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Cyclisme sur piste : Morice redonne des couleurs à la poursuite tricolore

Julien Morice

Julien Morice - AFP

Surprenant médaillé de bronze planétaire dans la poursuite individuelle masculine ce samedi à Saint-Quentin-en-Yvelines, lors des Mondiaux de cyclisme sur piste, Julien Morice permet à la France de monter sur son premier podium dans la discipline depuis… 1998. Le symbole d’un collectif ambitieux et de retour au premier plan.

Porté par un public de Saint-Quentin-en-Yvelines en fusion, il n’a pas desserré l’effort. Et au bout des douleurs, un grand bonheur. A 23 ans, Julien Morice, qui court sur route pour l’équipe Europcar depuis le 1er janvier dernier a créé la sensation tricolore ce samedi aux Mondiaux de cyclisme sur piste, en profitant de l’ambiance « à domicile » pour aller chercher une inattendue médaille de bronze dans la poursuite individuelle. Déjà surprenant en qualifications, où son 4’19’’684 lui avait offert une place pour la « petite finale », le Breton – natif de Vannes – a vite pris la tête devant son adversaire Alexander Serov. Avant de résister au retour du Russe en fin de course pour arracher la victoire en 4’21’’419.

De quoi arborer un sourire XXL, et bien mérité, sur le podium. « Cette médaille est inattendue, c’est vrai, reconnaissait l’intéressé. Je savais à peu près ce que je valais. Mon temps ne me surprend pas. Après, ma place… Je ne m’attendais pas à la troisième place ce matin et ce soir je suis vraiment très heureux de monter sur ce podium. » Avec ce bronze heureux, Morice porte le total de breloques de l’équipe de France depuis le début de la compétition à quatre, dont trois en or. Le garçon efface surtout une anomalie historique. Dans une épreuve qui a souvent vu les couleurs bleu-blanc-rouge briller, avec de grands noms tels que Roger Rivière, Alain Bondue, Francis Moreau ou Philippe Ermenault, la France n’avait plus grimpé sur un podium masculin individuel depuis le doublé Ermenault-Moreau en… 1998. Et ce n’était pas plus brillant chez les femmes, où seule Marion Clignet (or en 1999) est montée sur la boîte dans l’intervalle.

Jeuland bronzée puis… déclassée

« Est-ce une renaissance de la poursuite française ? Je ne sais pas, juge Morice, champion de France en titre de la spécialité en individuel et par équipes. On a toujours eu de bons coureurs. Mais on ne peut pas vivre de la piste avec les disciplines d’endurance donc les jeunes talentueux se consacrent essentiellement à la route où on peut intégrer une équipe pro et en vivre. Mais pour le groupe de poursuite par équipe, renaissance est peut-être le terme approprié. » Huitième en battant à deux reprises le record de France, le collectif tricolore peut penser à l’avenir. Avec Rio 2016 dans un coin de la tête ? « Quand j’ai pris le poste, Rio, c’était un pari, répond Steven Henry, entraîneur en charge de l’endurance. L’objectif, c’était vraiment Tokyo 2020. Mais on est revenus dans le match. Maintenant, on n’aura plus le droit à l’erreur. Il reste cinq compétitions qualificatives. Il faudra tout le temps tourner comme on l’a fait cette semaine avec des temps en-dessous de quatre minutes. Mais les coureurs sont motivés. C’est bon signe. »

En attendant, le bilan tricolore aurait pu être doublement bronzé ce samedi à Saint-Quentin, où une flaque d'eau (venue du toit) sur la piste du vélodrome a interrompu les débats quelques minutes (pas positif du tout en vue d’une éventuelle candidature olympique avec Paris 2024). Superbe troisième de l’épreuve de scratch, dont elle avait remporté le titre planétaire en 2010, Pascale Jeuland n’a pas eu le temps d’apprécier sa performance : le jury des commissaires l’a vite déclassée pour « être entrée dans le couloir des sprinters alors que son adversaire s’y trouvait déjà ». Rageant. Mais logique. Le sport ne tourne pas toujours dans le bon sens. Même si Julien Morice vous dirait le contraire ce samedi soir.

La rédaction avec L.A. et G.Q. à Saint-Quentin-en-Yvelines