
Gilbert était trop fort

- - -
Tous les favoris étaient pourtant là. Une trentaine de coureurs, parmi lesquels les gros braquets du circuit, s’étaient regroupés à une vingtaine de kilomètres du finish, prêts à en découdre dans la dernière ascension du Cauberg. Mais Philippe Gilbert était fort. Trop fort. Et a semblé voler au-dessus de la mêlée. Le Belge a parfaitement pris la roue de Vincenzo Nibali à 2 kilomètres de l’arrivée, au plus fort de la pente, pour placer une accélération foudroyante qui a laissé ses adversaires sur place.
Dans le faux-plat final, ce dernier n’avait plus qu’à résister au retour trop tardif de Boasson Hagen et Valverde, respectivement deuxième et troisième, avant de lever les bras au ciel et savourer cette première couronne mondiale. Un rêve de gosse pour le coureur de 30 ans. « C’est un grand jour, un rêve pour moi. Même chez les jeunes j’en rêvais, donc j’ai toujours été très motivé pour ça. Ce sont des moments indescriptibles. »
Et maintenant, le maillot rose…
Il faut dire que ses équipiers ont parfaitement joué leur rôle tout au long de la journée, en produisant un gros travail en tête de peloton pour annihiler les échappées, animées notamment par les Français Jérôme Coppel et Maxime Bouet. Gilbert n’avait plu qu’à bonifier cette débauche d’efforts en solitaire dans les derniers hectomètres. Après une saison relativement décevante comparée à sa formidable moisson de 2011, où il avait régné en maître sur toutes les grandes classiques, le natif de Verviers achève l’année sur une note triomphale. Qu’on se le dise, il n’en perd pas l’appétit pour autant : « J’ai encore l’ambition d’avoir le maillot rose, celui qui me manque, et après j’aurai une belle collection ». Ses adversaires sont prévenus…
Le titre de l'encadré ici
Voeckler « sans regret »|||
Sur un parcours conforme à son profil, Thomas Voeckler nourrissait d’immenses ambitions. Le coureur d’Europcar n’avait finalement pas les jambes pour lutter avec un Philippe Gilbert impérial. Le Français n’a pourtant pas hésité à prendre la roue d’Alberto Contador, lorsque l’Espagnol plaçait une attaque dans la cinquième montée du Cauberg, mais ce coup-là n’était pas le bon. Patient mais trop seul, aucun de ses équipiers n’étant là pour l’épauler dans les derniers kilomètres, le natif de Schiltigheim n’a pu que limiter la casse, avec une septième place honorifique qui ne colle sans doute pas à ses objectifs. « L’équipe a été à la hauteur, ils se sont tous mis à mon service. Sur le déroulement, j’aurais aimé que ça bagarre davantage, même si on a fait ce qu’on a pu pour durcir. Dans le finale, j’ai géré ma montée sans me mettre à bloc pour faire l’effort après. Ce qui fait la différence, c’est qu’il y a le Philippe Gilbert de 2011 qui a attaqué dans le Cauberg. C’est le seul capable de faire ça. La seule chance que j’avais c’était de pouvoir déboucher à 1,5 km, au moment où il n’y a plus d’équipiers, où ça commence à plier les ailes. Après je me suis rabattu sur une place d’honneur. Je suis déçu, mais on a fait ce qu’on avait à faire, je n’ai pas de regret ».