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Comment Armstrong compte s’inviter sur le Tour de France

Lance Armstrong va retrouver la lumière cet été.

Lance Armstrong va retrouver la lumière cet été. - AFP

Cet été, Lance Armstrong va effectuer son retour sur les routes du Tour de France. C’est au profit de l’association Cure Leukemia que le Texan bouclera une ou deux étapes la veille du passage du peloton de la Grande Boucle, afin de lever des fonds. Geoff Thomas, à l'origine du projet, se confie à RMC Sport.

Qui est Geoff Thomas ?

« Le 4 juillet 2003, on m’a diagnostiqué une leucémie, explique cet ancien international anglais de football (6 sélections entre 1991 et 92) qui a notamment évolué à Crystal Palace et Nottingham Forrest. On ne me donnait plus que trois mois à vivre. Je me considère comme quelqu’un de chanceux car ma sœur était compatible avec moi pour un transfert de cellules. Après deux ans de traitement, de chimiothérapie, de radiothérapie, j’ai été guéri en janvier 2005. Grâce à mon profil de footballeur, j’ai pu lever des fonds pour combattre la leucémie. Le lendemain du jour où on m’a diagnostiqué le cancer, j’ai reçu le livre de Lance Armstrong. Ce n’était pas au sujet du cyclisme. Ça m’a donné une motivation. Ça été mon premier pas pour me sentir dans un état positif. »

Pourquoi Cure Leukemia ?

« Quand j’ai pensé la première fois à lever des fonds en janvier 2005, j’avais six mois devant moi. Je me suis dit : ‘’pourquoi pas me rendre sur les routes du Tour de France ?’’. C’est une idée qui a germé très rapidement. Cinq d’entre nous avons relevé le défi et fait le Tour de France deux jours avant la course. Nous avons levé 2,5 millions de £. Nous avons attiré l’attention à notre retour au Royaume Uni. Nous avons vu qu’il y avait une opportunité de faire plus. Nous avons donc travaillé ces 10 dernières années en étroite collaboration avec des professeurs, des docteurs, des scientifiques, des infirmières pour développer un système plus efficace et apporter plus d’espoir aux patients. »

Le Tour de France une journée avant le peloton…

« Les gens qui vont prendre part paieront une participation. Nous n’aurons pas de célébrités. Je veux qu’on se concentre sur les coureurs. Nous aurons 11 ou 12 coureurs qui auront payé 50 000£ chacun. Je n’ai parlé avec Lance Armstrong pour la première qu’il y a 18 mois. Il était au courant de mon passé de sportif, de mon histoire parce qu’au Royaume Uni, les médias sont venus me voir. Lance n’est qu’une partie du projet. Il ne fera tout au plus que deux étapes. C’est un coup de projecteur sur ce que nous voulons promouvoir. Dans mon esprit, il y a plus de bénéfices à en tirer. Plus de personnes seront conscientes de ce que l’on fait. C’est mon seul but : trouver un budget. »

Pas d’Alpe d’Huez pour Lance Armstrong…

« Nous avons plus ou moins décidé. Nous sommes conscients que certaines étapes sont plus difficiles pour nos coureurs en raison de la logistique ou des mesures de sécurité. Nous annoncerons les étapes de Lance la semaine prochaine. Nous ne voulons pas que les gens se servent de cette opportunité pour juste voir Lance courir. L’Alpe d’Huez ? Cette étape me parait un peu trop dangereuse (en raison notamment des milliers de supporters qui s’y installent 48 à 72h avant le passage des coureurs du Tour, ndlr). »

Armstrong, une publicité néfaste ?

« J’ai dû décider entre le positif et le négatif. J’ai doit faire comprendre aux gens pourquoi Lance Armstrong s’implique. C’est personnel. Son livre (« It’s not about bike ») a inspiré beaucoup de monde. C’est important que les gens en France sachent qu’il est là pour cette œuvre de charité, pour éradiquer le cancer dans les 20 ou 30 prochaines années. J’ai parlé à beaucoup de personnes différentes. Je sais que son cas divise les gens. Mais le but est de lever des fonds. J’ai pesé le pour et le contre, parlé avec de nombreux fans de cyclisme. Certains comprennent, d’autres non. On verra de tout sur le bord de la route : des attitudes positives et négatives. »

L’hostilité du milieu du cyclisme

« Je respecte les réactions du monde du cyclisme. (Brian Cookson, l’actuel président de l’UCI, a vivement critiqué cette démarche, ndlr). Ils pensent peut-être que c’est mieux qu’il ne vienne pas. Mais ce n’est pas ce que je recherche. Ce que je veux, c’est trouver de l’argent pour notre cause. Je ne veux pas être impliqué dans les querelles politiques. Je veux qu’on parle des gens qui vont vivre cette expérience, cette expérience que j’ai vécue il y a une dizaine d’années. Il y aura toujours un débat autour de Lance Armstrong. Le monde du cyclisme s’est lancé une mission de nettoyer le cyclisme du dopage. Je suis d’accord avec eux. Ils veulent créer une distance avec le passé. Mais ce qui m’intéresse est le futur. »

Des distances avec ASO, l’organisateur du Tour

« Nous avons demandé quelle serait leur réaction. On nous a dit qu’ils ne soutiendraient pas une œuvre de charité. On nous a dit qu’on était libre de faire ce qu’on voulait car la veille de la course, il s’agit du domaine public. » (Contacté par RMC Sport au moment de la divulgation du projet, ASO ne souhaitait pas commenter, refusant de faire de la ‘’publicité’’ à ce projet).

Pierrick Taisne