
Charteau au sommet

Anthony Charteau - -
Quelque chose a changé autour d’Anthony Charteau. Il y a encore quelques semaines, voire quelques jours, il traversait la foule du Tour de France dans l’indifférence générale. Un coureur parmi d’autres, au physique banal et au parcours classique. Désormais, c’est sous les acclamations du public que le Nantais avance sur la Grande Boucle. Non pas que son visage soit désormais reconnu, car le bonhomme n’a pas encore fait la une des gazettes, mais avec un maillot à pois sur les épaules, il ne passe plus du tout inaperçu.
Depuis jeudi et la dernière étape pyrénéenne menant au Tourmalet, Anthony Charteau est désormais certain de ramener ses pois à Paris, succédant ainsi à Richard Virenque et Laurent Jalabert. « C’est évidemment le plus beau jour de ma carrière », avouait-il sans difficulté à l’arrivée au sommet du col mythique.
La conversion d’un baroudeur
Quelques minutes auparavant, il craignait pourtant que Christophe Moreau lui ravisse sa toison. « Mais au bout de cinq ou six kilomètres, j’ai entendu qu’il avait décroché, raconte-t-il. Je savais que c’était gagné. J’ai monté les derniers kilomètres tranquillement pour apprécier le public au bord de la route. »
Après dix années à faire briller les autres, chez Brioches-La Boulangère, Crédit Agricole ou Caisse d’Epargne, cette notoriété soudaine n’est pas pour lui déplaire. « Ce maillot, il est un peu à l’image de ma carrière, estime-t-il une pointe d’émotion dans la voix. Je veux toujours faire les choses bien et travailler pour les équipiers. J’espère que ça servira de modèle pour les jeunes de l’équipe. Même si on travaille pour les autres et qu’on se sacrifie souvent, ça paye un jour. »
Ironie du sort, c’est un baroudeur qui s’est octroyé le maillot de meilleur grimpeur cette année. A 31 ans, Anthony Charteau a toujours du batailler pour s’arracher du peloton. Habitué aux places d’honneur, un peu moins aux podiums, il vient de réaliser la plus belle performance de sa carrière. Après avoir goûté à la victoire, il ne voudra sans doute pas s’arrêter là.