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Baugé : "Pervis n’est pas mon grand rival"

Grégory Baugé

Grégory Baugé - AFP

Redevenu champion du monde de la vitesse individuelle ce week-end à Saint-Quentin, trois après son dernier titre, Grégory Baugé est de retour au sommet à un an et demi de son grand défi olympique. Invité du TP Show ce lundi, le pistard français a réaffirmé qu’il n’avait aucun problème avec l’autre grand bonhomme des Mondiaux, son compatriote François Pervis.

Grégory, ce quatrième mondial est-il le plus beau de votre carrière ?

Pas forcément mais il est beau parce qu’il est en France. C’était devant mon public, une grande partie de ma famille, sur la piste de Saint-Quentin alors que je suis né dans les Yvelines (à Maisons-Laffitte, ndlr). Ce titre a donc une saveur particulière. On sentait des spectateurs en communion avec les athlètes. Il y a des moments où tu sembles flancher, mais quand tu entends les supporters t’encourager, crier, ça te donne des forces en plus. C’était grandiose.

Etait-ce un moment spécial de battre votre rival François Pervis en quarts de finale ?

Non, ce n’est pas mon grand rival. Les journalistes sont toujours en train de chercher des trucs. Beaucoup de choses ont été dites. C’est souvent les alentours qui enveniment la situation. Oui, j’ai rencontré François, malheureusement en quarts parce que je pense qu’on aurait pu s’affronter plus tard dans le tournoi. Il a fallu être fort dans la tête pour le battre car c’était le champion du monde en titre.

Il parait que Nicolas Sarkozy est venu vous parler entre les deux manches de votre finale. Que vous a-t-il dit ?

J’étais surpris et je l’ai remercié d’être venu nous voir. Je ne dirai pas tout mais il m’a dit de rester concentré pour aller chercher une nouvelle médaille et bien clôturer cette belle semaine de la piste française.

« On se pose des questions sur les Anglais »

Avez-vous vraiment pensé à arrêter après votre médaille d’argent aux JO 2012 ?

Après Londres, il a fallu digérer et essayer de comprendre le pourquoi du comment. J’ai dû faire une analyse par rapport à l’olympiade. Quand j’ai repris, avec Rio comme objectif, le coach de l’époque était Florian Rousseau. Et trois ou quatre semaines après, il a décidé de démissionner. C’est à ce moment-là que je me suis dit : « Mince, je n’ai plus la personne qui m’a permis d’aller chercher trois titres en individuel (2009, 2010 et 2012), enfin quatre puisqu’il y en a un qui a été enlevé (en 2011 pour des manquements aux règles antidopage de localisation, ndlr). Comment je vais faire ? » On n’avait pas de solutions, les coureurs étaient livrés à eux-mêmes. Je ne prenais même plus plaisir à aller m’entraîner. Je n’étais même plus sportif de haut niveau. C’était assez sur. Après, un coach est venu de Nouvelle-Zélande (Justin Grace, remplacé ensuite par l’entrapineur actuel Laurent Gané). Il était attendu comme le messie et c’était bien pendant trois ou quatre mois. Mais plus les championnats du monde 2014 arrivaient et plus on se posait de questions. Et il s’est passé ce qu’il s’est passé, malgré les titres et le triplé historique de François Pervis.

Comment se fait-il que les Britanniques, qui ont survolé les Jeux en 2012, ne soient plus là et repartent avec deux médailles d’argent ?

On se pose des questions. De 2009 à 2012, j’étais champion du monde et, aux Jeux olympiques, on a été écrasés par la concurrence des Anglais (7 médailles d’or sur 10 épreuves, ndlr). On va donc rester prudent. Ils ont sûrement une autre stratégie et il faut se dire qu’ils seront prêts l’année prochaine. Mais c’est vrai qu’on s’interroge quand Jason Kenny, qui m’a battu 2-0 en finale olympique, n’est pas présent ensuite et se fait sortir au premier tour cette année. On se connait tous, on observe et ils n’avaient pas l’air inquiet du tout. Il m’est arrivé de me faire sortir d’un tournoi mondial très tôt et j’étais à terre. Ce n’était pas son cas, ni celui de son staff. C’est un point d’interrogation. On verra à Rio.

la rédaction avec le TP Show