à plus fort ? Pas vraiment l’analyse du garçon. Pour Rolland, le coureur de la formation AG2R La Mondiale a surtout bénéficié d’une circonstance de course dont il a su tirer profit dans le col du Glandon. Ce que le coéquipier de Thomas Voeckler a refusé de faire.

« Je suis content que ce soit Romain Bardet qui gagne même si au fond de moi j’aurais vraiment souhaité que ce soit moi, a-t-il expliqué après l’arrivée. C’est comme ça, c’est le sport… Il y a un an, j’aurais peut-être gagné. Là, il y a un truc qui fait que je n’ai pas l’étincelle au bon moment. Dans le Glandon, on était trois et Jakob Fuglsang (coureur danois de l’équipe Astana, ndlr) a été éjecté à terre par une moto et Romain a décidé d’accélérer à ce moment-là. Moi, j’ai coupé mon effort. Je ne trouvais pas ça correct et je n’ai pas voulu poursuivre. Fuglsang est un coureur de renom, respecté et respectable, un coureur de grande classe. Quand je l’ai vu se faire éjecter, ça m’a un peu coupé les pattes. Romain a fait un numéro, il n’y a rien à dire, même si je pense que ça aurait été différent s’il n’y avait pas eu ce fait de course. »

« Il y en a qui attachent de l’importance à la place de premier Français… »

Le tacle est appuyé. Il en suit un autre adressé à Warren Barguil et à son équipe, Giant-Alpecin, pour avoir roulé derrière l’échappée et tenté de boucher le trou. « J’ai cru comprendre que ça défendait la place de premier Français, lâche Rolland avec amertume. Il y en a qui attachent de l’importance à ça. » Défaite amère. A l’heure où sa formation cherche un repreneur pour compenser le départ d’Europcar en fin de saison, la frustration de « Pierrot » (et de ses coéquipiers, à commencer par Voeckler) est palpable. Il reste désormais deux étapes dans les Alpes pour transformer la soupe à la grimace en sourires de bonheur.

Ça tombe bien, Rolland adore ces deux arrivées. La première à La Toussuire, la seconde à l’Alpe d’Huez. Les deux lieux où l’actuel 13e au général (troisième Français derrière Bardet et Barguil) a levé les bras sur la Grande Boucle. « J’ai dit que mon souhait était de finir tous les jours cramé jusqu’à samedi, rappelle l’intéressé. C’est réussi aujourd’hui. J’espère que j’aurai récupéré demain même si on récupère mieux en étant premier que deuxième… Je veux continuer à aller de l’avant et j’espère remporter une étape. » On espère pour lui qu’il ne sera pas aidé dans son entreprise par une circonstance favorable. Car on connaît des coureurs français qui se feraient un malin plaisir de ternir son succès pour lui renvoyer l’ascenseur.

Alexandre Herbinet avec Pierrick Taisne à Saint-Jean-de-Maurienne