Giro: cinq favoris pour la victoire finale

Qui succédera à Chris Froome sur le Tour d'Italie? En l'absence du tenant du titre, les coureurs s'élanceront ce samedi à Bologne pour trois semaines de course. Présentation des cinq grands favoris à la victoire finale.

Vincenzo Nibali, revanchard après son dernier Tour de France

Honneur à Vincenzo Nibali, sur qui reposera les espoirs de tout un peuple. Vainqueur à deux reprises en 2013 et 2016 de son tour national, Vincenzo Nibali a plusieurs revanches à prendre. La première? L'Italien avait terminé troisième en 2017 lors de sa dernière participation, battu par Tom Dumoulin. La seconde? En course pour un podium lors du dernier Tour de France, Nibali avait été renversé par un spectateur. Abandon, opération et fin de saison gâchée. A 34 ans, Nibali est probablement le favori le plus endurant du plateau.

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Le plus imprévisible aussi. Lors de sa dernière victoire en 2016, il avait retourné la situation face à Steven Kruijswijk puis Esteban Chaves lors des deux dernières étapes de montagne. Avec l'âge, Nibali cible désormais ses objectifs et apparaît plus en retrait le reste de la saison. Pourtant, cette année il n'a presque jamais apparu en forme aussi tôt dans sa préparation: 3e du Tour des Alpes et 8e de Liège-Bastogne-Liège. Les tifosis attendent beaucoup du vainqueur du Tour de France 2014. Nibali aura l'avantage sur ses rivaux d'évoluer à domicile.

Tom Dumoulin, le spécialiste

Tom Dumoulin est peut-être le plus sérieux rival des Ineos (ex-Sky) sur le Tour de France. Pourtant, le Néerlandais voue une passion pour le Tour d'Italie et y retourne volontiers chaque année. Il a remporté la course en 2017 et terminé deuxième derrière Froome l'an passé. Cette année, le leader de la Sunweb a fait son choix: "Je ne sais pas s'il est possible de remporter le Giro et le Tour la même année, mais je viens pour gagner le Giro."

Tom Dumoulin a un avantage sur ses concurrents: il est l'un des meilleurs rouleurs du monde. Le tracé possède 60 kilomètres de contre-la-montre, là où il peut faire la différence. En montagne, Dumoulin sait lisser son effort pour perdre le moins de temps possible, voire en gagner en contrant les grimpeurs comme il l'avait prouvé en 2017 lors de son sacre. A 28 ans, l'homme de Maastricht sait préparer ses objectifs. Il a très peu couru cette saison, 16 jours de course, et est redescendu d'un stage de préparation en altitude fin avril.

Primoz Roglic, invaincu en 2019

Primoz Roglic est un cycliste atypique: avant sa carrière dans les pelotons, il a été sauteur à ski jusqu'à 22 ans (en 2011). Roglic n'a participé qu'à une reprise au Tour d'Italie. C'était en 2016, il surprenait dès la première étape en terminant deuxième du prologue derrière...Tom Dumoulin. Une semaine plus tard, il remportait un contre-la-montre de 40 kilomètres. Sa première victoire de poids. Depuis, le Slovène est devenu une terreur du peloton. Il est invaincu en 2019 sur les courses par étapes. 3 courses en World Tour, 3 victoires.

En 2018, il s'est essayé au Tour de France. Bilan: une 4e place au classement général et une victoire d'étape. Mais Roglic a pris une nouvelle dimension depuis. Avant le départ du Giro, Roglic déclare: "Il faut tout simplement être capable d'assumer quand on prétend faire partie de l'élite. En sport, et particulièrement en cyclisme, il ne faut pas essayer de se cacher quand on est fort, et que les résultats sont bons..." Un statut de favori assumé, qu'il pourrait concrétiser dès le prologue ce samedi, où la montée de San Luca lui sied à merveille. Ensuite, il y aura trois semaines de course. Pas le plus expérimenté, sa victoire ne serait pas une surprise mais une confirmation au vu de ses récentes performances.

Simon Yates revient après sa défaillance

Simon Yates était passé tout proche d'un sacre sur le Tour d'Italie l'an passé, avant qu'il ne soit victime d'une défaillance, le même jour de la prise de pouvoir de Chris Froome. Vainqueur de 3 étapes, maillot rose pendant 13 jours, Simon Yates filait vers la victoire. Puis, plus rien. Le Britannique aurait pu viser le Tour de France en 2019. Dès cet hiver, il déclarait: "’J'ai hâte de revenir sur le Tour d’Italie l’année prochaine. C’est une course où j’ai de bons souvenirs mais qui m’a aussi laissé un goût amer, donc je veux revenir et essayer de terminer le travail."

Terminer le travail donc, le message est formel: Simon Yates vient pour remporter l'épreuve italienne. Il est le dernier vainqueur d'un Grand Tour en date, sur le Tour d'Espagne en septembre dernier, où sa mauvaise expérience lui a permis de gérer et d'être enfin sacré sur un Grand Tour. En 2019, Simon Yates n'a jamais joué le classement général d'une course, toujours avec l'objectif en tête du Tour d'Italie. Il s'est testé à plusieurs reprises sur des étapes, avec deux victoires au compteur dont l'une sur Paris-Nice. Maintenant, les autres favoris sont prévenus: Simon Yates est prêt pour remporter le Tour d'Italie.

Miguel Angel Lopez, l'atout de la Colombie

Egan Bernal aurait pu être l'un des grandissimes favoris de ce Tour d'Italie. Une mauvaise chute à une semaine du départ le prive à 22 ans de disputer ses chances sur les routes transalpines. La Colombie reportera ses espoirs sur Miguel Angel Lopez, le leader de la formation Astana. Son équipe gagne tout ou presque depuis le début de la saison. Lui, compte le Tour de Catalogne et le Tour de Colombie à son palmarès en 2019. Son équipe est très solide, à l'image de ses coéquipiers Ion Izagirre ou Jan Hirt, deux très bons grimpeurs.

L'an passé, Miguel Angel Lopez avait réussi à monter sur la troisième marche du podium du Tour d'Italie, avant de rééditer cet exploit sur le Tour d'Espagne. Grimpeur d'exception, Lopez a peut-être un déficit à combler: "Si je perds plus de deux minutes sur Tom Dumoulin ou Primoz Rolgic en combinant les trois chronos, ça deviendra très compliqué. Mais je ne pense pas qu'ils soient mauvais pour moi, car ils ne sont vraiment pas plats." Lopez, qui n'a pas reconnu toutes les étapes, croit en ses chances. A 25 ans, il est un candidat crédible à la victoire finale.

Guillaume Lepère