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Moteur caché sur le vélo : "aucune surprise" pour Pineau

Jérôme Pineau

Jérôme Pineau - AFP

Néo-retraité, le Français Jérôme Pineau n’est pas surpris qu’un moteur caché ait été trouvé sur un vélo samedi aux championnats du monde de cyclo-cross.

Jérôme Pineau, êtes-vous surpris par ce premier cas de moteur sur un vélo samedi aux championnats du monde de cyclo-cross ?

Non. Il n’y a aucune surprise pour ma part. C’était un problème sous-jacent. On connaissait l’existence de ce genre de matériel. C’est le premier cas de triche mécanique, mais on sait tous que ça existe. On a eu de grands soupçons à une certaine époque chez les professionnels. Hier (samedi), la grande surprise, c’est de trouver ça chez une athlète féminine de moins de 23 ans (Femke van den Driessche, ndlr), qui n’a pas grand-chose à gagner. Peut-être que cela couve quelque chose de différent et d’un peu plus grand.

Ce dopage technologique va-t-il remplacer le dopage médical ?

Non. La bonne nouvelle de l’histoire, c’est quand même que les contrôles fonctionnent. Elle s’est fait scanner le vélo lorsqu’il était dans les stands. Il y a des moyens pour détecter ça. Ça va arrêter les petits malins qui pensaient à utiliser ce genre de matériel. Mais ce n’est quand même pas une très bonne nouvelle pour le vélo, parce que ça discrédite encore un peu notre sport. On a besoin de crédibilité, de visibilité. Mais je ne pense pas que ça devenir le dopage de demain. Il faut continuer à lutter contre le dopage tel qu’on le connaît. Et aussi contre cette dérive.

Ne s’agit-il que d’un cas isolé ?

Je l’espère. J’espère que ce n’est pas plus étendu. Mais c’est quand même inquiétant de savoir que c’est la Fédération belge, qui est chez elle sur ces championnats du monde, qu’il n’y ait pas plus de contrôles là-dessus… Est-ce qu’ils sont tombés des nues ? Le sélectionneur belge disait hier soir que c’était une grande surprise, une grande déception pour eux, qu’ils avaient la sensation d’être trahis. Peut-être que c’est un cas isolé. Peut-être que c’est un papa qui a voulu toucher la gloire grâce à ça. J’espère que c’est ça. Malheureusement, j’ai peur que ça ne soit pas que ça et que ça soit déjà en verve. Si une jeune athlète de moins de 23 ans utilise ce genre de matériel, elle n’est pas la première testeuse. Ça veut dire que ça existe déjà.

Avez-vous déjà vu des choses étranges dans le peloton ?

De mes yeux, non. Jamais. Mais j’ai toujours eu des questions, des suspicions. A certains moments de la course, ça pouvait aller très, très vite. Et le coureur passait encore plus vite. Tu te dis : "Comment il fait ?". Les braquets ne suffisent pas, on a tous les mêmes. Parfois, oui, j’ai eu des doutes. Mais comme tout le monde.

Le sujet est-il souvent évoqué dans le milieu pro ?

Oui. Ces dernières années, c’est un sujet qui revenait souvent. On s’interroge. On sait que ça existe. On l’a vu, le système. On se pose toujours la question, effectivement. Quelque part, ce qui est arrivé hier, c’est très bien. On lutte contre toutes les dérives. On a découvert quelque chose pour arrêter ce fléau d’essayer de se tricher.

la rédaction avec NJ