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Bruyneel : « L’avenir de l’équipe est en discussion »

L'équipe kazakh est en difficulté en raison des retards de paiement de ses sponsors, touchés de plein fouet par la crise économique mondiale.

L'équipe kazakh est en difficulté en raison des retards de paiement de ses sponsors, touchés de plein fouet par la crise économique mondiale. - -

Alors que la crise frappe le Kazakhstan, le manager de l’équipe Astana, Johan Bruyneel, confirme que sa formation n’est pas certaine de poursuivre son aventure. Une nouvelle qui intervient à trois jours du départ du Giro et alors que Lance Armstrong a fait son retour à la compétition.

Johan Bruyneel, il semble qu’Astana souffre de problèmes financiers. Qu’en est-il ?
C’est vrai qu’il y a des problèmes financiers et des retards dans les paiements. La structure du sponsoring de l’équipe Astana est particulière. Ce sont six ou sept entreprises nationales qui sont responsables du financement de l’équipe. La crise économique frappe aussi le Kazakhstan. C’est un pays qui vit de ses ressources naturelles et l’économie ne va pas bien. Le projet et l’avenir de l’équipe cycliste sont pour l’instant en phase de discussion dans le gouvernement. Ils réfléchissent aux solutions à donner. Pour le moment, deux sponsors ont payé, un autre s’est complètement retiré et trois autres n’ont pas encore payé. Soit le gouvernement fait pression sur ses sponsors, soit il prend une autre décision et essaye de trouver des fonds d’une autre manière. C’est tout ce que je peux dire pour le moment.

Peut-on voir un rapport avec la volonté de Lance Armstrong de lancer sa propre équipe ?
Il n’y a pas vraiment de rapport. Je pense que l’annonce de ses objectifs est une coïncidence. Les deux choses n’ont rien à voir. Armstrong est pour le moment dans l’équipe Astana, mais n’est pas salarié et donc pas rémunéré. A part son compromis moral avec Astana, il n’y a rien de plus qui le lie à l’équipe pour le futur.

Pourtant la semaine dernière s’est bien passée avec le retour à la compétition de Lance Armstrong au Tour de Gila…
C’est vrai que c’est une bonne semaine sur le plan sportif. Après la chute de Lance sur le Tour de Castille et Leon, nous étions pessimistes quant à sa reprise. Nous ne savions pas s’il serait en mesure de faire le Giro. Petit à petit, nous avons revu son calendrier pour programmer sa reprise au Tour de Gila, une petite course américaine sur un parcours assez dur et en altitude. Ça a bien marché. Sa forme est bonne. Peut-être meilleure qu’avant la chute. On a aussi vu Leipheimer et Horner, qui revenait aussi d’une fracture d’une clavicule, bien marcher. Nous avons une bonne confiance pour le Giro avec en Levi un potentiel candidat à la victoire et pour Lance une bonne reprise avant d’essayer de s’améliorer dans la deuxième moitié de la course.

L’histoire entre la France et Armstrong s’est mal terminée. Pensez-vous que son retour à la compétition et la publicité faite autour de sa fondation pourrait faire changer d’avis le public ?
J’espère ! Ça n’a pas toujours été une mauvaise relation. Il y a beaucoup de fans d’Armstrong en France. Il y a toujours eu des anti-Armstrong. Je ne pense pas que ça changera. Il n’y a pas grand-chose à faire, mais il ne s’occupe pas de ça. Il pense à la course, à la campagne Livestrong.

On a également l’impression qu’il est beaucoup plus apaisé…
Certainement. S’il est là, c’est qu’il le veut. Il n’a pas besoin de faire du vélo pour vivre, ni de gagner des courses pour faire quoi que ce soit. C’est une autre approche par rapport au passé. Il ne se concentrait avant que sur le Tour et la victoire. C’est différent. Il prend du plaisir sur les courses, tente de faire le mieux possible, mais si ce mieux possible n’est pas suffisant pour une victoire dans le Tour, ça sera pareil pour lui. Quand on a gagné sept Tours, on n’a rien à prouver.

Astana peut-elle remporter les trois Grands Tours ?
Je ne pense pas que cela soit possible. Ni pour nous, ni pour une autre équipe. Ça demande un planning extraordinaire. On a une bonne équipe pour le Giro. On peut être candidat à la victoire. Tout comme sur le Tour. Mais pour la Vuelta, ça sera difficile de placer de gros leaders. Ce triplé n’est d’ailleurs pas notre intention.

La rédaction - Pierrick Taisne