
Hinault : "Les Contador-Nibali-Froome me font rêver"

Bernard Hinault - AFP
Sa première année professionnelle en 1975
« Le directeur sportif (Jean Stablinski) me dit : ‘‘Tu feras le Midi Libre, le Tour de l’Aude et à l’occasion, les huit premiers jours du Tour pour foutre le bordel.’’ Je n’ai pas accepté, le ton est monté. Il a été limite défénestré. Pour moi, c’était fini. Tout de suite, j’ai pris la décision de ne pas continuer avec lui. J’avais déjà pris contact avec d’autres équipes. Cyrille Guimard est venu me demander si je restais, dans l’optique où il reprenait les activités de Renault. Je lui ai répondu : ‘‘Si c’est toi, c’est oui. Si c’est Stablinski, c’est non.’’ J’avais déjà fait toutes les courses depuis le début de saison. Il ne fallait pas trop presser le citron. Je savais, à 20 ans, qu’il fallait préserver le corps pour la suite de ma carrière. »
Son surnom « Le Blaireau »
« C’était un mot dans le peloton, tout le monde s’interpellait par ce terme. Et là, deux coéquipiers, Le Guilloux et Talbourdet ont dit devant un journaliste : ‘‘C’est un blaireau’’. Et c’était parti… »
Le Tour de France 2015
« Un Français vainqueur du Tour ? C’est possible si on change de tactique de course. Il faut prendre des risques pour gagner. Quand tu as quatre coureurs supérieurs dans la montagne (Contador, Nibali, Froome et Quintana, ndlr), il faut essayer de les prendre ailleurs, dans la plaine, quitte à tout perdre. Ils doivent jouer de la rivalité des prétendants, à l’image de Voeckler quand il avait pris 10 minutes. »
La mentalité française
« Les coureurs français ne sont pas assez joueurs, ils sont trop calculateurs, pour savoir quelle place ils feront au final. On ne se souvient pas d’une 3e place alors qu’une victoire, c’est marquant. »
Un doublé Giro-Tour de France
« Oui, c’est encore possible. Il y a un mois entre les deux grands tours. Je crois même que c’est possible de faire les trois (avec le Tour d’Espagne, ndlr). Si j’étais coureur, je le tenterais. Ceux qui gagnent me font toujours rêver. Des Contador, Nibali, Froome. Vincenzo Nibali, sa manière de mener sa course (en 2014, ndlr), c’était le pied. »
Les oreillettes et le World Tour
« J’ai toujours été contre ! Tout le monde parle d’un problème de sécurité, ce n’est pas vrai. Il faut trouver un autre modèle de divisions. Le World Tour n’est pas bon. A l’heure actuelle, tu achètes ta licence et tu cours pendant quatre ans sans obligation de résultat. Il faut remettre tout à zéro à la fin de chaque année. On s’amuserait. »