Tour de France (17e étape) - Froome a réponse à tout

Attaqué par Nairo Quintana, Vincenzo Nibali et Alberto Contador dans la 17e étape, qui a vu l’abandon de Tejay van Garderen, Chris Froome a su répondre à chaque fois. Sans trembler. Peu importe le terrain, les rivaux du maillot jaune n’arrivent pas à le surprendre.

On ne pourra pas leur reprocher de ne pas avoir essayé. Même un peu tard. Mais que faire ? Que tenter de plus devant un coureur qui a réponse à tout sur son vélo ? Sur les terres où Bernard Thévenet avait déboulonné la statue Eddy Merckx il y a 40 ans, il y avait un air de révolte chez les rivaux du maillot jaune. Une envie. Sus au « Froomey » ! Un à un, ils ont tenté le coup. Alberto Contador. Nairo Quintana. Vincenzo Nibali. A l’attaque dans le col d’Allos puis dans sa vertigineuse descente et encore dans la montée vers Pra Loup. Chaque fois, la même attitude du Britannique.

Chris Froome baisse et dodeline la tête comme Paula Radcliffe, appuie sur les pédales comme un forcené et bouche le trou. Sans s’affoler. Total contrôle. Le leader de la Sky est le plus fort. Ça, on le savait déjà. Désormais, il apparaît même intouchable. Capable de résister sur tous les terrains. Comme si aucune clé ne parvenait à ouvrir sa porte. « Il faut suivre toutes les attaques, spécialement celles de la Movistar, et ce n'est pas facile, insiste le vainqueur du Tour 2013. Mais c’était une bonne journée pour nous. » Où Froome aurait certainement pu lâcher tout le monde s'il en avait eu le besoin. « Il disait qu’il était bien et avait même envie de faire un peu plus la guerre, explique Nicolas Portal, le directeur sportif de l'équipe britannique. On lui a dit de ne pas dépenser d’énergie pour rien. Il aura d’autres opportunités s’il désire se lâcher. Est-ce qu'il est intouchable ? Il faut être prudent dans ce qu'on dit... »

Guimard : « Il paraît imprenable »

« Il parait imprenable, confirme Cyrille Guimard, membre de la Dream Team RMC Sport. On a l’impression, à certains moments, qu’il est peut-être juste : son style aggrave l’impression visuelle. Mais il ne s’affole à aucun moment, ce qui veut dire qu’il est complètement serein. Sur les attaques dans le col d’Allos ou les dernières accélérations dans la montée vers Pra Loup, il laisse prendre 5-6 mètres et revient progressivement. Sur la dernière vraie attaque de Quintana, il n’a pas laissé 1,5 mètre ! Il maîtrise totalement son sujet. Je crains pour ses adversaires que les journées qui viennent soient du même acabit. »

D’autant qu’ils sont de moins en moins. Au sortir du premier chapitre des Alpes, Froome a perdu l’un de ses deux rivaux qui traînaient encore à moins de quatre minutes. Malade et distancé assez vite dans cette 17e étape, l’Américain Tejay van Garderen a été contraint à l’abandon. Cela permet à l’Espagnol Alejandro Valverde de grimper sur le podium juste derrière son leader Quintana, qui reste à 3'10''. Alors que Contador a encore perdu du temps avec un problème technique dans la descente du col d'Allos, le duo des Movistar peut-il utiliser la force du nombre pour inquiéter le maillot jaune dans les jours à venir ? Connaissant le tempérament des deux, ils vont essayer. Nibali et Contador ne continueront pas non plus la traversée des Alpes en baissant les armes. Quelque chose nous dit que tout cela ne changera pas grand-chose à l’identité de l’homme en jaune sur les Champs-Elysées.

Alexandre Herbinet