Guimard: ''On a retrouvé des coureurs français méchants''

Membre de la Dream Team RMC Sport, Cyrille Guimard revient sur la 20e étape du Tour et la mythique montée de l’Alpe d’Huez, au sommet de laquelle le Français Thibaut Pinot a triomphé tandis que le Britannique Chris Froome assurait sa deuxième victoire sur le Tour.

« C’était une très belle étape à tous points de vue avec une victoire française sur cette montée mythique de l’Alpe d’Huez. C’était une vraie victoire d’un vrai grimpeur qui s’est hissé au niveau des meilleurs lors de cette traversée des Alpes, à l’image de tous les Français. On a eu Romain Bardet qui a gagné il y a deux jours, Pierre Rolland qui avait été rejoint dans le final par Vincenzo Nibali vendredi et qui était encore à l’avant aujourd’hui. Cette traversée des Alpes a été très bénéfique aux Français et ça nous a réconfortés. Depuis le départ, en dehors d’Alexis Vuillermoz à Mûr-de-Bretagne, on était un peu triste et fanny sur ce Tour. Au départ, les Français avaient beaucoup d’ambitions au général avec Pinot, Bardet et Jean-Christophe Péraud. Au bout de quelques jours, il n’y avait plus aucun espoir de podium voire de Top 5. Tout le monde traînait un peu sa misère et on s’est dit qu’on était parti pour une catastrophe. Mais l’air des Alpes a revivifié nos champions.

On attendait une réaction d’orgueil la part de Pinot, comme on l’attendait aussi de Romain Bardet ou Pierre Rolland. On l’a eue. Ils ont montré une envie de ne pas terminer sur un échec et de sauver leur Tour. On a eu des champions méchants alors que c’est souvent ce qu’on peut reprocher aux Français. On a retrouvé des coureurs pas contents, qui se fâchent quand les choses ne se passent pas correctement. Les vrais champions, c’est ça. A un moment, ils deviennent tueurs. Ce qui est dommage, c’est qu’il faudrait l’être tout le temps. Si on a un vœu, c’est celui que Pinot, Bardet et Rolland deviennent des vrais tueurs à l’image des Fignon, Thévenet ou Hinault. »

« Froome avait bien tué le Tour à La Pierre-Saint-Martin »

« On savait qu’il allait y avoir la dernière explication pour la victoire sur ce Tour entre Chris Froome et Nairo Quintana et la bagarre a bien eu lieu. Elle a commencé dès le col de la Croix de Fer, où la différence ne s’est pas faite. Sur la montée de l’Alpe d’Huez, il y a eu ce bras de fer entre les deux mais Quintana n’aura malheureusement pas repris suffisamment de temps. Sur les deux derniers jours, il revient à 1’12’’ alors qu’il était à 3’10’’. Il n’a repris que deux minutes et ce n’était pas suffisant. A-t-il bien couru ou pas ? A-t-il fait les efforts là où il fallait les faire et comme il fallait les faire ? Une chose est certaine : Froome avait bien tué le Tour lors de la première étape des Pyrénées à La Pierre-Saint-Martin.

Froome va un peu decrescendo depuis l’entrée dans les Alpes. Il est comme tout le monde. A un moment, la machine commence un peu à lâcher. Mais il avait pris suffisamment d’avance. Souvenez-vous de la deuxième étape à Zélande, où il a pris du temps sur ses rivaux dans le vent et la pluie. Ça a été le premier KO de ses adversaires directs. Les écarts n’ont pas été trop importants au chrono par équipes puis lors de la première étape des Pyrénées, il a mis des crochets, des uppercuts, des claques et des coups de pied aux fesses à tout le monde. Il s’est retrouvé avec plus de trois minutes d’avance et il n’avait plus qu’à gérer avec une équipe au-dessus du lot. Il est très difficile de mettre les Sky en difficulté. Même quand ce n’était pas loin, ils s’en sont bien sortis. »